C'est le secourisme qui m'a doucement amené vers mon métier, alors que je traînais mes cheveux crasseux à Paris X. Merveilleuses années au demeurant, essentiellement passées à monter des projets hallucinants tout en essayant de coucher avec des filles.
Sur Paris et sa petite couronne, il n'y a pas de pompiers volontaires, la défense de cette zone étant assurée par la Brigade de Sapeurs Pompiers de Paris. Les associations de secourisme comme la Protection Civile ou la Croix Rouge prennent des gardes au sein même des Centres de Secours de la BSPP et partent à la place du VSAV pour la grande majorité des interventions de secours à victime.
Chaque véhicule est armé avec 4 ou 5 secouristes, dont un Chef d'Intervention.
J'ai toujours activement gardé cette activité là où d'autres infirmiers ont progressivement lâché, probablement parce que le statut d'infirmier n'existe pas.
J'y trouve tout d'abord un intérêt purement personnel, au-delà du discours un peu gnangnan qui consiste à mettre systématiquement en avant le côté "je veux aider les autres". La majorité des gens qui sont là le sont d'abord pour eux, et ça ne remet aucunement en cause leur engagement bénévole.
Intellectuellement, le fait de partir avec pour seul équipement de l'oxygène et un défibrillateur semi-automatique (en gros, hein, il y a aussi des compresses :) ) permet de revenir aux fondamentaux et de se fier avant tout à la clinique. Il est en effet assez facile de se prendre pour un cowboy en réanimation avec 6 paramètres vitaux en permanence sur un scope. C'est autre chose de se retrouver avec juste ses mains.
C'est aussi le plaisir de gérer une équipe de non professionnels, d'être seul responsable de son intervention jusqu'au bilan, de voir immédiatement le résultat de ses actions. Et puis je n'ai pas encore trouvé quoi que ce soit qui me procure autant de sensations fortes que de décaler au gyro 2 tons en pleine nuit pour partir vers l'inconnu. Je carbure au stress positif, c'est comme ça, j'adore.
Juste pour finir: les IDE, notamment des urgences, ont parfois tendance à se foutre royalement de la tronche des associatifs qui amènent des patients. Il y a pas mal de raisons, notamment un nombre de frustrés et de bébé docteurs assez important parmi nous, mais il n'en demeure pas moins que je préfère cent fois me faire prendre en charge sur le bord de la route par un charcutier-traiteur secouriste confirmé que par la plupart des infirmiers. A l'heure actuelle, la formation au secourisme des professionnels de santé est en pleine mutation, il était temps!