Le jeune Michael, onze ans, apprend que ses deux parents sont licenciés. Ils décident alors d’acheter un voilier et de partir pour un tour du monde, à l’aventure. Ils embarquent sur la Peggy Sue avec leur chienne Stella. Le bonheur des découvertes de nouveaux pays s’accompagne de l’apprentissage de la vie nautique, dans laquelle les parents n’ont pas oublié d’inclure l’apprentissage tout court, puisque chaque escale est l’occasion d’une leçon d’histoire, de géographie ou autre pour Michael. Tout n’est pas pour autant paradisiaque: vivre dans un bateau n’est ni très reposant ni très confortable, et les maladies exotiques guettent notamment la maman de Michael. Or, une nuit de tempête, Michael laisse échapper son ballon, son seul souvenir de ses amis. Puis c’est Stella, la chienne, qui tombe à l’eau. En essayant de la rattraper, Michael lui-même passe par-dessus bord. Lorsqu’il se réveille, il se trouve seul sur une île. Seul? Non, car très vite, il s’aperçoit que quelqu’un lui laisse soigneusement à boire et à manger.
Ce petit roman jeunesse m’a beaucoup plu et beaucoup diverti. L’histoire brode autour du motif célèbre de la robinsonnade appliqué aux enfants. J’ai beaucoup apprécié d’ailleurs toute la première partie avant le naufrage: on prend le temps d’expliquer qu’un tour du monde ne s’improvise pas, que l’éducation non plus ne s’abandonne pas d’un coup, que les maladies et inconvénients sont légions dans ce genre de voyage qui n’a rien d’idyllique. Ce souci de réalisme m’a beaucoup plu, histoire de ne pas avoir une version trop fantasmée de ce genre de départ, un petit côté doux-amer qui est le bienvenu.
Quant à la robinsonnade en elle-même, j’ai beaucoup apprécié son originalité. La faim et la soif ne sont pas si simple que cela à résoudre et d’ailleurs, le héros ne les résout pas puisque c’est le mystérieux Kensuke qui les résout à sa place. Et ce Kensuke est particulièrement intéressant. Loin d’être un sauveur providentiel, il apparaît vite comme un tyran qui empêche Michael d’aller où bon lui semble sur l’île, qui lui interdit formellement de faire le moindre feu ou de tenter quoi que ce soit pour signaler l’existence de l’île. Le mystère autour de ce personnage est levé d’une manière fort intéressante, qui aurait néanmoins pu être un peu développé, un peu plus approfondi pour compléter le réalisme de cette histoire.
Facile à lire, ce roman a aussi l’avantage d’être enrichi des illustrations de François Place, pleine de délicatesse et de douceur.
La note de Mélu:
Un beau roman pour jeunes lecteurs.
Titre original: Kensuke’s Kingdom (traduit de l’anglais)
Un mot sur l’auteur: Michael Morpurgo (né en 1943) est un auteur britannique pour la jeunesse.
catégorie “lieu”