Du coup la cadette la déteste, elle pense que « la vie serait bien plus agréable si elle n’avait jamais été là. » Elle se confie à sa grand-mère. Cette dernière ne la gronde pas, elle lui dit juste de penser aux bons moments qu’elles passent ensemble. Parfois dans la rue les regards se posent sur l’ainée, comme si elle n’était qu’une bête curieuse et il faut alors la protéger. Et quand maman leur lit une histoire « je faufile ma main entre les doigts tordus de ma grande sœur. Le monde peut bien s’effondrer, rien ne peut nous atteindre. J’oublie tout ce que je déteste tellement en elle. Il suffit qu’elle soit là avec moi. »
Un magnifique album pour commencer l’année. Parler du handicap mental avec un ton d’une telle justesse est un miracle. Les réactions de la petite sœur sonnent juste, sa frustration semble tellement légitime. Bien sûr la fin est optimiste et positive mais le propos ne se perd pas dans un océan de guimauve et reste réaliste.
Les illustrations de Charlotte Cottereau, dont j’avais découvert le talent avec Le voyage de Mamily, sont douces et colorées, elles apportent au texte une touche de sérénité et de délicatesse tout à fait appropriée.
Un album touchant et sensible. Chapeau bas aux auteurs pour avoir traité avec tant de finesse un sujet aussi casse-gueule.
Ma grande sœur à moi de Fanny Robin et Charlotte Cottereau. Vilo Jeunesse, 2013. 36 pages. 15 euros. A partir de 5-6 ans.