[singlepic id=4823 w=130 h=130 float=left]Et si on changeait un peu et qu’on parlait sculpture ? Je sais qu’il y en a qui attendaient ça avec impatience, eh bien voilà : 113 ans de sculpture en près de 475 œuvres (et autant d’artistes), venus de tous les continents et de 71 pays différents, dont les États-Unis (50 sculpteurs), la France (33), l’Allemagne (32), la Chine (28), l’Italie (25), la Grande-Bretagne (21), la Russie (18), l’Afrique du Sud et l’Espagne (13), la Belgique et la Suisse (11), le Brésil (9), le Japon, les Pays-Bas et la Roumanie (8), la Croatie, la Hongrie, la Pologne et la Norvège (7), le Chili, le Danemark, l’Égypte, l’Inde, la Suède et la Turquie (6), etc., etc.
[ Nota : ces chiffres sont fonction du pays de naissance de l'artiste. ]
Mais commençons déjà par nous remettre dans le contexte.
Le passage du XIXe siècle au XXe siècle est vécu comme la fin d’une époque et le début de temps nouveaux, d’où les expressions « art nouveau » ou « modern style ». Paris, considéré comme le centre du monde de l’art moderne, occupe alors une place de tout premier ordre, attirant des artistes venus du monde entier (Picasso, Brancuși, Modigliani, Chagall et tant d’autres).
Le XXe siècle va être le théâtre d’expérimentation de nouvelles idées, de nouveaux styles et de nouveaux matériaux. Les études de figures humaines cèdent la place à de nouveaux sujets : des rêves, des idées, des émotions, des études sur la forme et l’espace. Plastique, chrome ou acier soudé sont utilisés, ainsi que des boîtes, des pièces automobiles brisées, des morceaux de vieux meubles. On invente, on expérimente, on innove. L’art moderne se traduit par le refus du passé considéré comme académique et avec lequel il entend marquer une rupture. Comme l’art contemporain d’ailleurs, il est étroitement lié aux mouvements de société et aux courants de pensée dans lesquels il évolue. Ainsi l’art moderne se développe avec l’ère industrielle et l’évolution de la technique, il appartient au régime de la consommation. Quant à l’art contemporain, il se nourrit de la mondialisation, des mutations technologiques et de la circulation de l’information.
Mais voyons cela plus en détail.
La sculpture moderne
S’il faut dater les débuts de la sculpture moderne, c’est peut être lors de l’Exposition universelle de Paris, en 1900. Lors de cet événement, Auguste Rodin a dévoilé ses œuvres les plus novatrices, comme les Bourgeois de Calais ou ses portraits de Balzac et Victor Hugo. C’était aussi la première présentation publique de ses portes de l’enfer au sommet de laquelle tronait Le Penseur. Les sculpteurs du XXe siècle doivent en effet beaucoup à Auguste Rodin. Dans une forme d’art qui répétait de vieilles idées depuis 200 ans, son énorme puissance et sa variété ont incité ses successeurs à exprimer de nouvelles idées. Et, bien qu’ils aient eu rapidement tendance à s’éloigner à la fois son réalisme et de ses sujets littéraires, ses innovations ont eu une influence importante, même si ce fut dans l’opposition, comme chez Aristide Maillol qui a rejeté les surfaces rugueuses de Rodin pour des épures lisses et parfaites en pierre ou en bronze.
Comme les artistes de la Renaissance, qui avaient puisé leur inspiration dans les œuvres redécouvertes de la Grèce classique et de Rome, les artistes du XXe siècle se sont ressourcés aux formes simples et puissantes de l’art africain (Picasso) et océanien primitif (Gauguin). Wilhelm Lehmbruck, sculpteur allemand, a commencé sous l’influence de Maillol pour ensuite étirer ses personnages à la manière de l’art primitif. Les femmes de Gaston Lachaise empruntent à la sculpture de l’Inde ancienne. Ses corps ronds, solides et massifs, semblent symboliser la vitalité de la féminité.
Le cubisme
La sculpture cubiste est un style qui s’est développé en parallèle avec la peinture cubiste et les expérimentations formelles de Georges Braque et Pablo Picasso, dont l’œuvre La tête d’une femme (1909) est considérée comme la première sculpture cubiste. Des artistes comme Raymond Duchamp-Villon, dont la carrière a été écourtée par sa mort au service militaire, et Alexander Archipenko, arrivé à Paris en 1908, furent prompts à suivre l’exemple de Braque et Picasso. Joseph Csaky, un sculpteur originaire de Hongrie, expose ses premières sculptures cubistes à Paris en 1911. Henri Laurens, Ossip Zadkine, Otto Gutfreund, Boris Korolev ou Jacques Lipchitz (qui fut l’un des sculpteurs les plus influents du XXe siècle) ont également rejoint le mouvement.
