C’est le moment ou jamais d’y courir ! Encore visible jusqu’au 6 janvier 2014, l’exposition Au bazar du genre nous interpelle, nous interroge et bouscule la hiérarchie des sexes et de la sexualité. Au cœur du bassin méditerranéen comme ailleurs, la traditionnelle opposition entre masculin et féminin est largement remise en cause par de nouvelles aspirations, des revendications et autres éveils de l’individualité.
A chacun de choisir son genre !
Toi mon garçon, tu seras fort, tu dirigeras et tu bricoleras. Toi ma fille, tu seras belle, tu pouponneras et tu élèveras tes enfants ! Si ce refrain hérisse les poils de certains et semble venir d’un autre temps, il résonne a contrario comme une évidence pour d’autres. Mais il ne faut pourtant pas aller bien loin en cette période de Noël pour observer que ce débat a encore de l’avenir… Il suffit de s’appesantir dans les catalogues ou magasins de jouets où les petites filles passent l’aspirateur et fabriquent des bijoux tandis que les petits garçons sauvent le monde en Batman et pilotent des voitures de course ! Les œuvres de l’artiste égyptienne Ghada Amer clament ce lourd constat. A la naissance, selon son sexe, l’individu se voit attribuer un statut prédéfini dans la société. Aux hommes bien souvent l’espace public, la guerre, la politique ; aux femmes l’espace domestique, la famille et les enfants. Pourtant, certains aspirent à s’affranchir de cet ordre établi, réglé par des normes plurielles : l’Etat, la religion, la famille… Mais n’est-il pas possible en fin de compte de choisir son genre, ses normes, son mode de vie ?
Entre surprises, comparaisons et confrontations
C’est dans ce « bazar du genre » que l’exposition nous jette littéralement, à travers 5 séquences aux titres bien évocateurs des propos tenus : mon ventre est à moi, vivre sa différence, mon prince viendra, en marche vers l’égalité, à chacun son genre.
Basée sur un travail de collectes et d’entretiens au sein de 13 pays méditerranéens, l’exposition propose un parcours intelligemment conçu tant sur le fond que dans la forme. Composant tour à tour des X et des Y, les îlots thématiques mêlent et juxtaposent des collections ethnologiques, des œuvres contemporaines , des objets du quotidien…, créant un joyeux gloubiboulga ordonnancé. Ainsi, en déambulant, le visiteur va de surprises en surprises, de recoin en recoin, y observe d’intelligentes comparaisons et confrontations entre les expôts, suscitant échanges et émotions. Ici on parle ouvertement de tout : de revendications féministes au son des manifestations pour l’IVG et des « Ni putes ni soumises », des rituels de la fécondité près du mur des souhaits d’Ephèse pour être mère à tout prix tandis que des Nana Boule de Niki de Saint-Phalle montrent leurs rondeurs. On évoque des chemins vers l’égalité par contrebalancement des stéréotypes masculin / féminin, homo / hétéro. On parle aussi des rites amoureux face à une pluralité croissante des couples, des demandes en mariage officielles ou plus intimes, mais aussi des codes vestimentaires comme le voile, d’homophobie, de transsexualité.
Cette étonnante exposition permet de regarder au-delà, d’ouvrir les yeux et surtout notre esprit. Ca nous fait parfois le plus grand bien ! Bravo…
Pour aller plus loin :
Une vidéo : http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/Marseille-Provence-2013/p-24091-Reportages.htm
Le dossier pédagogique : http://www.mucem.org/sites/default/files/asset/document/mucem_dp_bazardugenre_130827br.pdf
Le catalogue : http://www.institutemilieduchatelet.org/files/Conferences/Conferences2013-14/Presentation-BAZAR-GENRE.pdf
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