CHAPITRE I.
J’ai connu La Conserverie en 2010, et ai immédiatement su que notre relation serait belle mais parsemée d’embuches. Un bar-resto chic très fifties installé dans une ancienne fabrique de tissu du Sentier. Un lieu plein de promesses. La déco, restée identique depuis, témoigne des années Madmen, lorsque le thème année 1950 faisait fureur, celui que j’ai choisi pour y fêter mes 25 ans, au sous-sol alors réservé pour l’occasion. Si cette soirée s’acheva étrangement par une crise de larmes sur la la bougie de la petite tarte au citron adorablement offerte par le patron des lieux, j’en garde néanmoins un bon souvenir.
Le hic à l’époque résidait dans les prix un poil excessif pour les vieux étudiants que nous étions. Ils passent nettement mieux aujourd’hui (chômeurs et freelances, sans rancune). La sélection des vins et les cocktails étaient bons, mais les planches et les fameux plats de "conserves" (oh hey d’où le nom), ne m’ont laissé aucun souvenir. Mauvais signe. Et dommage pour un lieu aussi beau qui promettait tant.
CHAPITRE II.
Tout ceci est révolu, car la cuisine poursuit aujourd’hui les inspirations chiquées de Simone Tondo, le jeune chef du Roseval. Ma redécouverte fut sujette à quelques remous cependant. C’est une amie très au courant (Little Black Book Paris) qui m’a informée du grand come back du lieu. J’y fonce donc un samedi, juste après mon verre au Lockwood, à point pour dévorer une carte issue de mes rêves les plus fous (en fait hypra simple mais pile poil mes envies) : burrata aux poivrons confits, caviar d’aubergines, mozza di buffala et betteraves, tartare de bar etc etc. On se trouve un bout de canap’, on commande, et on bave de plaisir. Lorsque soudain, la serveuse refait son apparition pour nous informer, désolée, que la cuisine "vient de fermer". COLÈRE ET FRUSTRATION.
Nous avons fini dans un troquet déprimant, comme si nous cherchions l’extrême opposé à la Conserverie. Bon il reste des planches de charcuterie, mais je voulais de la burrata. Mierda.
Grand retour quelques jours plus tard, le menu imprimé dans ma mémoire, je m’y rends toute excitée et là, déception épisode 2 : il vient de changer. Du gras, du gras, et encore un peu de gras par dessus. Mais attention hein, du gras fin. Tss. Il reste une burrata, mais elle est habillée d’un bacon suintant sa graisse (la burrata toute seule, ce n’était pas suffisant). Les couteaux étaient un peu forts en iode, mais je pense qu’il ne faut pas s’arrêter là.
37 bis, rue du Sentier – 75002 Paris