Au cours de sa période d’innovation cubiste, Pablo Picasso a révolutionné l’art de la sculpture quand il a commencé à créer ses constructions façonnées en combinant des objets et des matériaux disparates en une œuvre construite, équivalent sculptural du collage. Des années plus tard, Picasso est devenu un potier prolifique, ce qui a relancé l’intérêt pour la poterie historique partout dans le monde, et créé un renouveau de la céramique d’art, avec des personnalités comme George E. Ohr, Peter Voulkos, Kenneth Price ou Robert Arneson.
L’espagnol Julio Gonzalez introduit l’utilisation du fer forgé. L’énorme influence de sa technique est particulièrement visible dans l’œuvre de Picasso, qui étudie auprès de Gonzalez la technique du soudage.
Brancusi
Constantin Brancusi, un Roumain qui a travaillé principalement à Paris, va combiner les traditions folkloriques roumaines avec la simplicité de la sculpture sur bois africaine et orientale. Toute sa vie, Brancusi a cherché la simplicité absolue de la forme, la pureté parfaite, comme pour son Oiseau dans l’espace. Il a également fait un important travail sur les piédestals et les socles de ses sculptures, ceux-ci devenant parfois eux-mêmes œuvres d’art. Le travail de Brancusi a ouvert la voie, notamment à la sculpture abstraite.
Le futurisme
C’est vers 1911 qu’un groupe d’artistes italiens, s’enthousiasmant devant le progrès, les machines modernes, la vitesse, inventent le futurisme. Leur sculpture (comme leur peinture) cherche à montrer les objets en mouvement. Umberto Boccioni ou Giacomo Balla sont les principaux sculpteurs de ce mouvement.
Dada
En février 1916 à Zurich, en réaction à l’absurdité et à la tragédie de la Première Guerre mondiale et en opposition à tous les mouvements se finissant en -isme, des artistes (les poètes Hugo Ball, Tristan Tzara et les peintres Jean Arp, Marcel Janco et Sophie Taeuber-Arp) créent un nouveau mouvement qu’ils baptisent « dada » – mot sans signification particulière, choisi au hasard (un dictionnaire ouvert et un coupe-papier qui tombe sur ce mot). Ces artistes se voulaient irrespectueux, extravagants en affichant un mépris total envers les « vieilleries » du passé. Ils recherchaient à atteindre la plus grande liberté d’expression, en utilisant tout matériau et support possible. Ils avaient pour but de provoquer et d’amener le spectateur à réfléchir sur les fondements de la société. Hétéroclite et spontané, Dada était aussi un mouvement sans véritable chef de file. Tous les dadaïstes étaient présidents. Marcel Duchamp, dont l’œuvre marquera la transition avec l’art contemporain, est toutefois, sinon le plus connu, du moins le plus important des Dada. Si, sur le plan de la chronologie, il relève de l’art moderne, compte tenu du mouvement de pensée qu’il provoque et de son influence sur des artistes d’aujourd’hui, il est résolument contemporain. Avec ses ready-made, Marcel Duchamp va détourner un objet de sa vocation première pour lui donner un sens nouveau ; ainsi son urinoir est-il élevé au rang d’œuvre d’art. C’est le lieu d’exposition, son environnement, qui confère à l’objet son statut d’œuvre d’art et non pas l’objet lui-même. L’œuvre d’art ne se limite pas à sa représentation physique mais prend en compte le cadre réel ou conceptuel qui concourt à son interprétation. L’œuvre de Marcel Duchamp annonce déjà ce que les artistes vont développer après lui : le Pop art, les installations, voire les happenings…
Le surréalisme
Après la Première Guerre mondiale, le surréalisme se développe, en grande partie sur les restes de Dada, mort en 1921. Beaucoup d’artistes cubistes ou dadaïstes deviennent ainsi surréalistes. Le travail de Jean Arp, avec ses formes fantaisistes qui semblent flotter dans l’espace, appartient à ce mouvement. Alberto Giacometti, Salvador Dali, Joan Miró, Max Ernst ou Meret Oppenheim ont également produit des œuvres surréalistes. On peut aussi citer aussi les boîtes de Joseph Cornell.
Le constructivisme
Durant les années 1920 et 1930, les constructivistes (mouvement né en Russie et en Ukraine – le terme d’art de la construction étant d’abord utilisé par dérision par Kazimir Malevitch afin de décrire le travail d’Alexandre Rodtchenko en 1917) construisent plutôt qu’ils ne sculptent ou modèlent leurs œuvres. La beauté de la forme pure et dans l’espace les excite. Les frères russes Naum Gabo et Antoine Pevsner utilisent des lames de métal et de plastique pour obtenir un effet de légèreté et de transparence. Le fondateur et membre le plus célèbre du constructivisme fut Vladimir Tatline.
