"Je me demande ce que je fais là derrière cet écran...je deviens plante
sans vie apparente,
seules les racines m'irriguent
dans une terre noire et froide,
aucune floraison ni signe extérieur de voyage...
asséchée hibernante ou lassée ?
je ne vais plus au théâtre je collecte les informations pour vous,
comme cela en passant, brèves de "on dit"
j'écoute aux portes et sinon
je vis
ici hors pistes
et sur scène par projection attention écoute observation avec nos élèves
sur scène...
et j'ai de vieux amis avec qui j'égrène
j'amortis les soubresauts de la vie en parlant...
aussi quelquefois d'autres chose...
en saouleries d'un soir à même du très tard.
Les spectacles que je propose, vous pouvez être assurés, jeunes amoureux ou vieux curieux... c'est du théâtre,
de la sphère ou de l'abîme
des formes noires ou rouge écarlate, grises ou couleur sépia, miroirs
ou buvards comiques au nez rouge ou aux masques blancs et/ou cuivrés de l'ailleurs...
Cathédrale du théâtre et autres scènes, de rue, de quartiers, amateurs à la lune
métissages appréciés, Tour de Babel
penchée...vous pouvez être assurés que je vérifie connais les acteurs et/ou metteurs en scène et/ou auteurs..."
http://nathpasse.blogspot.fr/2009/01/je-me-demande-ce-que-je-fais-l-derrire.html
cela c'était en janvier 2009 et depuis je glane...c'est donc, un des articles le plus lu : intitulé le Corps Furieux avec mention aussi de Michel Fau dans un spectacle à l'Opéra Comique
les mots repérés disent-ils : allo, colère, fragile... en 2013 (France-Inter)
ce matin alors que je ne voulais pas resurgir au milieu des gens éveillés en représentation du dehors au dehors.... sans partage
et j'ai trouvé cela merveille, les voeux d'Ariane Mnouchkine, rapportés par cet autre ami dont je suis platoniquement amoureuse depuis le début, pour le pire et le meilleur ? des amours dont il faut se tenir éloignée, rapportés par Olivier Steiner.
http://www.oliviersteiner.fr/
"Je déteste les vœux urbi et orbi, sauf quand ils sont écrits :
« Mes chères concitoyennes, mes chers concitoyens,
À l’aube de cette année 2014, je vous souhaite beaucoup de bonheur.
Une fois dit ça… qu’ai-je dit? Que souhaité-je vraiment ?
Je m’explique :
Je nous souhaite d’abord une fuite périlleuse et ensuite un immense chantier.
D’abord fuir la peste de cette tristesse gluante, que par tombereaux entiers, tous les jours, on déverse sur nous, cette vase venimeuse, faite de haine de soi, de haine de l’autre, de méfiance de tout le monde, de ressentiments passifs et contagieux, d’amertumes stériles, de hargnes persécutoires.
Fuir l’incrédulité ricanante, enflée de sa propre importance, fuir les triomphants prophètes de l’échec inévitable, fuir les pleureurs et vestales d’un passé avorté à jamais et barrant tout futur.
Une fois réussie cette difficile évasion, je nous souhaite un chantier, un chantier colossal, pharaonique, himalayesque, inouï, surhumain parce que justement totalement humain. Le chantier des chantiers.
Ce chantier sur la palissade duquel, dès les élections passées, nos élus s’empressent d’apposer l’écriteau : “Chantier Interdit Au Public“
Je crois que j’ose parler de la démocratie.
Etre consultés de temps à autre ne suffit plus. Plus du tout. Déclarons-nous, tous, responsables de tout.
Entrons sur ce chantier. Pas besoin de violence. De cris, de rage. Pas besoin d’hostilité. Juste besoin de confiance. De regards. D’écoute. De constance.
L’Etat, en l’occurrence, c’est nous.
Ouvrons des laboratoires, ou rejoignons ceux, innombrables déjà, où, à tant de questions et de problèmes, des femmes et des hommes trouvent des réponses, imaginent et proposent des solutions qui ne demandent qu’à être expérimentées et mises en pratique, avec audace et prudence, avec confiance et exigence.
Ajoutons partout, à celles qui existent déjà, des petites zones libres.
Oui, de ces petits exemples courageux qui incitent au courage créatif.
