Tel père tel fils de Hirokazu Kore-Eda

Publié le 03 janvier 2014 par Leunamme

Tel père, tel fils - Bande-annonce (VOST)


Lien : http://www.cinematon.fr/tel-pere-tel-fils-un-film-japonais-remporte-le-prix-du-jury-a-cannes-2013/
Sortie en salles le 25 décembre 2013.
Distributions : Le Pacte / Wild Side Films." itemprop="description" />

L'histoire est assez simple à résumer. C''est la même trame que pour "La Vie est long fleuve tranquille" qui avait révélé Etienne Chatilliez : deux familles de milieux sociaux différents apprennent que leurs fils de six ans ont été échangés à la naissance et les enfants vont devoir retourner dans leurs foyers originels. Sauf que là où Chatilliez explosait les codes sociaux et donnait une comèdie jubilatoire, Kore-Eda choisit de rester sur le terrain du drame familial et social et interroge la question de la filiation paternelle, question qu'il abordait déjà avec talent dans un de ses films précédents, "Still walking".

Autre point commun entre les films de Kore-Eda et de Chatilliez, c'est dans la famille aisée que les dégâts de l'intervertion se font le plus ressentir. On comprend rapidement que pour Kore-Eda, cette famille où tout est figé, où les rôles de la femme et de l'homme sont clairement définis (ici, la femme ne travaille pas, contrairement à l'autre famille), où l'homme n'est que peu disponible pour sa famille puisque son ambition professionnelle est sa priorité, cette famille donc est la moins armée pour affronter un évènement qui vient bousculer son fragile équilibre.

Kore-Eda interroge certes le modèle éducatif, l'argent, les bonnes écoles, le confort matériel ne sont rien sans l'essentiel : l'amour. Ainsi, Ryusei dont les parents sont de milieu modeste semble plus épanoui, plus débrouillard que Keita qui vit dans un milieu ultra protégé.

Tout cela pourrait être une litanie de clichés et de lieux communs, mais il n'en est rien, parce que Kore-Eda est un cinèaste bien trop fin, bien trop subtil pour ce contenter de ce constat. Le personnage principal du film, en plus des deux enfants, c'est le père de Keita. C'est dans sa propre enfance qu'il va devoir fouiller pour comprendre son incapacité à se faire aimer de "ses" enfants. Sa recherche de la reconnaissance professionnelle, son exigence par rapport à son fils tout cela prend naissance dans sa haine pour son propre père dont il a honte.

Pas de scène psycho-dramatique chez Kore-Eda. C'est un cinèaste qui prend son temps. Chaque situation, chaque évolution est la suite logique de la précédente, mais tout se règle toujours dans le calme : on est au Japon, les sentiments sont toujours cachés, travestis. Pourtant, d'une façon ou d'une autre, Kore-Eda nous montre qu'ils finissent toujours par s'exprimer.

Il faut aller voir ce film, parce qu'il est beau, touchant, parce qu'à l'évidence Kore-Eda est un digne héritier d'Ozu, et un grand cinéaste.

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