Beaucoup d’artistes créent aussi leur propre style, explorant des voies nouvelles. Les longues figures minces d’Alberto Giacometti semblent errer seules dans un monde sans frontières. Alexander Calder crée des sculptures en mouvement, appelées mobiles, et stationnaires, appelés stabiles. Les sculptures d’acier à base de formes géométriques de David Smith ont un sens de l’équilibre et de l’ordre qui plaît à l’œil.
Henri Moore
Une autre figure dominante dans le monde de la sculpture, l’anglais Henry Moore, a utilisé des matériaux traditionnels (bois, bronze, et pierre) en étudiant les problèmes traditionnels de la sculpture comme le personnage assis et la figure couchée. Mais il pensait que les formes de l’espace créé par une sculpture sont aussi importants que les formes solides, et il a souvent mis des trous ou des ouvertures dans ses sculptures. Moore a également travaillé les effets de lumière et d’obscurité en jouant avec des formes concaves ou convexes.
L’impact de Brancusi, avec son vocabulaire d’épure et d’abstraction, va se retrouver dans les années 1930 et 1940, illustré par des artistes tels que Gaston Lachaise, Sir Jacob Epstein, Henry Moore, Alberto Giacometti, Joan Miró, Ásmundur Sveinsson, Julio González ou Jacques Lipchitz.
Post-1950
Dans les années 1950 et 1960, les sculpteurs abstraits expérimentent un large éventail de nouveaux matériaux dans des approches différentes. L’imagerie surréaliste, l’abstraction anthropomorphe, de nouveaux matériaux ou combinaisons d’objets sont devenu caractéristiques de beaucoup de sculptures modernistes. Les projets en collaboration avec des architectes ou des paysagistes ont élargi le champ de l’intégration contextuelle aux sites extérieurs. Des artistes comme Isamu Noguchi, David Smith, Alexander Calder, Jean Tinguely, Richard Lippold, George Rickey, Louise Bourgeois ou Louise Nevelson caractérisent la sculpture de cette époque.
Jean Tinguely
Jean Tinguely est un maître incontestable dont l’œuvre compte parmi les manifestations les plus vivantes de la sculpture du XXe siècle. Tinguely est un sculpteur qui, avant tout, utilise des matériaux de récupération auxquels il redonne vie en utilisant des moteurs pour les animer. Il remet en question l’académisme de l’art. Il crée ses machines dans le contexte des « Trente Glorieuses » et de son « culte » du progrès. Construites en partie à l’aide d’objets de récupération, les «machines» de Tinguely, consciemment imparfaites, refusent le culte de l’objet neuf produit par une société de consommation. Il est en avance sur son temps en pratiquant le recyclage. Dans une société ou la machine est de plus en plus présente, il l’introduit dans l’art en montrant son aspect ludique et inutile.
L’expressionnisme abstrait
Dans les années 1950 l’expressionnisme abstrait, mouvement artistique qui s’est développé peu après la Seconde Guerre mondiale aux États-Unis et est un élément central de l’école de New York, se retrouve également dans les œuvres de quelques sculpeurs, comme David Smith, Richard Stankiewicz ou Roberto Matta.
Première galerie
Voici donc la première galerie, qui court de 1901 à 1962, avec 165 sculpteurs, dont 17 femmes.
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La sculpture contemporaine
Il est difficile, voire impossible, de dater précisément le passage de l’art moderne à l’art contemporain. C’est en fait un glissement progressif qui s’est effectué au cour des année 1960 à 1970, quand de nouveaux mouvements d’avant-garde apparaissent tel que le Minimalisme (Donald Judd, Dan Flavin…) qui abolit les frontières entre peinture, sculpture et architecture, l’Art conceptuel (Jospeh Kosuth, Wiener) où le mot évince l’objet, l’Arte Povera (Mario Merz, Giuseppe Penone…) qui articule la technologie et la nature.
L’art conceptuel
On pourrait dire que c’est avec l’art conceptuel que ce passage a vraiment eu lieu. L’art conceptuel est un art dans lequel le concept ou l’idée priment sur l’esthétique traditionnelle et les préoccupations matérielles. Beaucoup d’œuvres de l’art conceptuel, parfois appelées installations, peuvent être construites simplement en suivant un ensemble d’instructions écrites. Cette méthode se retrouve par exemple chez l’artiste américain Sol LeWitt pour ses Wall paintings. Joseph Kosuth (dans des travaux comme One and Three Chairs, 1965) fut l’un des théoricien de l’art conceptuel, avec Joseph Beuys, James Turrell (qui a travaillé sur la lumière), ou l’Irlandais Michael Craig-Martin, entre autres. Mais, on l’a vu, le premier artiste conceptuel fut certainement Marcel Duchamp. Plus près de nous, beaucoup de Young British Artists sont des artistes que l’on peut qualifier de conceptuels, comme Damien Hirst (et son célébrissime requin), Rachel Whiteread, Tracey Emin (qui exposa son propre lit dans l’état où il se trouvait après plusieurs jours de dépression) ou Marc Quinn.