Expérimentons, nous-mêmes, expérimentons, humblement, joyeusement et sans arrogance. Que l’échec soit notre professeur, pas notre censeur. Cent fois sur le métier remettons notre ouvrage. Scrutons nos éprouvettes minuscules ou nos alambics énormes afin de progresser concrètement dans notre recherche d’une meilleure société humaine. Car c’est du minuscule au cosmique que ce travail nous entrainera et entraine déjà ceux qui s’y confrontent. Comme les poètes qui savent qu’il faut, tantôt écrire une ode à la tomate ou à la soupe de congre, tantôt écrire Les Châtiments. Sauver une herbe médicinale en Amazonie, garantir aux femmes la liberté, l’égalité, la vie souvent.
Et surtout, surtout, disons à nos enfants qu’ils arrivent sur terre quasiment au début d’une histoire et non pas à sa fin désenchantée. Ils en sont encore aux tout premiers chapitres d’une longue et fabuleuse épopée dont ils seront, non pas les rouages muets, mais au contraire, les inévitables auteurs.
Il faut qu’ils sachent que, ô merveille, ils ont une œuvre, faite de mille œuvres, à accomplir, ensemble, avec leurs enfants et les enfants de leurs enfants.
Disons-le, haut et fort, car, beaucoup d’entre eux ont entendu le contraire, et je crois, moi, que cela les désespère.
Quel plus riche héritage pouvons-nous léguer à nos enfants que la joie de savoir que la genèse n’est pas encore terminée et qu’elle leur appartient.
Qu’attendons-nous ? L’année 2014 ? La voici.
PS : Les deux poètes cités sont évidemment Pablo Neruda et Victor Hugo »
Ariane Mnouchkine
à propos d'Olivier Steiner il fait écrire hors son activité d'écrivain de ses propres livres
Atelier d’écriture du 14 décembre 2013, avec les jeunes du Refuge (ils ont entre 17 et 25 ans)
Aujourd’hui je leur propose d’écrire « d’outre-tombe », je leur dis : « voilà, vous êtes morts et vous écrivez ».
J’ajoute qu’on peut aussi parler de la mort de façon légère. Ils ont 20 minutes et une totale liberté.
Ils peuvent parler d’eux ou s’inventer un personnage.
Voici le texte composé à partir de leurs mots :
Je dois me rendre à l’évidence, la mort n’est pas si terrible. Me voilà maintenant en dehors de ce corps qui lentement tombe dans un état de simple poussière. Je peux voyager, explorer de nouveaux endroits, flâner au côté des vivants. Les gens ne me voient pas, ne m’entendent pas. Quel plaisir de voir mes petits frères s’endormir le soir, faisant leurs prières ! Ils prennent ma photo, me racontent leur journée, ils m’embrassent. J’aimerais leur dire que je suis là pour l’éternité.
Cela dit ce fut un vrai soulagement de comprendre que je n’étais plus là. Car je suis quelqu’un qu’on ne peut que détester. J’ai représenté le mal en personne et je suis bien soulagé d’être débarrassé de ce mal… être. J’étais un démon qui tuait les gens. Comme Dexter je ciblais quelqu’un qui avait fait du mal et je le tuais, lui faisant revivre juste avant ce qu’avaient vécu ses propres victimes. Mais au final il fallait que je meure, je ressemblais trop aux personnes que je tuais.
Où suis-je ? Au paradis ? Je ne vois rien, je n’entends rien, et pourtant un bien-être m’envahit. Poussière, tu seras poussière, de spermatozoïde qui rencontre l’ovule à la cendre du crématorium… que s’est-il passé ? C’est le vide dans ma tête, et je ne sais même plus par où commencer.
Le cercueil me fait peur, je me sens comme un enfant qui demande un bonbon. Mes dernières pensées vont à toutes ces personnes avec qui j’ai encore envie de passer du temps. Mais je suis mort, je n’ai plus de sensation physique et merde, je deviens sentimental ! C’est l’enfer. Satan, fais moi un gros câlin !
Quand j’ai rouvert les yeux, je n’ai vu qu’un brouillard qui n’en finissait pas, j’ai senti du froid et je crois qu’autour de moi il n’y avait que du vide et de l’espace. J’attends. J’attends la légèreté, ce pays de l’amour, un apaisement. A chaque gorgée d’eau une jouissance m’envahirait, ce serait comme ça. Tous mes désirs se réaliseraient. Mais non, j’attends dans la pénombre et c’est lugubre.
