Il s'agit de la raison pour laquelle le gouvernement britannique vient d'annoncer une consultation en vue de moderniser la réglementation en vigueur. Comme les États-Unis il y a plus de 10 ans (dans le sillage de la tragédie du 11 septembre 2001), son objectif prioritaire est de rendre possible une compensation entièrement dématérialisée, là où, aujourd'hui, la loi impose que le règlement d'un chèque ne peut être validé que par l'échange du formulaire physique entre les parties.
Au niveau des échanges interbancaires, une telle transition est évidemment plus que nécessaire, au XXIème siècle. Mais le législateur souhaite étendre l'initiative jusqu'au consommateur, en autorisant le dépôt de chèque sur smartphone, par capture photographique, tel qu'il existe de l'autre côté de l'Atlantique depuis 2006 (USAA en a été le pionnier). Une première banque, Barclays, est déjà sur les rangs pour lancer une expérimentation de cette technologie dès le début 2014.
En perspective, des bénéfices partagés pour les institutions financières et pour les consommateurs : les premières devraient pouvoir réaliser d'importantes économies sur le traitement des chèques (non seulement en évitant les échanges matériels mais aussi en réduisant les interventions humaines) tandis que les seconds verront leurs encaissements simplifiés (plus besoin de se rendre en agence !) et accélérés (la promesse est de passer de 6 à 2 jours).
Cette annonce est-elle pour autant une bonne nouvelle ? Pas si sûr… Alors que l'association professionnelle des paiements (le « Payments Council ») portait en 2011 une volonté d'éradiquer le chèque du paysage britannique d'ici 2018 (avant de devoir faire machine arrière quelques mois plus tard, sous la pression des associations de consommateurs), la modernisation de cet instrument antédiluvien n'est qu'un moyen supplémentaire de prolonger sa durée de vie.
En effet, entre des utilisateurs soulagés de la disparition des inconvénients majeurs du chèque et des banques plus ou moins contraintes d'investir pour répondre à la nouvelle demande de leurs clients d'automatiser les dépôts, la véritable innovation – dans des moyens de paiement d'avenir – va nécessairement prendre du retard. Dommage pour un pays où le succès du porte-monnaie mobile PingIt (de la même Barclays Bank !) permettait de croire que le progrès était en marche…