Fluxus
Entre 1958 et 1961, de jeunes artistes, influencés par le dadaïsme, par l’enseignement de John Cage - lui même inspiré par la philosophie zen et les ready-made de Marcel Duchamp -, effectuent un minutieux travail de sape des catégories de l’art par un rejet systématique des institutions et une profonde remise en question de la notion d’œuvre d’art. Ils nomment leur mouvement Fluxus. Fluxus participe aux questionnements soulevés par les formes d’arts qui voient le jour dans les années 1960 et1970 : statut de l’oeuvre d’art, rôle de l’artiste, place de l’art dans la société, notamment. Yoko Ono, Daniel Spoerri, le Sud-Corééen Nam June Paik (considéré comme le premier artiste du mouvement d’art vidéo) ou l’allemend Joseph Beuys feront partie de Fluxus. À la fois controversé et admiré, Joseph Beuys est considéré comme l’un des artistes allemand majeurs de l’art contemporain. Son travail est un questionnement permanent sur les thèmes de l’humanisme, de l’écologie, de la sociologie, et surtout de l’anthroposophie. Cela le conduisit à définir notamment le concept de « sculpture sociale » en tant qu’Œuvre d’art totale, énoncée dans les années 1970 avec « Chaque personne [est] un artiste ».
Abstraction et Minimalisme
Dans les années 1960 l’abstraction géométrique et le minimalisme, qui réduit la sculpture à ses traits les plus essentiels et fondamentaux, prédominent. Les travaux en acier soudés se retrouvent aussi bien chez Sir Anthony Caro, John Chamberlain ou Mark di Suvero. Les minimalistes et post-minimalistes sont légion : Tony Smith, Donald Judd, Robert Morris, Anne Truitt, Giacomo Benevelli, Arnaldo Pomodoro, Richard Serra, Carl Andre, Dan Flavin, Eva Hesse, Christo ou Walter De Maria.
Interprété comme une réaction au débordement subjectif de l’expressionnisme abstrait et à la figuration du pop art, l’art minimal s’inspire du célèbre principe de l’architecte Mies van der Rohe « Less is more ». Le travail et la réflexion des minimalistes portent avant tout sur la perception des objets et leur rapport à l’espace. Leurs œuvres sont des révélateurs de l’espace environnant qu’elles incluent comme un élément déterminant. Le minimalisme est à l’origine d’une part importante de la sculpture contemporaine mais aussi, d’une certaine façon, de l’art conceptuel – lequel prolonge le souci d’économie de moyens jusqu’à privilégier l’idée sur la réalisation.
Le Pop art
Les années 1960 voient également le développement du Pop art. Les artistes choisissent de dépeindre les sujets du quotidien qui les entoure : les boîtes Brillo et les boîtes de soupe d’Andy Warhol, les hamburgers de plâtre de Claes Oldenburg, les morceaux de viande de Paul Thek. George Segal expose des moulages en plâtre de figures humaines dans des poses tous les jours. Les artistes sont alors des montreurs et renoncent à la beauté ; ils utilisent des matériaux mais ne créent pas, comme dans la Junk sculpture, qui fait appel à des matériaux de recyclage, des rebuts industriels ou des déchets, comme chez Tinguely, César (et ses compressions), Arman (et ses accumulations), Marisol Escobar, Edward Kienholz ou Robert Rauschenberg.
Le néon
C’est en 1912, il y a cent ans exactement, que le physicien et chimiste français Georges Claude met au point le premier tube au néon. Populaires dans les années 1920 à 1950, l’éclairage au néon dans la publicité extérieure et la signalisation a diminué ensuite, et ce sont les artistes qui ont repris son utilisation, dans des objets individuels ou intégrées à l’architecture. Les pionniers sont Gyula Kosice (argentin né en Slovénie) et Lucio Fontana au début des années 1940 à 50. Parmi les nombreux artistes qui ont œuvré dans l’éclairage au néon, citons Stephen Antonakos, les artistes conceptuels Joseph Kosuth et Bruce Nauman, Martial Raysse, Jean-Michel Alberola, Chryssa, Piotr Kowalsk, François Morellet ou Dan Flavin.
