L’accident de ski de Michaël Schumacher conduit à plusieurs constats. La banalité, d’abord, qui fait qu’un grand champion spécialiste du danger peut, lui aussi, être victime d’un accident causé par des éléments d’une dramatique simplicité. L’émotion générale, ensuite, légitimée par la notoriété de la victime et le charisme encore vif régnant autour de sa personne. L’attention médicale, encore, démontrant qu’en France, il n’y a ni héros ni exception : Schumi est traité comme n’importe quel malade, avec toute l’attention et toute la rigueur médicale nécessaire. L’intérêt médiatique, enfin. Toutes les télés, tous les journaux de notre continent actualisent l’état de santé de l’ancien pilote de formule 1 heure après heure. La hiérarchie des informations est ainsi faite que le sort de Michaël Schumacher intéresse plus les Français et les autres européens que les drames de Bangui, les morts d’Alep et les violences au Soudan ou en République populaire du Congo. Peut-on se le reprocher ?
Manuel Valls soulève une question de fond en s’interrogeant sur la possibilité d’interdire préventivement les spectacles de Dieudonné. Philippe Bilger, ancien procureur général, interrogé dans l’émission C à dire, considère que l’état de droit et la loi ne permettent pas, au nom de la liberté d’expression et de réunion, de procéder à cette importante décision. Tous les moyens judiciaires existent, selon lui, pour traîner Dieudonné devant les tribunaux. M. M’bala M’bala a d’ailleurs déjà été condamné à diverses reprises pour incitation à la haine raciale. Le problème est que Dieudonné s’est arrangé pour être insolvable et qu’il ne paie pas ses amendes dont le montant atteint plusieurs milliers d’euros. Ceux qui s’estiment victimes de Dieudonné, par ses paroles, ses écrits, ses gestes, doivent immédiatement saisir la justice. Il appartiendra ensuite aux juges d’estimer la réalité des délits et de le condamner éventuellement. Philippe Bilger estime que les peines — si peines il doit y avoir et certains propos ne font pas de doute là-dessus — doivent être alourdies pour récidive et que le ministère de la justice doit tout faire pour que Dieudonné casque…c’est en tapant au portefeuille, souvent et concrètement, qu’on amènera cet antisémite et ses financiers à se remettre en cause. Quant à la «quenelle», tout en reconnaissant qu’il peut s’agir d’un symbole très contestable moralement, M. Bilger voit mal comment un juge pourrait condamner leurs auteurs. L’immoralité n’entre pas toujours dans le champ de la loi, constate-t-il, et c’est d’une certaine manière, heureux.
L’année 2014 sera marquée par deux moments électoraux importants pour la France et les Français. D’abord, les élections municipales les 23 et 30 mars prochains. Ce sera un moment de vérité pour les équipes sortantes. Elles seront jugées sur leur bilan et aussi sur leur projet. Contrairement à de nombreux exégètes, je ne suis pas trop inquiet pour les équipes de gauche. Elles ont souvent fait leurs preuves et le socialisme municipal n’est pas un mot vide de sens. Partir à l’assaut de la mairie de Louviers, par exemple, sera pour la droite un combat perdu d’avance. On ne gagne pas cette ville sans une préparation lente et minutieuse, un projet construit, une équipe polyvalente en âges, origines, avec un leader connu. A notre connaissance, la droite sous toutes ses formes, ne possède pas ces qualités. Viendront ensuite les Européennes. Élections «défouloir» par excellence, ces élections donneront peut-être l’occasion à Marine Le Pen de se pavaner sur les chaînes info. Car la France n’est pas comme l’Allemagne. Les élus européens y sont inconnus, leur rôle minimisé eu égard aux choix des candidats dont la plupart sont des élus nationaux recalés, recasés, reclassés. Comment donner crédit à l’Europe quand le rôle de cette Europe-là est à ce point minimisé. Un exemple : Nadine Morano. Battue aux dernières législatives, elle dispute la tête de liste UMP dans sa région à un élu éprouvé et compétent. Si elle est désignée, elle ne fera pas de vieux os à Bruxelles ou Strasbourg. Comme dirait Bernard Accoyer qui la connaît bien : « mais quelle est sa compétence en matière européenne ? » Ce qu’elle attend : le retour de Sarkozy et son éventuelle victoire en 2017 pour récupérer un strapontin…
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