« Elles conservaient les plantes médicinales ou "simples". La plupart des silènes sont
parallélépipédiques (30 à 60 cm de long, 20 à 30 cm de haut), d’autres cylindriques. Toutes portent un couvercle. Sur les boîtes rectangulaires, un cartouche annonce le nom de la plante ou du
produit contenu, encadré d’un cartouche orné de volutes et de fleurs. Pourquoi ce nom de " Silène " ? Ce nom vient de la mythologie gréco-romaine. Une citation du prologue de Gargantua,
de Rabelais, nous donne une indication : " Silènes étaient jadis petites boîtes, telles que voyons de présent ès boutiques des apothicaires, peintes au-dessus de figures joyeuses et frivoles,
comme de harpies et satyres, oisons bridés, lièvres cornus, canes batées, boucs volants, cerfs limoniers et autres telles peintures contrefaites à plaisir pour exciter le monde à rire (ainsi fut
Silène, maître de Bacchus) ; mais au-dedans, l'on réservait les fines drogues, comme baume, ambre gris, amomon, musc, civette, pierreries et autres choses précieuses. "
»
« Lors de la restauration de l’ensemble des boîtes, cinq silènes cylindriques ont révélé, sous le
dessin du 18e siècle, des couches plus anciennes, datant du 16e siècle. Une des boîtes porte même la date : 1534. Leur décor d’origine a été restitué. Ces silènes cylindriques avaient donc été
repeintes au goût du 18e siècle spécialement pour figurer dans la pharmacie de l’Hôtel-Dieu-le-Comte . »
« Cette salle n'était pas accessible aux malades. Seuls les apothicaires y pénétraient, prenaient
les drogues et ingrédients prescrits par les médecins et fabriquaient les remèdes dans la pièce située à côté, servant de laboratoire. » © Musées JM Protte.
Ceux qui suivent mon blog connaissent mon amour de la nature et des plantes sauvages. Je m’intéresse en particulier à leurs qualités culinaires et médicinales. La nature est un livre ouvert dont il faut connaître la langue pour le parcourir et y trouver ses trésors infinis. Afin de les utiliser, l’homme a fabriquer des récipients pour les mélanger, les cuire, les conserver … Ces objets sont les témoins de pratiques anciennes liées à la terre et la plupart faits de matières provenant d’elle : métaux, bois, terre …
L'Hôtel-Dieu-le-Comte à Troyes possède une belle apothicairerie dans son écrin d'origine préservée en l’état depuis son aménagement au début du XVIIIe siècle, avec de nombreux pots de pharmacie en céramique et une exceptionnelle collection de plus de 300 boîtes médicinales en bois peint ainsi que d'autres récipients en métal et des livres.
L’Hôtel-Dieu, est fondé au milieu du XIIe siècle par le neuvième comte de Champagne Henri Ier dit le Libéral (1127-1181). À la fin du XVIIe siècle, les bâtiments de bois de cet hôpital deviennent vétustes. Une reconstruction complète est donc entreprise, conservée aujourd'hui telle quelle.
« À l’origine, au 12e siècle, l’Hôtel-Dieu sert d’asile aux pauvres de passage, aux malades, aux femmes en couche. Au 16e siècle s’ajoutent les enfant trouvés et les incurables, puis au 18e siècle, les soldats malades ou blessés, les prisonniers de guerre et les nouveau-nés abandonnés. »
Photographies du dessous : Deux chevrettes en faïence.
Celle de gauche est du XVIIe siècle, de Nevers, avec un décor dit 'à la bougie'. © Ville de Troyes - D.
Le Nevé.
La seconde est de la même ville mais du XVIIIe siècle . © Musées JM Protte.