Je me rends compte que je surintellectualise foi et pratiques. Derrière chaque Déesse, je colle un archétype ; à chaque évènement, son acte manqué ou réussit qu’il faut interpréter. Je dis parfois, en rigolant à moitié, que je fais de la psycho-magie. Par exemple, je considère que la psychosomatisation –que je m’autorise à sortir du cadre médical pour l’élargir à une définition du type « comment notre cerveau donne corps à nos états internes (émotions et croyances) »- est une chose exceptionnelle et pas simplement une curiosité neuronale. Quant aux divins, j’intègre tous ces panthéons (c’est la partie « la Déesse et le Dieu en nous ») comme étant des facettes exprimés des milles et un état de la conscience (et peut être subconscience et associés). Cette façon de procéder à des effets pervers : éloigner les Divinités en diminuant leur impact sur la réalité à l’extérieur de moi-même, en les réduisant à des mythes qu’il faut disséquer avec l’œil froid du scientifique, en les privant de leur vie propre. Bien sûr, il y a la Nature au dehors, incroyablement riche et mouvante ; mais une fois de plus je n’arrive pas à La considérer comme leur manifestation. Les Dieux et les Déesses que j’invoquais derrière la moisson, l’Hivers ou les floraisons, n’étaient que des masques, des interprétations psychologiques de processus biologique. Entre parenthèses, je n’ai curieusement pas du tout cette difficulté avec des créatures élémentales –ondines, effrits, gnomes et sylphes- et même le petit peuple, lutins, poulpiquets et fées des bois- avec lesquels j’ai beaucoup d’affinité.
Pourquoi les Divinités me posent-elles tant de problèmes ??? Peut être parce que j’ai oublié : 1. le plaisir de se laisser porter par le rite, 2. que je suis bien peu de chose et que le monde s’étend bien au-delà du champ d’action de ma conscience et de celle de mes congénères sapiens : bref « les Divinité hors de nous ». Et cela m’a demandé un gros effort pour revenir sur quelque chose d’aussi simple, d’aussi basique que cela. Je ne pense pas que pour un Celte, Dagda n’était qu’un symbole de la « force guerrière masculine » sur lequel il fallait longuement réfléchir pour intégrer ces aspects et résoudre les situations du quotidien (par exemple une hache arrivant droit sur vous ou une machine à café en panne). Non, il me semble que c’était une Personne, pas une construction intellectuelle.
Ce qui m’a touché dans la description de l’article, c’est justement l’amour sincère porté au Dieu Ganesh, tranquillement assis en tailleur à suçoter ses friandises. Ganesh existe quand on le baigne tous les jours de lait et de miel. Peu importe si tous les aspects historico-symbolico-psyco-chamalo sont consciemment perçus et disséqués. Le Dieu n’est pas seulement un fragment allégorique invoqué en fonction de besoins (prières individuelles) ou des fêtes saisonnières (rites sociétaux) – c'est-à-dire l’intermédiaire symbolique par lequel je passe parce que mon cerveau est trop étriqué pour aller de lui-même à la source des choses-. Non ! Ganesh (ici) et tous les autres (partout) peuvent exister bien plus que cela. Bref, j'ai du mal à exprimer ma foi. Sans doute un reste de mon éducation protestante lourde à digérer (où il est préférable de croire sans comprendre) et du milieu scientifique (où les croyances mystiques sont souvent synonyme de naïveté) dans lequel j'avolue aujourd'hui. A écouter autour de moi, je ne serai pas un cas isolé. Dans l'immédiat, solution à mon problème -qui n'était finalement pas si compliqué : recreer des rites au quotidien pour retisser des liens plus sains avec les Divinités.