genre: documentaire
année: 2013
durée: 1h40
l'histoire: Louis de Funès nous a quitté il y trente ans. Jamais un acteur comique français n'a connu une popularité aussi forte, une estime du public inaltérée, malgré les décennies passées depuis sa disparition. A travers des interviews de personnalités l'ayant côtoyé ou des inconditionnels de l'acteur, ce document retrace sa carrière lente et discrète, jusqu'à la gloire fulgurante au milieu des années 60.
La critique d'Alice In Oliver:
Retour sur un monstre sacré du cinéma français, avec ce documentaire, intitulé Il était une fois... Louis de Funès, et diffusé sur la chaîne TMC. Ce documentaire est réalisé pour le trentième anniversaire de la mort du comique français, décédé en 1983.
Né en 1914, Louis de Funès se destine plutôt à une carrière de musicien et commence à jouer dans les cabarets et les clubs privés parisiens. A l'époque, Louis de Funès se fait déjà remarquer pour ses mimiques et ses grimaces, qui deviendront célèbres bien des années plus tard.
Pourtant, très vite, il met sa carrière de musicien de côté et rencontre Daniel Gélin. C'est à partir de là que Louis de Funès enchaîne les figurations et les seconds rôles dans des petits films. A l'époque, le jeune acteur essaie déjà de se faire remarquer.
Hélas, son physique (il est petit et un peu grassouillet) ne l'aide guère. Pourtant, à force d'enchaîner les seconds rôles, Louis de Funès se distingue dans La Traversée de Paris en 1956. Son personnage, Jambier, le révèle enfin au grand public, d'autant plus qu'il apparaît auprès de deux monstres sacrés, Bourvil et Jean Gabin.
Louis de Funès tient la réplique à Jean Gabin. Enfin, Louis de Funès est visible aux yeux du grand public. De ce fait, l'acteur commence à avoir des premiers rôles au cinéma, notamment dans Ni Vu ni Connu et Comme un cheveu dans la soupe.
En 1964, il tourne trois films: Le Gendarme de Saint-Tropez, Fantômas et Le Corniaud. A l'origine, Le Gendarme de Saint-Tropez est une production modeste et n'est pas destinée à connaître une carrière prometteuse. Mais avec cette comédie, Louis de Funès crée un personnage, à savoir un gendarme arrogant, autoritaire avec les petits mais mieilleux avec ses supérieurs.
Louis de Funès va donc transposer ce personnage dans la plupart de ses films. Résultat: le charme opère. Contre toute attente, Le Gendarme de Saint-Tropez rencontre un vif succès. Louis de Funès dévore l'écran et porte presque le film à lui tout seul.
André Hunebelle engage alors l'acteur pour interpréter le commissaire Juve dans Fantômas. Le cinéaste souhaite réaliser une comédie à la James Bond. Jean Marais fait partie du casting et interprète à la fois Fantômas et le journaliste Fandor. Louis de Funès force l'aspect comique de son personnage.
L'inspecteur Juve devient burlesque, ce qui n'était pas prévu par le scénario et a le don d'agacer Jean Marais. Pour Louis de Funès, c'est une victoire d'amour propre et Jean Marais devient son faire-valoir. Pourtant, les deux acteurs tourneront à nouveau ensemble dans Fantômas se déchaîne et Fantômas contre Scotland Yard. D'ailleurs, la vraie star des trois films, ce n'est plus le bandit masqué, mais le commissaire Juve. Ensuite, Louis de Funès tourne Le Corniaud, une comédie dans laquelle il retrouve Bourvil. Les deux comparses vont bientôt devenir l'un des duos les plus populaires du cinéma français.
Les deux acteurs sympathisent. Pourtant, à l'époque, le cachet de Louis de Funès est trois fois inférieur celui de Bourvil. Certes, l'acteur a triomphé dans Le Gendarme de Saint-Tropez et dans Fantômas. Mais ce n'est pas encore une star.
Le Corniaud est réalisé par Gérard Oury. C'est une rencontre déterminante pour Louis de Funès. En effet, le réalisateur remarque tout de suite le potentiel de l'acteur et de son nouveau duo comique. Résultat, le film fait 11 millions d'entrées. Cette fois-ci, Louis de Funès passe du statut de vedette à celui de star.
En 1965, Louis de Funès reprend le rôle de Cruchot dans Le Gendarme à New York et tourne la suite de Fantômas (Fantômas se déchaîne). La même année, il tourne également Le Grand Restaurant. Là aussi, il interprète un personnage autoritaire, mieilleux et antipathique.