Le land art
Né à la fin des années 1960, le land art est une tendance importante de l’art contemporain. Les premières œuvres ont été réalisées dans les paysages désertiques de l’Ouest américain. Avec les artistes du land art, la nature n’est plus simplement représentée : c’est au cœur d’elle-même (in-situ) que les créateurs travaillent. Ils veulent quitter les musées et les galeries avec leurs tickets d’entrée et heures d’ouverture afin de véritablement « sortir des sentiers battus ». L’œuvre doit être non plus une valeur marchande vouée à une élite mais une véritable expérience liée au monde réel. Les œuvres sont souvent gigantesques, comme Double Negative de Michael Heizer, où 240 000 tonnes de roches sont déplacées dans le désert du Nevada. Spiral Jetty de Robert Smithson (1970) était une longue jetée de 457 m de long et de cinq mètres de large environ au bord du Grand Lac Salé. Les artistes utilisent les matériaux de la nature (bois, terre, pierres, sable, rocher, etc.) et creusent, déplacent, transportent, accumulent, griffent, tracent, plantent… Ils introduisent aussi des produits manufacturés : 400 poteaux en acier inoxydable dans le désert du Nouveau-Mexique (Walter De Maria, The Lightning Field), 2 700 parasols jaunes ou bleus simultanément sur la côte californienne et au Japon (Christo et Jeanne-Claude, The Umbrellas), ou de gigantesques nénuphars de tissu rose autour des îles de Floride (Christo et Jeanne-Claude, Surrounded Islands). On peut également citer Andy Goldsworthy, Richard Long, Richard Serra, Robert Irwin.
Le land art est une des composantes de l’Art in-situ. En art contemporain, une œuvre in-situ est une œuvre créée spécialement pour son site d’accueil, elle n’est donc pas transportable. Ce terme désigne également une œuvre pour laquelle l’artiste a tenu compte du lieu dans lequel elle est installée. Il peut s’en inspirer pour la composition, le thème abordé, les formes et les couleurs… Les œuvres in-situ ont des caractéristiques qui leur sont propres. Elles sont, par nature, en interaction avec leur environnement, et peuvent subir des dégradations. C’est pourquoi les œuvres in-situ sont souvent des œuvres éphémères. De plus, l’art in-situ, en particulier lorsqu’il est dans la rue, implique une interaction avec le public, qui peut alors toucher l’œuvre, tourner autour, monter dessus, et même lui retirer certains éléments ou la compléter. Une œuvre in-situ n’est pas fixe, elle « vit », elle évolue dans le temps, avec son environnement et son public. La notion d’in-situ se retrouve dans d’autres formes d’art, comme le Land art, le Street art, ou l’art contextuel. Mais une œuvre in-situ n’appartient pas forcément à l’un de ces mouvements (le muralisme est par exemple aussi de l’art in-situ). Le terme Art in-situ a été promu et affiné par l’artiste californien Robert Irwin, mais il a été effectivement utilisé dans son acception contemporaine pour la première dans le milieu des années 1970 par de jeunes sculpteurs, comme Patricia Johanson, Dennis Oppenheim et Athena Tacha. Finalement, la plupart des commandes publiques de sculptures, comme les colonnes de Daniel Buren au Palais Royal, à Paris, sont des œuvres in-situ.
L’arte povera
Les débuts de l’Arte Povera, mouvement artistique italien, remontent à 1967 ; l’apparition de ce mouvement en Italie correspond à un phénomène international plus vaste, qui se manifeste dans des expériences telles que celles du Land Art ou de l’Art conceptuel. En Italie, ces recherches ont eu pour centres principaux Turin avec des artistes comme Mario Merz, Gilberto Zorio, Alighiero Boetti et Rome, avec Pino Pascali et Jannis Kounellis. L’Arte Povera peut se rattacher à certaines composantes culturelles des années antérieures, et plus précisément aux tendances néo-dadaïstes américaines, au Nouveau-réalisme franco-européen et à l’œuvre d’Alberto Burri et de Piero Manzoni en Italie. Le caractère élémentaire de certains matériaux, choisis en raison même de leur “ pauvreté ” et l’activité de genre artisanal exercée par l’artiste dans la réalisation de ses “ compositions ” sont une des solutions aux exigences fondamentales de l’Art Pauvre. On parle beaucoup de retour aux arts premiers en privilégiant des techniques artisanales rustres : feu, coups de haches, matériaux bruts – chiffon, terre, etc. Ils se servent souvent de sacs de jute, de verre, de sable, de pierres, de terre, d’eau, etc. Les artistes mettent l’accent sur le fait brut et la présence physique d’un objet. Giuseppe Penone est l’un des artistes de l’arte povera les plus reconnu.
La figuration
On constate aussi, au cours des années 1960 et 1970, un retour de la sculpture figurative par des artistes pop ou des artistes modernistes tels que George Segal, Manuel Neri, Niki de Saint Phalle (et ses célèbres Nanas), ou John de Andrea et Duane Hanson et leurs personnages hyperréalistes (genre porté à son paroxisme par Ron Mueck dans les années 1990). Cette tendance se poursuit dans les années 1980 avec, entre autres, Robert Graham, dans un style classique, ou Fernando Botero, mondilalement célèbre pour ses femmes opulentes.
Dans les années 1990 et 2000, la figuration est bien représentée par les chinois Chen Wenling, Xiang Jing ou Yue Minjun. Les italiens Aron Demetz et Bruno Walpoth déclinent également la figure humaine à travers un matériau qu’ils affectionnent particulièrement, le bois. C’est dans ce matériau vivant qu’ils créent des sculptures d’êtres humains d’un réalisme surprenant.
