La découverte du lieu fut à l'occasion d'une balade dans Castello, où le hasard de nos pas nous à mené à traverser des jardins, puis un cloître, d'une sorte de cité de logements sociaux. Ce n'est que plus tard, en parcourant l'histoire de la famille du Tintoret, qu' un article posté par Fausto, dans Alloggi Barbaria nous a aidé à établir le lien.
Désormais, nous connaissions l'endroit, son nom et une partie de son histoire !Giacomo da Fano, ermite augustinien de la Congregation dei Brittini, fonda ce monastère en 1240 et lui donna pour nom Sant'Ana et Santa Catarina. En 1297 les pères augustins vendirent le monastère aux bénédictines et se retirèrent S. Stefano.
Maria Zotto, abbesse, et six autres religieuses ont pris possession du monastère en 1305. Sur le plan de Barbari, on peut voir, contre l'église sur la droite, un campanile à fenêtres crénelées, et faîte pointu. Il a été détruit en 1815
Vers la fin du XVème siècle, cependant, le monastère se distinguait pour être l'un des plus rilassati de Venise. En grande partie peuplé par des femmes nobles à qui le voile avait été imposé afin d'éviter la dispersion du patrimoine familial. Ainsi, en utilisant comme prétexte l'air malsain, les religieuses avaient obtenu du légat du pape l'autorisation de pouvoir visiter leurs parents dans la ville. S'en est suivi une corruption de la morale et des mœurs prévisible. Le patriarche Antonio Contarini décida donc d'introduire dans le couvent des religieuses observantes du couvent de San Zuane Lateran (Contrada Santa Maria Formosa). La réforme, approuvée par le pape Léon X en 1519, a ramené, avec les nouveaux arrivants le monastère à une vie normale.
Dans ce couvent parmi les religieuses forcés par leur père, on note Elena Tarabotti († 1654) qui prit plus tard le nom de Arcangela, sous lequel elle est plus connue. Elle est né en 1605, de Stefano Tarabotti, d'une famille vénitienne originaire de Bergame, et entra au couvent en 1616, alors qu'elle n'avait que 11 ans.
Dotée d'une grande intelligence, elle écrivit : La semplicità ingannata, La tirannia paterna, L'inferno monacale. Puis, approchée et conseillée par le Cardinal Federico Corner, patriarche de Venise, vers 1633 Arcangela changea de posture et de mentalité. Elle a écrit plus tard Il paradiso monacale, La luce monacale, La via lastricata per andare in Cielo, Le contemplazioni dell'anima amante, Il purgatorio delle mal maritate. Au cours de la vie cloîtrée était en correspondance avec des écrivains célèbres.
Les religieuses du couvent demandèrent la construction d'une nouvelle église en 1634, sur un projet de Francesco Contin, dont la première pierre fut posée le 4 octobre 1634. L'édifice fut consacré le 6 Juillet 1659 par le patriarche Giovanni Francesco Morosini, avec pour seul nom Sant'Anna.
Les plus jeunes des filles du maître vénitien Jacopo Robsuti, dit le Tintoretto, furent destinées au couvent de Sant'Anna : Perina (1562-1646) qui sera élue sœur abbesse du couvent en 1636, Altura, aveugle qui y vivra très longtemps, et Laura décédée en 1645 qui, dans son testament, ne cite pas un seul membre de sa famille. Ottavia Robusti en sortit juste pour se marier avec l'apprenti du Tintoret, Sebastian Casser, vingt-six ans plus jeune qu'elle, que la famille avait désigné pour perpétuer la Maison Tintoretto.
Les filles du Tintoret tissèrent pour leur église, avec de la soie, une réplique de la Crucifixionque leur père a peinte pour la Schola Granda de San Rocco (ce chef-d'œuvre, décrit par les contemporains comme " opera ben dipinta con l'ago " est désormais conservée à la Galerie de Vienne, en Autriche).
Entre 1761 et 1764, le monastère fut reconstruit.
Le 12 juin 1806 les 31 religieuses durent quitter les lieux. En 1807, les bâtiments ont été sécularisé, en 1810 ils ont été donnés à la Marine, qui l'a utilisé comme collège et pensionnat pour les Cadets de la Marine (l'église avait alors été transformée en salle de sport) et enfin, en 1867, l'a transformé en hôpital de Marine, de nouveaux bâtiments ont été construits entre 1920 et 1939. L'hôpital militaire a été actif jusqu'en 1986. En 1989, avec la vente des biens nationaux et militaires, le lieu à été transféré à la ville. Entre 2007 et 2007, le couvent à été transformé en 103 logements sociaux avec leur station de traitement des eaux usées indépendante. L'accès est libre, et l'on peut traverser cette cité ouvrière de part en part à travers cloîtres et jardins.
L'ancienne infirmerie, la chapelle et l'église n'ont pas encore été restaurées, bien que ce soit prévu depuis 2007.
L'église est fermée, et les intérieurs, transformés en appartement sont inaccessibles.
Sources bibliographiques :
Flaminio Corner - Notizie storiche delle chiese e monasteri di Venezia, e di Torcello, tratte dalle chiese veneziane e torcellane - Stamperia del Seminario, Padova 1758