2013 les a vu bourgeonner puis fleurir, avec une politique quantitative et qualitative à grand renforts de mixtapes, de clips léchés et d’une communication osée appelant les dédiboobz. Dire que le DFHDGB a fait des vagues serait réducteur tant ils ont inondé la scène rap, changeant les mouvements de lèvres d’un « qui ? » à « les légendes ».
Hyacinthe a sorti cette année une mixtape, « Sur la Route de l’Ammour » , la deuxième à son nom, avec son lot de faces B ou de remakes par Krampf, plus mature que la précédente, « Des Hauts, Des Bas et Des Strings » . Elle a ouvert son univers, lui injectant d’autant plus un côté street-rap avec un featuring de Jok’air de la MZ ou des prods comme SGP, Young Chop ou DJ Paul. Par quatre fois, cette mixtape nous a aussi introduit à la légende, L.O.A.S, LA voix criarde du rap français.
Ce dernier s’est emparé de 2013 comme on vole un enfant dans une crèche, de clip viral en clip viral, il s’est assuré une solide position dans les tops de 2013, « Langue Maternelle » et sa perversion, « LΛDY GΛGΛ » et sa folie peinturlurée. Une progression dans la diversité des styles et des flows employés, un rappeur bien versatile sans Versace.
Krampf, grand chef d’orchestre, organise et construit la sonique du crew. Lui aussi, très actif cette année : une beat tape « Gangsta Love » , 3 prods pour l’album « Tudo Bem » de Set&Match, deux remixes symphoniques pour Cosmonostro et quantité de retouches sonores pour Lexxcoop et autres.
Une année remplie en offrandes de qualité, le tout amenant à l’apex de cette fin 2013, la sortie de l’EP « Ne Pleurez Pas Mademoiselle » . Premier projet commun Hyacinthe et L.O.A.S, premier vrai produit « label album » sous le drapeau DFHDGB. L’occasion pour eux de faire un bilan de compétences.
Krampf assure l’artillerie musicale, rassemblant des productions de tous horizons, Ryan Hemsworth, DJ Pie, Twinztrack, Paulie Jan et Robotnik et prend soin d’enlacer le projet de ses bras vaporeux avec une intro / outro, et d’offrir une épaule pour pleurer.
DE L’ÉMOTION.
Le projet est aussi éclectique que multi-directionnel, provoquant une chaîne montagneuse émotionnelle entre deux pistes, drogue. Du très party anthem « Euro Euro Euro » à l’émotionnel « Rap Game Nuit Sans Fin » et son sample de Calogero, on navigue entre punchlines sublimes irrattrapables à la javel et une imagerie sexuelle débordante. Des phases qui s’accrochent à nos oreilles comme une crêpe dans une poêle adhésive. Tout est tâché de menstruations, de cyprine et de sperme éternel.
Hyacinthe et L.O.A.S rappent dur, croonent et chantent, l’exemple le plus réussi étant « Mektoub » où L.O.A.S change de corde vocale d’épaule, alternant phase rappée, avec changement de tempo, et phase chantée avec une facilité déconcertante. Une vraie berceuse malsaine effroyablement bien servie par Robotnik, génératrice de frissons contagieux. Robotnik d’ailleurs responsable de nombreuses montées émotionnelles tant ses productions vibrent dans toutes les artères de mon coeur. On aime beaucoup aussi la façon dont Hyacinthe tacle son couplet dans « Übermensch After All » , ce genre de d’adrénaline gratuite et sa poésie légendaire, un des highlights. Le tout allié avec cette science du refrain, cette recherche de l’adhérence chez l’auditeur, celle de la répétition suave des larmes qui coulent dans le verre de codéine.
DE L’AMOUR.
Une vraie réussite, non sans défauts, bien sûr, mais un fait marquant de cette fin d’année et une nouvelle Volkswagen à leur garage, n’ouvrant que la voie à une cascade de haine forgée dans l’amour, une brèche en 2014 qu’ils voient déjà dans le rétroviseur.
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