Un an déjà. L’occasion pour Le Grand Barnum de revenir en arrière, et de résumer les traits saillants de cette
Elle est aussi le moyen de rappeler à ceux qui s’indignent aujourd’hui qu’ils auraient aussi bien pu s’indigner hier, avant-hier, bref, dès le 6 mai au soir. Mais la France a mis du temps à comprendre…
Evidemment, vous êtes tous et toutes appelés à compléter cette ébauche en proposant telle date ou tel événement, au gré de vos affinités barnumesques. Il y a forcément une pantalonnade qui nous aura échappé…
Plus tard, la chronologie s’enrichira d’une analyse détaillée des trois phases de l’activité présidentielle.
- 6 mai : le Barnum commence.
À peine élu, Notre Président rameute autour de lui tout ce qu’il peut trouver de plus vulgaire dans le monde du showbiz et donne au peuple le plaisir de le contempler en train de célébrer sa victoire sur une scène. Pour la première fois, le vainqueur établit la foule qui vient l’acclamer en position de spectatrice, sans se mêler à elle. Il se rend ensuite au Fouquet’s, et y passe la nuit. Il en repartira le lendemain tout ragaillardi.
Un certain nombre de célébrités -passablement chargées- profitent de l’occasion pour faire des déclarations profondes à la caméra.
C’est “la rupture”.
- 7-9 mai : installation dans la vulgarité, avant celle à l’Elysée : Notre Président embarque sa famille et sa clique sur un yacht prêté par Bolloré. Face à la polémique qui enfle, il explique:
Je n’ai pas l’intention de me cacher, je n’ai pas l’intention de mentir, je n’ai pas l’intention de m’excuser.
Bien que la France ne le sache pas encore, le ton est donné. L’exhibition battra son plein.
- 16 mai : investiture. Organisation millimétrée de l’arrivée d’une belle famille recomposée à l’Elysée. Reportages photos. Description des robes. Voix étranglées d’émotion. La rombière pleurniche derrière son poste, Zitrone n’aurait pas mieux fait.
Notre Président se lance, et met la barre très haut en s’abandonnant à des débordements affectifs embarrassants, et inattendus dans un tel contexte.
Dans 5 mois, la famille recomposée ira s’installer ailleurs, Petit Louis compris.
- 14 juillet : diverses scènes grotesques à la garden-party, consacrée
aux victimes et plus largement à tous ceux qui ont traversé des épreuves.
Notre Président profite des caméras pour vanter la beauté de sa femme dont il divorcera trois mois plus tard. Il fait jouer par la fanfare une symphonie composée par le grand-père de son épouse, laquelle est d’ailleurs inquiète car les droits du papy vont bientôt tomber dans le domaine public.
- 26 juillet : à Dakar, Notre Président nous livre la profondeur de ses vues sur “l’homme africain”:
Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain [.] dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles. Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine ni pour l’idée de progrès. Dans cet univers où la nature commande tout, [ il ] reste immobile au milieu d’un ordre immuable où tout semble être écrit d’avance. Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin.
Certains ont alors la malhonnêteté de critiquer la vision pour le moins partiale de Notre Président sur ce sujet.
- août : N. Sarkozy passe ses vacances dans la station balnéaire de Wolfeboro, présentée par la presse comme le sommet du chic sur la côte est des Etats-Unis. Dans ce village qui regroupe en réalité tout ce que la dite Côte Est fait de beaufs nouveaux riches, les vacances de Notre Président sont payées par le banquier Agostinelli. Triomphe du mauvais goût, à 40.000 € les deux semaines.
Vacances ou pas, il n’oublie pas la dignité de sa fonction. Pas un jour sans caméra.
- 3 octobre : l’Assemblée nationale met en place un protocole de test ADN pour les candidats à l’immigration. La France est prise de démence legislative.
- 18 octobre : Notre Président divorce. Interdit d’en parler. La pudeur prévaut. Oubliées, les déclarations enflammées du 14 juillet. Le 20 octobre, Cécilia Sarkozy balancera comme une bête dans une interview accordée à Elle. Pudeur, toujours.
- 25 octobre : N. Sarkozy clôt le “Grenelle de l’Environnement” qui nous promet une agriculture plus propre, un air plus pur, une eau plus minéralisée. En avril 2008, le parlement avalisera la culture des OGM sans trop hésiter, et ouvrira enfin les yeux de tous ceux qui avaient voulu voir dans l’écologie sarkozyste autre chose qu’une nouvelle dose de poudre aux yeux.
- 28 octobre : on apprend que, interviewé par la chaîne CBS, N. Sarkozy a perdu son sang-froid, traité Martinon “d’imbécile” et quitté le plateau parce qu’une question lui déplaît. La question portait sur son épouse, et Notre Président entend bien décider s’il lui convient de s’exhiber ou de rester pudique.
- 6 novembre : en déplacement en Bretagne (région peuplée, d’après lui, de “cons”), N. Sarkozy répond à un pécheur qui l’insulte et se comporte comme un chef de bande.
- 10-15 décembre : N. Sarkozy organise la complète humiliation du pays en invitant le tyran Khadafi en visite d’État. Les institutions et la France entière sont transformées en paillasson pour dictateur. On commence à comprendre que la splendide diplomatie respectueuse des droits de l’homme est remise sine die.
- 15 décembre : hyperactif, et pas abattu pour deux sous par la pantalonnade khadafienne, N. Sarkozy s’affiche avec sa nouvelle conquête, Carla Bruni, à Disneyland. Le Grand Barnum sarkozyste s’oriente désormais vers l’affirmation des valeurs les plus appréciées des Français, comme le machisme ou la célébration de la femme-objet. Entrée en fanfare dans la phase pathologique du bling-bling.
- fin décembre : Lancement du Great Egyptian Pornodrome and Travelling World Fair. Le Barnum sarkozyste se transplante en Egypte et se livre à une exhibition encore inédite. Tentative de glamour dans les hauts lieux du tourisme normalement voués à des ensembles bobs/sandales/chaussettes/cuisses rouges. Cafouillage de com. L’image présidentielle est ruinée pour de bon, et les Français s’interrogent.
- 17 janvier : N. Sarkozy prononce le discours le plus clérical jamais tenu par un président depuis Mac-Mahon. Début du prurit religieux. Dans un siècle, les écoliers apprendront par coeur sa déclaration : Dieu est dans le coeur de chaque homme.
- 2 février : Notre Président se marie. Fête, joie, bonheur, couvertures de Gala, exhibition. Entrée dans la phase délirante du bling-bling.
- 22 février : Excédé par ces débordements, LGB crée Le Grand Barnum. Le blog connaît en quelques jours un succès fulgurant, qui ne cesse de croître depuis lors. Le Sarkozysme commence à trembler sur ses bases.
- 23 février : Episode fameux du “Casse-toi, pauv’ con”. La presse devient soudain irrévérencieuse.
- mars : dévissage brutal dans les sondages. Freinage immédiat sur le bling-bling et l’exhibition. N. Sarkozy cherche à nouveau à plaire à la ménagère de plus de 70 ans, coeur de son électorat (rappelons que 68 % des plus de 70 balais ont voté Sarkozy - info Senioractu-, soit presque 1% par printemps).
- 24 avril : séance de martifouette à la tévé : “J’ai changé”…
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