Dans leurs évaluations périodiques de l’économie algérienne durant l’année 2013, le FMI et la Banque mondiale ont émis des appréciations favorables quant à sa stabilité macro-économique, mais préviennent des carences de la diversification de l’économie, qui constituent le «maillon faible» de la sphère économique du pays.
Tandis que le Conseil d’administration du FMI devra se réunir en janvier 2014 pour l’élaboration de son rapport annuel sur l’économie algérienne, les
indications préliminaires livrées récemment par ses experts avancent que les perspectives restent, certes, favorables à court terme, mais avisent que la viabilité budgétaire et la stabilité
financière à moyen terme deviennent davantage tributaires de la volatilité des cours du pétrole. Le FMI pronostique une croissance de 2,7% en 2013, contre 3,3% en 2012, en raison de la
baisse de l’activité dans le secteur des hydrocarbures et de l’effet de la consolidation budgétaire, tandis que l’inflation, qui était proche des 9% en 2012, a été ramenée à 4,5% en octobre
dernier, grâce, notamment, à une politique monétaire prudente.
Vulnérabilité à la baisse des cours pétroliers
Mais l’institution de Bretton Woods ne manque pas de prévenir que la position financière extérieure de l’Algérie, bien qu’elle demeure solide, a commencé
à donner des signes d’affaiblissement en raison d’un double facteur de vulnérabilité : baisse des recettes des exportations d’hydrocarbures et hausse des importations. C’est dans cette
optique que le FMI considère que la priorité pour l’Algérie, à l’instar des autres pays exportateurs pétroliers de la région MENA, est d’augmenter sa résistance à tout choc de baisse des
revenus pétroliers tout en diversifiant son économie face à une population active en augmentation constante et rapide. Un meilleur climat des affaires, une solide base industrielle et
une formation de qualité sont parmi les principales mesures à mettre en place pour diversifier l’économie, stimuler la croissance du PIB non pétrolier, baisser le chômage et augmenter les
exportations hors hydrocarbures, sachant que le secteur pétrolier et gazier représente 98% des exportations, 70% des recettes publiques et près de 40% du PIB du pays, mais qui n’emploie
que 2% de la main-d’œuvre.
Une manne financière inédite pour amorcer le décollage économique
Lors de sa visite à Alger en mars dernier, la directrice générale du FMI, Mme Christine Lagarde, a relevé que rares sont les pays qui peuvent se targuer,
comme l’Algérie, d’avoir une dette extérieure de moins de 2% du PIB ou des réserves de changes équivalentes à plus de trois ans d’importations. Cela dit, elle a avancé qu’avec une croissance
mondiale encore faible, il est peu probable que cette situation offre les conditions les plus propice pour maintenir les prix pétroliers à un niveau élevé ou entretenir la croissance des
exportations algériennes d’hydrocarbures. C’est dans ce sens qu’elle a soutenu que l’Algérie a l’occasion de créer sa propre réussite en préconisant qu’un secteur privé dynamique doit
exister à côté du secteur public de façon à créer une économie plus diversifiée dans laquelle un grand nombre de secteurs enrichissent l’économie tout entière à travers, notamment
l’amélioration du climat des affaires. C’est le message délivré également par la vice-présidente de la Banque mondiale pour la région MENA, Mme Inger Andersen, lors de son séjour à Alger en
mai dernier. Cette haute responsable à la BM a salué la réussite de l’Algérie à maintenir la croissance malgré des défis internes et externes importants, mais elle a insisté sur la
diversification de l’économie pour générer, à la fois, l’emploi et la croissance. Que ce soit pour le FMI ou la BM, l’Algérie dispose d’un grand potentiel et d’une marge de manœuvre
financière inédite pour amorcer le décollage économique qui doit renvoyer à faire de la rente des hydrocarbures un tremplin pour générer des secteurs industriel et de services créateurs
d’emplois et à forte valeur ajoutée tout en diversifiant l’économie et les exportations.
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