Au moment où Nicolas Sarkozy préside pour la première fois les festivités du 8 mai, commémorant la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'ambiance est morose au sein de
l'armée française. Après la carte judiciaire, le gouvernement a décidé de s'attaquer à la révision de la carte militaire. Celle-ci devrait entraîner la fermeture de nombreux sites militaires, un
regroupement des garnisons, et la suppression de nombreux emplois. Fin mars, le ministre de la Défense lui-même avait fait part de ses inquiétudes auprès du Premier ministre quant aux conséquences
sociales de ce plan.
Dans le cadre de la révision générale des politiques publiques, le gouvernement prévoit de revoir la carte militaire, c'est-à-dire la répartition de ses forces armées sur le territoire français.
L'objectif est de faire des économies en rationalisant les services, en mutualisant les moyens. A cet égard, 90 "bases de défense" vont être créées pour mutualiser les fonctions de soutien entre
différents corps interarmées. Dans le même temps, de nombreux sites vont être fermés, des garnisons vont disparaître. Le journal Le Monde a publié dans son édition 24 avril 2008 la nouvelle carte
provisoire : plus d'une vingtaine de garnisons devrait disparaître, principalement dans les villes du Centre et de l'Est de la France.
Selon les premiers chiffres du ministère de la Défense, cette réorganisation des sites militaires pourrait aboutir à environ 6000 suppressions d'emplois chaque année, pendant six ans, soit plus de
30 000 emplois supprimés sur un total de 427 000 fonctionnaires. Depuis 1997 et la suppression du service militaire, l'armée a déjà perdu environ 15 000 personnes. Ce nouvel effort est donc mal
perçu, notamment chez les gradés.
L'ampleur des suppressions d'emplois est sans précédent. Même le ministre de la Défense s'est inquiété des conséquences sociales de ce plan et a écrit au Premier ministre afin que l'annonce du plan
s'accompagne de 5 mesures d'accompagnement :
- Création d'une indemnité à la reconversion.
- Mise en place d'un congé spécifique pour les militaires qui souhaitent créer une entreprise.
- Instauration d'un dispositif d'aide financière pour inciter les militaires à une seconde carrière dans le civil. Elle serait versée à condition que le militaire retrouve une autre activité
professionnelle.
- Meilleure intégration des militaires au sein de la fonction publique.
- Amplification du système de pré-retraites pour les plus de 50 ans avec majoration de la pension reversée.
La suppression de garnisons risque d'avoir d'importantes conséquences pour l'économie locale des villes touchées. Les maires commencent déjà à s'inquiéter. A Bordeaux, Alain Juppé, le maire de la
ville, tente d'obtenir le maintien de l'Ecole de santé navale. A Limoges, près d'un millier de personnes serait concerné par la fermeture de la garnison en 2010. Au total, ce serait plus de 2500
personnes touchées par cette fermeture. Le départ de ces familles entrainerait un manque à gagner important pour l'économie de la ville, chiffré à plus de 20 millions d'euros en terme de masse
salariale. Tout comme la réforme de la carte judiciaire, la révision de la carte militaire pose donc un problème : l'économie réalisée à l'échelle nationale à un coût à l'échelle locale, sans
parler des conséquences sociales pour chacune des familles touchées.
(source politique.net)