L’anglais Marc Quinn interroge la relation que nous entretenons avec notre enveloppe charnelle à travers un très large ensemble d’œuvres reproduisant par exemple des corps maltraités par la nature ou par leurs « propriétaires ». Il réalise notamment des statues en marbre grandeur nature d’hommes et de femmes privés de certains de leurs membres à la naissance ou suite à un accident. L’une de ses œuvres les plus célèbres est une statue de l’artiste Alison Lapper (née sans bras et les jambes atrophiées) enceinte qui a été exposée sur Trafalgar square puis, dans une version agrandie, lors des Jeux paralympiques de Londres en 2012. Il est également connu pour son autoportrait créé à partir de son propre sang, moulé et congelé. Nageant dans le silicone liquide, cette œuvre fragile, quasi vivante et évolutive, permet à l’artiste, qui en exécute une nouvelle version tous les cinq ans, de mettre en scène son propre vieillissement tout en bousculant les genres du portrait et de l’autoportrait.
Autre anglais avec Antony Gormley, dont l’œuvre s’articule autour de la notion de corps comme lieu de mémoire et de transformation. Son propre corps est à l’origine de ses productions. Ainsi, depuis les années 1990, il explore les différentes relations entre l’enveloppe corporelle, la présence de l’homme, l’espace architectural ou naturel et l’environnement, à travers des installations de sculptures monumentales.
La suédoise Cajsa von Zeipel sculpte en polystyrène, jesmonite et plâtre des jeunes femmes blanches et maigres, plus grandes que nature et juchées sur d’immenses talons hauts. Son travail découle de réflexions sur le narcissisme et la culture des jeunes, comme la culture pro-ana, sur les forts désirs de se réaliser quel qu’en soit le coût.
Deuxième galerie
Voici donc la deuxième galerie, de 1963 à 2000, avec 187 sculpteurs, dont 27 femmes.
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Pour résumer…
Depuis les années 1980, rien de vraiment nouveau sinon une multiplication des moyens d’expression et de leur interaction, de plus en plus d’installations faisant appel à tous les médias, peinture, sculpture, photo, vidéo, art numérique, lumière, robotique, performance, etc. Forme, espace, réalité, émotion et beauté parfaite ont motivé les artistes de tous les siècles, mais le XXe siècle leur a donné de nouvelles formes. Si l’on cherche à dégager une cohérence dans cette création multidimensionnelle, on peut dire que le fond commun est le glissement de sens qui caractérise tout l’art du XXe siècle, y compris la peinture : d’un art de la perception à un art de la conceptualisation. La sculpture moderne s’est imprégnée de la peinture moderne en usant de la liberté de faire d’une forme un concept. Cette conceptualisation se détermine selon deux axes :
- le premier qui donne des œuvres abstraites inspirées d’idées ‘culturelles’ – formelles ou idéologiques – qui sont dans l’air (œuvres constructivites, futuristes, cubistes, surréalistes, dadaïstes, les premières sculptures d’assemblage et la récupération d’objets). Ici on s’attache à une idée, un concept ;
- le deuxième, basé sur une philosophie de la nature et une pensée mythique, qui engendre des formes biologiques ou organiques (Moore, Miro…). Cela regroupe des œuvres où l’activité sensorielle est primordiale : les artistes s’attachent aux formes et travaillent ce que l’on voit : nous pourrions appeler cet axe « l’esthétique des formes ».
Quelques chiffres
En 2012-2013, le premier sculpteur contemporain est Jeff Koons qui se classe 2e avec 40 millions d’Euros de produit des ventes (ce qui le met 43e au classement général toutes époques confondues), avec une enchère record de 23 millions d’Euros pour ses Tulips monumentales. Il est suive de Damien Hirst (8e), Anish Kapoor (11e), Rudolf Stingel (20e), Takashi Murakami (21e), Liu Wei (23e), Thomas Schütte, Cai Guo-Qiang, Marc Quinn, Dan Colen, Maurizio Cattelan, Urs Fischer, Sterling Ruby, Ugo Rondinone, Antony Gormley, Farhad Moshiri, Franz West, Cady Noland, Bharti Kher, Li Chen, Rosemarie Trockel, Tauba Auerbach, Gabriel Orozco, Juan Muñoz, Subodh Gupta, Anselm Reyle, Félix González-Torres, Zhan Wang, Pan Gongkai et Ai Weiwei (151e). Anselm Kiefer et William Kentridge sont également classés mais c’est surtout pour leurs peintures et dessins.
