C’est St. Franky, patron des amateurs de houblon et de bandes dessinées, qui fait office de narrateur en accompagnant le lecteur dans les coulisses des saintes écritures. Découpant son album en plusieurs histoires courtes, Winshluss se moque de la religion chrétienne (ses vieux papes, ses prêtres pédophiles, …) et revisite les anecdotes bibliques les plus célèbres (la création, le péché originel, l’immaculée conception, la traversée de la mer rouge, la résurrection, le jugement dernier…).
En mettant en scène un Dieu porté sur l’alcool, un Jésus version looser adolescent qui cherche sa place divine, une Marie pas si prude que cela et un serpent réalisateur de films X dans le jardin d’Eden, l’auteur n’y va pas vraiment avec le dos de la cuillère. De la rencontre entre Dieu et Marie à la mort de Jésus, tout y passe. Si le running-gag des mains crucifiés de Jésus m’a bien fait rire (haha, le coup de la téquila boumboum), les passages dédiés à Conan le Barbare et à Superman (affrontant Dieu à Gotham City) m’ont surtout donné envie de voir Winschluss s’attaquer au plus vite au monde des comics/super-héros.
Si cette relecture anticléricale déborde à nouveau d’absurdité jouissive, tout en baignant dans un humour noir délicieusement corrosif, l’absence de fil rouge contribue à rendre l’ensemble moins structuré et moins abouti que l’inégalable Pinocchio. Visuellement, l’auteur multiplie à nouveau les styles graphiques, accentuant avec brio le ton irrévérencieux et provocateur de ses saynètes. L’édition très soignée des « Requins Marteaux » donne une allure presque biblique à l’ouvrage et les fausses pubs intercalées au milieu des histoires sont particulièrement réussies.
Couronné du prix du meilleur album à Angoulême avec « Pinocchio » en 2009, Winshluss est à nouveau nominé cette année avec « In God we trust », mais je pense que malgré les nombreuses qualités de l’album, il faudra cette fois un vrai miracle pour qu’il décroche à nouveau la palme.