Ce qui m'attirait au Jeu de paume, c'était l'exposition sur Erwin Blumenfeld. Je ne connaissais pas grand chose sur le sujet : il m'évoquait uniquement la photo de mode. J'ai donc été tout à fait étonnée de voir qu'il ne se résumait absolument pas à cela.
Parmi mes sujets d'étonnement, c'est certainement ses collages d'obédience dadaïste qui m'ont le plus marquée. J'imaginais Blumenfeld photographe uniquement, et ne jouant certes pas avec les mots, le dessin et les montages : le lien avec la photographie n'est pas immédiat. Blumenfeld commence son travail de photographe avec le portrait, dans son arrière boutique (de maroquinerie). Il joue avec ses réalisations : solarisation, cadrage et contrastes font perdre de vue le côté identitaire du portrait pour favoriser les effets de style. Puis l'on découvre d'autres aspects de ce travail avec les nus, la mode et l'architecture. Une petite série de photos montre l'engagement politique du photographe juif allemand : le dictateur. Il utilise un procédé dont il est friand, le photomontage, pour dénoncer la soif de sang d'Hitler (c'est une image que je connaissais mais que je n'attribuait pas à Blumenfeld, allez savoir pourquoi).
Bref, cette exposition permet de découvrir ou redécouvrir les œuvres de Blumenfeld et la vastitude de sa palette. Par contre, elle ne rentre pas beaucoup dans les détails de sa carrière de photographe de mode. Je le regrette un peu même si je comprends bien que cela aurait vite tourné au catalogue !
Comme il me restait un peu de temps avant la fermeture, je suis allée explorer l'autre exposition. Au rez-de-chaussé on parle de Natacha Nisic, une artiste contemporaine que je ne connaissais que de nom.
J'ai été très touchée par le catalogue de gestes qui introduit l'exposition. Focalisés sur les mains, répétitifs, ces petits films sont à la fois poétiques et esthétiques. J'ai ensuite filé voir les séquences "e" et "f" sur le tremblement de terre de 2008 près de Fukushima et le tsunami de 2011. La première présente un avant-après et des témoignages du drame. C'est à la fois impressionnant, touchant mais aussi presque déconnecté du réel : paysages déchirés par des failles, sans vie. Le second film montre Fukushima après le tsunami. C'est à la fois vide et abandonné mais aussi vivant, bruissant. On se demande où est la vérité. Enfin, j'ai vu quelques morceaux d'Andréa mais je n'ai pas pu voir l'ensemble de la conversion.
J'ai trouvé cette façon de filmer très évocatrice, très respectueuse, très belle. Bref, cela m'a donné envie de suivre les travaux de Natacha Nisic.