Pour ce qui est du classement général, toutes époques confondues, le premier sculpteur est, en 2012, Alexander Calder qui se classe 13e avec un produit des ventes de 128 millions de $ et des enchères record pour deux mobiles : Lily of Force (datant de 1945 – 18,6 millions de $) et Snow Flurry (datant de 1948 – 9,2 millions de $). Joan Miró est classé juste devant lui mais c’est essentiellement pour ses peintures. Ils sont suivis par Henri Moore (21e), Jeff Koons (43e), Alberto Giacometti (45e), Damien Hirst (72e), Constanti Brancusi (75e), Yayoi Kusama, François-Xavier Lalanne, Auguste Rodin, Donald Judd, Louise Bourgeois, Fernando Botero, Takashi Murakami, Anish Kapoor, Liu Wei, Lee Ufan et Hans Arp (189e), pour ne parler que des 200 premiers.
Pour info, les 5 premiers de ce classement sont donc des peintres : Andy Warhol (avec 330 millions de $ de Produit de ventes), Zhang Daqian (287 m$), Pablo Picasso (286 m$), Qi Baishi (270 m$) et Gerhard Richter (263 m$) ; Andy Warhol et Pablo Picasso étant également sculpteurs – mais ce sont surtout leurs peintures qui se vendent cher. Ainsi, pour Picasso, son record pour une toile est de 95 m$ (Nude, Green Leaves and Bust, 1932, vendu le 4 mai 2010 par Christie’s New York) contre seulement 26 m$ pour sa sculpture Tête de Femme, Dora Maar (1941, vendue le 7 novembre 2007 chez Sotheby’s New York).
Evidemment ces chiffres ne peuvent pas, à eux seuls, fixer la valeur d’un artiste. D’autant que si l’on se réfère seulement au Produit de ventes, celui-ci peut être très fluctuant d’une année à l’autre car il dépend de la quantité d’œuvres de l’artiste mises en vente et de leur qualité. Si l’on retrouve depuis des années Warhol et Picasso en tête des classements c’est, certes, parce qu’ils sont des icônes de l’art mais aussi parce qu’ils ont produit énormément d’œuvres qui, n’étant pas toutes dans des musées, restent disponibles à la vente. Edvard Munch, par exemple, a produit beaucoup moins d’œuvres et la plus grande partie se trouve dans des musées. Mais, lorsque l’une d’elle se retrouve à la vente comme ce fut le cas de la seule version du Cri qui ne soit pas dans un musée, les prix s’envolent puisque cette toile, jamais exposée en public, s’est vendue 120 m$ (avec les frais) le 2 mai 2012, record mondial pour une vente aux enchères. Le record d’enchère pour une sculpture en 2012 a été établi par Jeff Koons pour Tulips (30 m$), suivi par Henri Moore (Reclining Figure : Festival – 28 m$) – le record absolu pour une sculpture restant celui établi par Alberto Giacometti en 2010 pour L’homme qui marche I (105 millions de $), suivi par Balloon Dog (Orange) de Jeff Koons vendu 58,4 m$ le 12 novembre 2013 (c’est donc tout récent), ce qui en fait la sculpture la plus chère jamais vendue par un artiste vivant. Derrière, on trouve une statue mésopotamienne datant de 3000 avant JC (57 m$), Grande tête mince de Giacometti (53 m$) et une Tête de Modigliani (52 m$).
Le cas particulier de la Chine
En 2011 le marché de l’art a connu une révolution : la Chine est devenue, cette année là, la première place mondiale pour les transactions en Fine art (peinture, sculpture, installations, photographies, dessins) dans les salles de ventes, devant les États-Unis. Avec une croissance de 49% de leurs investissements sur un an, ils représentaient en 2012 41% du marché mondial de l’art (contre 27% pour les USA, 18% pour le Royaume-Uni et 4% pour la France). Mais ce qui est remarquable, c’est que les acheteurs chinois n’ont pas fait main basse sur les valeurs sûres de l’art occidental, comme les nouveaux riches d’autres pays non-occidentaux avant eux, mais ont plutôt créé leur propre standard. Du coup, un nombre incroyable d’artistes chinois, pour la plupart inconnus chez nous jusque là, se retrouvent maintenant classés dans les meilleures ventes d’art. Mais cela concerne presque exclusivement la peinture traditionnelle chinoise et la calligraphie, qui représente 51% du marché de l’art chinois en 2012. Si on enlève encore les 38% concernant les porcelaines et objets d’art, il reste à peine 9% pour la peinture à l’huile & l’art contemporain. C’est dans ces 9% que l’on trouve donc quelques sculpteurs contemporains chinois, pour la plupart figuratifs. Le premier d’entre eux, en terme de produit des ventes, est Liu Wei, qui, en 2012, est classé à la 187e place mondiale – mais à la 23e place si l’on ne considère que l’art contemporain, suivi par Cai Guo-Qiang et ses installations géantes (46e), Li Chen (103e), Zhan Wang (143e), Pan Gongkai (149e) et Ai Weiwei – le plus médiatisé chez nous – (150e). On peut également citer Cai Zhisong, Prix Taylor du Salon d’Automne à Paris en 2001, Huang Yong Ping, Xiang Jing, Shen Hong Biao, Wu Weishan (fondateur et président de l’Académie chinoise de sculpture et directeur de l’Académie des Beaux-Arts de l’Université de Nanjing) ou Wang Keping et ses sculptures en bois.
