Il y a des livres dont on pourrait tourner les pages indéfiniment, qu'importe l'histoire qu'ils racontent. Juste pour l'écriture qui emporte loin, très loin. Les mots réussissent à vous faire sentir l'odeur métallique du train, à visualiser les plaines enneigées, à vous faire frissonner jusqu'à ce que vous mettiez une couverture sur vos pieds. Oui, qu'importe l'histoire, l'écriture transcende le récit, vous êtes sous son charme.
Avec La petite-fille de Menno, Roy Parvin a réussi ce tour de force. Embarquer le lecteur rien qu'avec les mots. Ne vous fiez pas à la couverture banale et désuète, cette nouvelle issue du recueil La forêt sous la neige est une petite perle littéraire au charme suranné. Une parenthèse suspendue où les règles du temps sont différentes, un carnet de voyage empli d'impressions.
Il arrive parfois, avec les nouvelles, que l'on reste un peu sur sa faim, que l'on en demande davantage. Oui, c'est le cas aussi ici. Si j'ai été touchée par l'histoire de ces deux femmes qui, malgré les apparences, n'ont pas aimé le même homme, c'est véritablement les descriptions lyriques de Roy Parvin qui m'ont transportée. Une écriture portée par une telle sensibilité que je regrette de ne pas pouvoir me tourner vers d'autres titres de l'auteur.
Phébus, Libretto, 108 pages, 2011, traduit de l'anglais par Bruno Boudard
Extrait
« Le ciel charriait les dernières lueurs d'une pleine lune décroissante. La terre semblait s'abîmer dans les profondeurs de la crevasse formée par les gorges de la Sacramento River. Après l'imposante masse du mont Shasta, le strealimer aborda une portion où la voie était moins tortueuse et il prit sa vitesse de croisière. »
Les avis de Cathulu, Manu...