Le film contient plusieurs séquences d'anthologie. C'est par exemple le cas lorsque Louis de Funès imite le Führer. L'année d'après, en 1966, Fufu retrouve Bourvil dans La Grande Vadrouille. Cette comédie est à nouveau réalisée par Gérard Oury. Le cinéaste reprend la formule qui a fait le succès du Corniaud.
Le film suit l'histoire de deux français moyens, Stanislas Lefort (Louis de Funès), un chef d'orchestre, et d'Augustin Bouvet (Bourvil), un peintre en bâtiment, qui vont devenir malgré eux des acteurs de la résistance. Encore une fois, La Grande Vadrouille contient plusieurs séquences d'anthologie, entre autres, celle où Bourvil porte Louis de Funès sur ses épaules.
Il s'agit en réalité d'une scène improvisée par les deux acteurs. Gérard Oury l'immortalisera à l'écran et la choisira pour l'affiche du film. Résultat: La Grande Vadouille dépasse les 17 millions d'entrées. Certaines critiques de l'époque parlent même du meilleur tandem comique de toute l'histoire du cinéma.
Entre 1967 et 1970, Louis de Funès enchaîne les tournages: Le Petit Baigneur, Le Tatoué, Les Grandes Vacances, Hibernatus, Fantômas contre Scotland Yard et j'en passe... Parallèlement, Louis de Funès continue sur sa lancée du "Gendarme" et rencontre Claude Gensac dans Le Gendarme se marie. L'actrice devient la femme de Louis de Funès au cinéma et tournera de nombreux films avec lui.
En 1970, Gérard Oury veut à nouveau réunir Louis de Funès et Bourvil dans La Folie des Grandeurs. Hélas, Bourvil meurt la même année. Finalement, l'acteur est remplacé par Yves Montand. Contre toute attente, le duo fonctionne à merveille et le film rencontre à nouveau le succès, avec 5 millions de spectateurs.
En 1971, le tournage des Aventures de Rabbi Jacob commence. C'est une comédie ambitieuse qui porte sur l'antisémitisme. Louis de Funès incarne un certain Monsieur Pivert, un bourgeois anti-juifs, anti-noirs, anti-arabes, bref anti-tout ! Pourtant, Gérard Oury parvient à rendre ce personnage raciste particulièrement sympathique.
Au fur et à mesure du film, Monsieur Pivert va se racheter une conduite. Le méchant devient bon... Tout un symbole ! Résultat: le film fait plus de 7 millions d'entrées.
Toutefois, après cette expérience, Louis de Funès est épuisé. En 1975, il frôle l'infarctus et est contraint à une retraite forcée. Les compagnies d'assurance ne veulent plus couvrir un film avec l'acteur. Toutefois, à l'époque, Christian Fechner arrive à convaincre les compagnies d'assurance.
C'est ainsi que Louis de Funès tourne L'Aile ou la Cuisse, comédie dans laquelle il est associé à Coluche. Deux générations de comiques se retrouvent. Avec ce film, Louis de Funès varie un peu son registre et incarne un personnage, Duchemin, plus attachant qu'à l'accoutumée. L'Aile ou la Cuisse obtient également un grand succès avec plus de 6 millions d'entrées.
En 1980, Louis de Funès se lance dans la l'adaptation de L'Avare de Molière. Il retrouve son équipe favorite, notamment avec Michel Galabru et Claude Gensac. Cette adaptation a une vraie dimension personnelle pour l'acteur. En effet, l'avare est en réalité la mère de Louis de Funès !
Encore une fois, l'acteur porte le film à lui tout seul. Un peu plus tard, il tourne La Soupe aux Choux. Certes, il s'agit d'un nanar pétomane. Pourtant, cette comédie se révèle fort sympathique. Là aussi, Louis de Funès interprète un personnage plus attachant qu'à l'accoutumée.
Dans ce film, il joue aux côtés de Jean Carmet et de Jacques Villeret, ce dernier interprétant un extraterrestre logorrhéique.
Le Gendarme et les Gendarmettes sera le tout dernier film de Louis de Funès. L'acteur est épuisé. En janvier 1983, il est victime d'une nouvelle attaque cardiaque et meurt à l'hôpital, alors qu'il devait jouer dans Papy fait de la résistance. Louis de Funès était âgé de 68 ans.
C'est un acteur qui aura marqué plusieurs générations de comiques et qui restera comme la ou l'une des références absolues dans la comédie française. Bref, un excellent documentaire, riche en interview et qui propose de nombreux extraits de film, ainsi que des secrets de tournage.
Seul petit reproche: on se demande ce que viennent faire Benjamin Castaldi ou encore Christophe Dechavanne parmi les interviewés. Ca gâche presque la qualité de ce documentaire !
Note: 15/20