L’ombre du commissaire Maigret plane dans ce roman policier réaliste et documenté : un meurtre, celui d’un CPE dans un collège de banlieue parisienne, puis un autre, celui d’un prof de lettres à Louis-le-Grand, revendiqués par des lettres anonymes timbrées à l’effigie de Simenon. Or le flic chargé de l’enquête habite une péniche et travaille au 36 quai des Orfèvres… Serait-ce là un défi personnel ?
Hervé Jourdain nous entraîne dans une enquête pointue, respectueuse de la procédure, et nous fait visiter les locaux du 36, contribuant autant à casser le mythe forgé par Simenon qu’à en ériger un nouveau. Là où l’auteur belge disséquait la psychologie de ses personnages en nouveau Balzac, le flic-écrivain fait parler les faits, rien que les faits, tous les faits (c’est là qu’on accroche… ou pas). Et suit la leçon de l’auteur des Maigret lorsqu’il orchestre une habile mise en abyme de l’écriture, de ses doutes et de ses frustrations… L’escalier qui illustre la première de couverture évoque autant celui du 36 que le vertige qui saisit le lecteur face au jeu d’enchâssements de l’intrigue et de l’écriture. Un pari d’écriture réussi.