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Sans papiers et CGT. C'est quoi ce bin's ?

Publié le 10 mai 2008 par Abfaboune

Le traitement par la presse de la récente occupation d'un collectif de sans-papiers (Coordination 75) des locaux de la CGT est pour le moins étrange.

L'occupation est désormais terminée même si elle continue ailleurs, mais il est à noter que bon nombre de titres de presse ont repris en titre ce que clamaient ces sans-papiers, à savoir qu'ils considéraient avoir été "pris en otage" par la CGT, qui aurait récupéré le mouvement, puis trahi et "oublié" ceux qu'ils sont censés défendre.Sans papiers et CGT. C'est quoi ce bin's ?
Libé titre : "Sans-papiers: « La CGT a pris le mouvement en otage »", LeNouvelObs.com "Des sans-papiers accusent la CGT d'avoir "pris en otage" le mouvement", tandis que Rue89 s'interroge "La CGT prend-elle les sans-papiers pour des pantins ?".
Il est à noter que ces expressions reviennent systématiquement pour chaque mouvement de grève. "Grève de trains : usagers pris en otage". Sauf que ce vocabulaire est plutôt l'apanage de la presse de droite, et de la télé (qui est donc globalement de droite).
Cette fois-ci, c'est justement cette presse (pas la télé hein) de droite qui fait son travail correctement, sans verser dans les expressions faciles. Les Echos : "Travailleurs sans-papiers : la CGT prise en étau", et Le Point : "Sans-papiers : la CGT joue le pragmatisme face à un afflux de demandes".
Comme on le voit, l'axe est tout autre, et surtout, beaucoup plus objectif. Plutôt que de donner exclusivement la parole au Collectif 75, et de reprendre leur propos en titre (ce qui ne constitue en rien un traitement objectif) même avec un point d'interrogation, Le Point et Les Echos ont simplement demandé à la CGT pourquoi cela se passait ainsi, histoire de donner les deux points de vue.
On apprend par exemple que ces sans-papiers pas contents sont tout à fait distincts de ceux dont la CGT s'occupe en vue de leur régularisation. A travers les titres de la presse, l'amalgame avec l'ensemble du mouvement est facile, mais faux.
Femme actuelle nous apprend quelque chose de décisif dans cette histoire : "la "coordination 75" de sans-papiers a à son tour tenté de déposer environ 1 000 demandes de régularisation de sa propre initiative. Cela nous a été refusé par la préfecture de Paris, c'est pourquoi nous demandons que la CGT élargisse sa propre liste."
Tiens tiens... ils la jouent solo, ça marche pas, alors ils font la grosse pression sur la CGT pour tenter de sauver la face. La CGT s'interroge d'ailleurs sur l'attitude de la Préfecture qui a téléguidé ce collectif...
Sauf que la CGT, de façon pragmatique, a décidé de traiter les mille premiers dossiers transmis au ministère, plutôt que de charger la barque, au risque d'un refus global. On peut supposer que le mouvement syndical a très bien entendu les propos du chef de l'Etat qui ne voulait pas envoyer de message à l'étranger en faisant des régulations massives, craignant un afflux de nouveaux clandestins.
Il est assez intelligent que la CGT soit prudente et réaliste, dans le contexte politique actuel. Cela correspond d'ailleurs aux actions que Thibault a mené depuis quelques temps, faisant rentrer son mouvement dans une logique de négociation plutôt que de contestation en bloc.
Comme on le voit, les tenants et aboutissants de ce conflit reste l'image. L'image de la France, ou de la CGT, que la Préfecture cherche à discréditer
Il est déplorable que ce soit la presse dite de gauche qui soit tombée dans le panneau.
Big-Up à la presse de droite et à Femme actuelle !

Image : Prisma/AFP. Raymond Chevau, de la CGT, avec une partie des mille sans-papiers.
Notons que les sans-papiers ne demandent pas leur "naturalisation" comme l'avait dit le chef de l'Etat. Ils demandent simplement leur "régularisation", à savoir, des titres de séjour.

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