Arrêtez tout ! Donna Tartt, la rare et talentueuse romancière américaine sort un livre jeudi 9 janvier (et sera en promotion en France la même semaine : sur France Inter, à La grande Librairie…), appelé Le Chardonneret, en référence au tableau ci-dessus, pièce centrale de l’histoire.
Pourquoi est-ce un tel événement ? Parce qu’en vingt ans, c’est le troisième roman qu’elle nous offre, et les deux précédents ont été des chocs littéraires.
Pour ma part, j’avais d’abord lu Le petit copain, un peu par hasard, et je l’avais adoré. L’ironie, la finesse psychologique et le sens du thriller découverts m’avaient totalement séduite. Je m’étais donc ruée sur le précédent, Le maître des Illusions, son premier qui avait été repéré par tout le monde (sauf moi, je l’avais complètement loupé) comme un chef d’œuvre d’intelligence et de manipulation dans le monde érudit d’une université de lettres. Sa lecture avait été en effet délicieusement tortueuse. Pourtant, était-ce parce que cela avait été le premier découvert ? Je restais définitivement attachée au récit du Petit copain. Et j’attendais.
Le voici, le voilà. Le nouveau. Roman acclamé partout, pour lequel les critiques évoquent Dickens et Dostoievski. Un roman de formation (encore). L’histoire d’un orphelin dont le destin se noue à une peinture de maître ancien, qui se trimballe de New-York à Amstedam. J’ai lu des choses, puis j’ai trouvé les premières pages du roman, offertes en extrait. J’ai fait une capture d’écran d’une d’entre elle ci-dessus. Puis, cette critique du JDD (que j’ai lue en diagonale jusqu’à ce dernier paragraphe car l’auteure, A. L. Delorme, quoiqu’inspirée, ne peut s’empêcher de RACONTER l’intrigue) :
“L’auteur du Petit Copain (2003) analyse le dégoût de vivre à travers un garçon revenu de tout avant même d’avoir vécu. Theodore Decker considère ce que les autres aiment (les voyages, les enfants, le travail, le sexe, les nouvelles voitures, les actions en Bourse, les ragots, le yoga, la politique…) comme relevant du divertissement pascalien. “Mais sous une forte lumière, il n’y avait rien de positif à voir. C’était pourri de A jusqu’à Z. Faire vos heures au bureau ; pondre consciencieusement vos 2,5 enfants ; sourire poliment au moment de votre départ à la retraite ; puis mâchouiller votre drap et vous étouffer sur vos pêches en boîte en maison du même nom.” Le tourmenté Theodore Decker peine à trouver sa raison d’être. Il n’est ni une tête brûlée (l’ami ukrainien),ni un bourgeois conformiste (la famille de Park Avenue).
Il comprend peu à peu combien la vérité est ambiguë, sous-jacente, complexe. Sa réalité est celle du chagrin inséparable de la joie. Sa réalité est celle du mal inséparable du bien. Pourquoi tombe-t-on amoureux d’une œuvre d’art? Aucun discours théorique, mais une rencontre intime. “C’est plutôt un chuchotement secret provenant d’une ruelle. Psst, toi. Hé gamin. Oui toi.” et “À toi, à toi. J’ai été peint pour toi.” On peut se pencher, durant des siècles, sur la signification du Chardonneret de Carel Fabritius. Theodore Decker y perçoit un lien avec sa mère et un lien avec son être. “Psst, toi. Hé gamin. Oui toi.” Alors, il voit et s’y voit : un oiseau captif et solitaire mais en vie.”
Avouez que ça a l’air exceptionnel. Il faut patienter quelques jours encore…
C’est la meilleure nouvelle de 2014.- #Donna Tartt
- #Littérature
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