Moins des deux tiers des médecins et des patients adolescents parlent de sexualité lors de visites médicales annuelles et le sujet prend moins d’une minute en moyenne. C’est insuffisant, expliquent ces chercheurs de la Duke University qui voient dans ce dialogue l’occasion, généralement manquée, de partager des informations avec les adolescents et de faire œuvre de prévention. L’étude, publiée dans l’édition du 30 décembre du JAMA Pediatrics plaide pour intégrer systématiquement la sexualité dans le bilan de santé.
Difficile pour les médecins d’aider les adolescents à faire des choix de prévention si ces conversations ne font pas partie intégrante des consultations, remarque l’auteur principal, le Dr Stewart Alexander, professeur agrégé de médecine à l’Université Duke. Une absence de dialogue qui selon lui peut avoir d’énormes conséquences: Il faut mieux avoir cette conversation 2 ans trop tôt qu’un jour trop tard.
Son discours rejoint celui de l’Académie américaine de pédiatrie qui recommande aux médecins d’aborder le sujet avec les adolescents, car même si le sujet est délicat c’est l’occasion de contrôler le développement sexuel et de parler prévention des IST et contraception.
Ici les chercheurs de la Duke ont travaillé à partir de l’enregistrement de visites annuelles de 253 adolescents, âgés de 12 à 17 ans, ont relevé toute mention concernant l’activité sexuelle, la sexualité et les rencontres. Leur analyse constate que,
· La durée moyenne de la visite est de 22,4 mn,
· 65% des visites abordent la sexualité,
· sur une durée moyenne de 36 secondes.
· Ce sont moins de 3% de la visite qui sont consacrés à la santé sexuelle,
· 35% des visites ne font donc aucunement mention du sujet, ni à l’initiative du médecin, ni à celle du patient adolescent.
L’engagement des adolescents est variable :
· Aux questions posées par le médecin, environ la moitié des adolescents répond par oui ou non et seuls 4% des adolescents vont engager la conversation sur le sujet.
· Les adolescentes sont plus enclines à la discussion, 2 fois plus que leurs homologues masculins, en particulier en raison des questions de contraception.
· Les adolescents plus âgés, probablement en raison d’une sexualité plus active, sont plus susceptibles d’ »en parler » lors de ces visites que les plus jeunes.
· Plus la visite est plus longue et plus évidente est la confidentialité, plus il y a de chances que la santé sexuelle soit abordée.
· Ainsi, si seulement 31% des visites incluent une discussion confidentielle entre le médecin et son jeune patient, dans ce cas, la sexualité est abordée 4 fois plus fréquemment.
Des conclusions qui doivent contribuer à l’établissement de prochaines recommandations mais aussi de programmes de formation pour que ces entretiens comportent désormais ce volet sur la sexualité.
Sources: JAMA Pediatrics
December 30, 2013 doi:10.1001/jamapediatrics.2013.4338 Sexuality Talk During Adolescent Health Maintenance Visits
December 30, 2013. doi:10.1001/jamapediatrics.2013.4605 Will You Ask? Will They Tell You? Are You Ready to Hear and Respond? Barriers to Physician-Adolescent Discussion About Sexuality (Visuel © dalaprod – Fotolia.com)
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