Le 18 décembre dernier, le vice-premier ministre et ministre
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, M. François Gendron,
a dévoilé les grandes lignes de la Stratégie
de positionnement des aliments du Québec sur le marché institutionnel.
Le ministre a déclaré :
« Nous sommes bien conscients qu'il est parfois ardu pour nos PME
de faire affaire avec le marché institutionnel. C'est un marché complexe avec
des exigences légales qui ont bien souvent de quoi décourager le plus
persévérant des entrepreneurs. C'est pourquoi, comme nous nous y étions engagés
au moment du lancement de la Politique de souveraineté alimentaire, nous nous
sommes rapidement mis à la tâche pour mettre au point cette stratégie qui offre
les outils pour favoriser l'accès à cet important marché »
Oui, oui, vous avez bien lu. Le ministre admet qu’à cause
d’une réglementation inefficace et désuète, il est quasi impossible pour les
PME de vendre leurs produits et services aux institutions gouvernementales. Ce
qui est vrai pour l’industrie alimentaire l’est tout autant pour les autres
industries.
Alors, je suppose que le ministre a proposé de mettre la
hache dans toute cette réglementation pour faciliter la tâche des PME et
encourager la concurrence. C’est sans surprise, modèle québécois oblige, que
cette avenue n’a même pas effleuré l’esprit du ministre et de ses
fonctionnaires.
C’est tout le contraire. Il a préféré compliquer davantage
la vie des PME. Il a signé des ententes de collaboration avec deux
distributeurs alimentaires, Colabor et Gordon Food Services. En clair, le
ministre concède un monopole du marché institutionnel à deux distributeurs de
produits alimentaires. Ceux-ci se partageront le marché au détriment des
institutions, des contribuables et des PME.
C’est la recette parfaite pour ces deux distributeurs. En
situation de monopole, ils imposeront des prix élevés aux institutions gouvernementales
et des marges de profits minimes aux PME.
Mais que voulez-vous, le modèle québécois est parfait pour les
groupes d’intérêts : les politiciens, les fonctionnaires, les syndicats et
les monopoles. Seuls les contribuables et les consommateurs en font les frais,
mais comme ils ne s’en rendre pas compte, ce n’est pas grave.