Je suis enveloppée dans un linceul blanc. Alors que jadis j’étais habillée je me rends compte que je pars comme je suis arrivée au monde, sauf qu’il n’y a plus de cris de joie. Certains me pleurent, d’autres me comparent à une étoile filante, d’autres encore m’imaginent déjà au ciel. Dans quelques heures je serai sous terre, je pars avec mes regrets et mes défauts. Fini pour moi la routine, le lever, le coucher, bouger. Je suis couchée et je ne suis plus. J’étais.
Je me tiens là comme un tas. Je ne me vois pas mais je m’imagine comme un gros sac lourd. On se demande tous ce qui se passe quand ça arrive mais c’est arrivé et je n’y pense plus. Je suis là. Tout est blanc, tout est beau et tout est affreux. Je ne bouge plus et je me sens mort. Trop tard pour se battre, penser aux autres. De toute façon la personne la plus importante pour moi n’est plus là non plus. Hé! Allo ? Tu es devenu fou ? Je me sens tout congelé, il jette un manteau sur mon dos, me fait descendre de la rambarde : tu viens chez moi, tu vas boire quelque chose de chaud. Je sens des gouttes glacées sur mon visage, elles tombent mais je marche, je vis, ouf !
Je les regarde pleurer mais le font-ils vraiment ? Moi je ne souffre pas, ça va. Enfin, c’est arrivé ! Vais-je connaître la vérité avec un grand V ? L’enfer, le paradis ? Comme je remercie cette voiture qui m’a renversé ! Ainsi ils ne se poseront pas la question du suicide. Mais quel est ce cri ? C’est moi ? Mais oui, je me réveille en sueurs. Zut, tout est à reprendre.
Il fait noir comme sont mes sens, je ne sens plus rien, la brise du vent n’a plus aucun effet sur moi. Qui suis-je ? Un esclave de la mort. Après tout maman me l’avait dit : Nous ne sommes que de passage mon fils. Mais je ne veux pas de ça, non pas de cette mort. J’ai autant de dégoût pour elle que Van Gogh en a eu pour son oreille.
Donc aujourd’hui j’ai appris ma mort, enfin c’est la fin, la fin du grand scénario. J’ai décidé d’ouvrir le rideau qui fut mon seul confident, mon unique ami et qui ne répondait pas. Je voudrais que vous sachiez que ce n’était ni contagieux, ni une distinction humaine, ni un cercle vicieux. C’est tout à fait ma vie et vous n’avez jamais essayé de la comprendre, ou pire, vous l’avez niée. Vous auriez pu me garder comme un élément de cet arbre familial et non ! Vous avez décidé de m’arracher depuis la racine sans vous soucier de la violence et de la nature sauvage. Pourtant les valeurs d’islam ignorent la violence. Maintenant je me retrouve sdf sans destination fixe.
Je vois la mort comme un statut. On ne respire plus et l’esprit n’est plus emprisonné dans ce corps que l’on pensait posséder. Le corps humain n’est peut-être que du matériel, on finira peut-être par le recycler comme on fait avec nos déchets quotidiens, peut-être même le trier. Mais ce n’est pas la question et la question est de savoir ce que c’est qu’un esprit. Esprit es-tu là ? Es-tu mort toi aussi ?
Mes chers parents, amis, plans cul, collègues de travail, etc, je vous écris depuis le paradis, ça vous étonne, hein ? Eh bien oui je suis au paradis, pas en enfer, même pas au purgatoire ! Je voudrais dire à toutes ces merdes qui ont voulu m’enterrer ou me diaboliser que j’ai toujours été certes différent mais aussi un homme bon, avec un cœur, des émotions et même une cervelle ! Je crois même que c’est cette différence qui m’a rendu comme ça ! Votre but a toujours été de m’enfoncer, de me pourrir la vie mais au final je vous remercie car vous m’avez donné de la force. Bref, je suis au paradis, peut-être là où vous n’irez pas ???
Texte écrit par Arthur, Yasmine, Ufuk, Ahmed, Hadjar, Michel, Samuel, Sitan, Javanshir, Guillaume, Moumoune, Bernard, Gilles, Jacky, Mehdi, Trésor, Jemysson, Julien, Gildas.
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