Wang Keping vit à Paris depuis 1988 à cause des difficultés rencontrées dans les années 1980 pour montrer son travail en Chine. Il faisait alors parti d’un groupe d’artistes expérimentaux appelé Xing Xing (Les étoiles) fondé par des peintres et des sculpteurs qui se considéraient comme des points de lumière dans une nuit sans fin. C’est en 1979 que leurs premières expositions (interdits, ils exposent sur les grilles de la National Gallery – 2 mois plus tard ils attirent 200 000 visiteurs dans une galerie) ont bravé la mainmise et l’orthodoxie du Parti communiste et a ouvert la voie à la (relative) liberté d’expression artistique en Chine. Les douze principaux membres de la société étaient Huang Rui, Ma Desheng, Yan Li, Wang Keping, Yang Yiping, Qu Lei Lei, Mao Lizi, Bo Yun, Zhong Ahcheng, Shao Fei, Li Shuang et Ai Weiwei. En raison de la pression politique, le groupe s’est rapidement dissout et la majorité des membres ont quitté la Chine : Huang Rui pour le Japon en 1984, Wang Keping, Ma Desheng et Li Shuang pour la France, Qu Lei Lei pour l’Angleterre, Ai Weiwei (le premier à partir, en 1981), Yan Li, Zhong Ahcheng et Shao Fei pour les États-Unis. Et ce n’est finalement que dans les années 1990 qu’une véritable avant-garde a pu naître en Chine.
Et maintenant ?
Avec l’art contemporain, une conception nouvelle beaucoup plus large de la sculpture se fait jour. Conception qui bouleverse totalement la notion restrictive de la sculpture comprise comme un objet que l’on situe et perçoit dans l’espace tridimensionnel, pour atteindre celle plus vaste d’« espace » comme lieu polyvalent. Cette conception tendra de plus en plus à utiliser et à développer toutes les données possibles du concept d’espace envisagé comme lieu mental et physique. La sculpture acquiert ainsi une dimension spatio-temporelle globalisante, quasi « totalitaire », puisqu’elle cherche à intégrer tous les moyens d’expression, et de laquelle rien de l’action et de la pensée de l’artiste et même du spectateur ne serait exclu…
Troisième galerie
Voici enfin la troisième (et dernière) galerie, celle du XXIe siècle, de 2001 à 2013, avec 132 sculpteurs, dont 25 femmes.
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Les autres sculptures
Le texte qui précède est vrai, mais concerne surtout la sculpture occidentale, c’est à dire essentiellement européenne, américaine et japonaise. Pour ce qui concerne les sculptures africaine, asiatique ou du moyen-orient (dont j’ai quand même glissé quelques exemples dans mes galeries), elles ont forcément d’autres traditions, une autre histoire et, donc, une autre évolution. Il en a été de même dans les pays se trouvant derrière le rideau de fer où les artistes ont, pendant de nombreuses années, été déconnectés des grands courants occidentaux et tributaires du pouvoir en place. La sculpture, alors, se résumait à des commandes publiques pour de grands monuments destinés à glorifier les grands hommes (Tankut Öktem : Monument à la gloire d’Atatürk, à Ankara, ou Lev Kerbel : Karl Marx Monument, à Chemnitz), le pouvoir en place (L’Ouvrier et la Kolkhozienne, œuvre de 25 mètres de haut et de 80 tonnes créée par Vera Moukhina pour surmonter le pavillon de l’Union soviétique à l’exposition universelle de 1937 à Paris) ou la Mère patrie (avec, par exemple, cette statue de 82 mètres de haut, érigée par Evgueni Voutchetitch à Volgograd en 1967, ou cette autre de 20 mètres de haut, tout en aluminium, construite en Georgie par Elguja Amashukeli). On pourrait également parler d’Arno Breker, qui eut le tort de mettre son très grand talent au service d’Hitler.
On peut toutefois remarquer qu’avec la mondialisation, ces différences tendent à s’estomper et qu’aujourd’hui des artistes iraniens (Shirazeh Houshiary, Sahand Hesamiyan), éthiopiens (Mickael Bethe-Selassié), ghanéen (El Anatsui), sud-africains (Norman Catherine, Paul Du Toit, William Kentridge, Deborah Bell, Wim Botha), turc (Salih Coşkun), mais aussi (tirés sans doute par la locomotive chinoise) indonésiens (Heri Dono, Agapetus Agus Kristiandana, Dadang Christanto), taïwanais (A-Sun Wu), sud-coréens (Nam June Paik, Do-Ho Suh, Lee Ufan), thaïlandais (Kamin Lertchaiprasert) et indiens (Anish Kapoor, Valay Shende, Subodh Gupta) ont rejoint le grand marché de l’art contemporain, qui n’a plus vraiment de frontière…