Dans notre société pourtant si prompt à commémorer, où la nostalgie fait figure de vertu cardinale, il y a pourtant, en 2013, un anniversaire majeur que l'establishment politico-médiatique s'est bien gardé de fêter : celui de la crise économique ! Eh oui, celle n'a pas débuté à l'automne 2008 avec la faillite de quelques grandes banques européennes et américaines. Elle n'a pas commencé un an plus tôt avec la crise dite des subprimes aux Etats-Unis. Ce ne sont là que des soubresauts majeurs dans une crise bien plus longue et que l'on ne peut plus qualifier de cyclique mais bel et bien de systémique. C'est le capitalisme qui est en crise, et celui-ci s'enfonce toujours un peu plus, inexorablement.
Tout a commencé les 16 et 17 octobre 1973 avec la hausse brutale des cours du pétrole, c'est que l'on appelle communément le premier choc pétrolier, le vrai début de la crise. Pour bien comprendre il faut se rappeler que 2 ans auparavant les Etats-Unis décident de sortir des accords de Bretton-Woods sur lesquels s'appuie la stabilité économique mondiale depuis la guerre. Cela entraînera la fin du taux de change fixe entre les monnaies, et donc la spéculation. Dans le même temps, les Etats-Unis atteignent leur pic de production pétrolière, la pénurie les menace désormais. Quand en octobre 1973 éclate la guerre du Kippour entre la Syrie et l'Egypte d'un côté et Israël de l'autre, les pays de l'OPEP décident, afin de faire pression sur les Etats-Unis qui soutiennent l'état juif, une réduction de la production de pétrole, puis un embargo total sur les livraisons aux américains. En l'espace de quelques jours, le prix du baril de pétrole est multiplié par 4. Cet épisode aura des conséquences désastreuses pour les économies occidentales ultra-dépendantes du pétrole. A partir de cette date, elles vont renouer avec un phénomène qu'elles avaient oublié depuis la guerre : le chômage de masse.
Cela fait donc 40 ans que nous savons qu'il nous faut sortir de la dépendance aux énergies fossiles. Cela fait donc 40 ans que notre industrie périclite, que les chômeurs sont devenus une classe sociale à part entière, que la précarité se développe toujours un peu plus. Certes, durant cette période les pouvoirs publics ont agi. En France, tout a été misé sur le nucléaire. Un peu partout le secteur tertiaire est devenu le fer de lance de l'économie. Mais cela ne suffit pas. Inexorablement le nombre de pauvres augmente, et les différentes crises qui ont sévi depuis 1973, le second choc pétrolier de 1979, le krach de 1987, l'éclatement de la bulle internet en 2001, la crise de 2008 ont surtout permis de mettre en évidence l'incapacité des gouvernants à nous sortir de là.
Mais en ont-ils vraiment envie ? A chaque soubresaut le nombre de fermeture d'usines explose, avec lui le nombre de chômeurs, de précaires, mais parallèlement, on s'aperçoit que chaque crise profite à une petite caste de gens très riches qui le deviennent à chaque fois un peu plus. Cela fait 40 ans qu'il n'y a plus qu'un seul discours économique, celui qui consiste à toujours détériorer davantage l'état-providence, celui qui permet de tout déréguler. Cela a pour double conséquence de creuser encore et toujours les inégalités, et surtout de rapprocher les crises successives.
La crise a 40 ans, et vu le bénéfice que certains ont pu tirer du nouvel avatar de 2008, il n'y a pas de raisons qu'elle s'arrête demain !
Sur le sujet : Pourquoi pas Poitiers a trouvé quelques vidéos permettant de comprendre le choc pétrolier de 1973.