Si vous étiez habitués aux chastes vampires gentils, passez votre chemin. Ici ce sont des créatures violentes, dont le goût du sang n’a d’égal que le raffinement. L’auteur a à coeur de nous décrire un univers complet, avec des traditions lourdes mais respectées coûte que coûte, des intrigues de couloirs et des soupçons de trahisons, des rebelles et un grand chef aussi invisible que redouté. Son apparition est d’ailleurs soigneusement mis en scène et regorge de surprise, lui qui n’apparaît d’abord que par fantoches interposés. Mais le point central de cet univers reste le château lui-même, véritable labyrinthe surréaliste, dont les différentes salles recèlent des scènes aussi absurdes que dérangeantes. On y découvrira autant des amours étrangement cruelles que des escaliers qui semblent formés de cadavres. Un peu à la manière d’une Alice glauque, on découvre un véritable univers incompréhensible derrière chaque porte. J’avoue m’être bien souvent perdue, mais j’ai réussi le plus souvent à retrouver mon chemin.
J’ai cependant été déçue par les personnages. Le protagoniste m’a intéressé au début par les questions qu’il se pose au début du livre: un vampire doit-il nécessairement être l’incarnation du Mal et de la Mort? Mais très vite, j’ai eu l’impression de ne plus trop savoir comment le comprendre. Il ne jure que par Giselle, sa dévouée servante humaine au début du livre, mais succombe vite au charme de Dame Alexandra. Je l’ai un peu mal pris, parce que j’ai beaucoup aimé cette pauvre Giselle, cette humaine perdue dans ce château vampirique mais si fidèle à son maitre. Et j’ai eu beaucoup de mal à adhérer à presque tous les autres personnages: ils m’ont tous paru très distants, très froids. Ils ne se définissent que par leur mépris, leur bestialité et leur sexualité. Car les vampires de ce roman sont aussi friands de plaisirs de la chair que de sang, comme s’ils recherchaient un maximum de sensation ou à se prouver une quelconque forme de sensualité. J’ai eu du mal à en comprendre l’intérêt, car mis à part pour Giselle, on parle bien peu de sentiment.
Enfin, j’ai été vite lassée par la lenteur de cette intrigue. De très nombreuses pages reposant sur l’introspection de Benheim, et d’autres tout aussi nombreuses sur les descriptions de ce fantasmagorique château, cela ralentit considérablement les choses. L’écriture est de plus très ornée, parfois clairement ampoulée, comme si le roman relevait trop souvent d’un exercice de style pour faire entrer dans un univers dans lequel malheureusement je n’ai pas vraiment réussi à entrer.
La note de Mélu:
Une rencontre manquée.
Titre original: The Golden (traduit de l’anglais)
Un mot sur l’auteur: Lucius Shepard (né en 1947) est un écrivain américain qui écrit le plus souvent de la science-fiction.
catégorie “couleur”