"Née en Californie en 1926, Ruth Asawa, qui était d'origine Japonaise fut arrêtée et envoyée dans un camp d'internement en 1942: c'est là, alors que ses droits élémentaires lui sont retirés (ainsi que sa famille, dont elle est séparée) qu'elle commence à s'intéresser à l'art, étudie avec des artistes internés comme elle et devient la rédactrice en chef du magazine annuel publié par l'école du camp. Lorsqu'elle désire poursuivre ses études tout en travaillant comme domestique, le collège de Milwaukee, où elle a pu déménager grâce au soutien d'une association Quaker, la refuse et c'est ainsi qu'elle se retrouve au Black Mountain College dans ses années fastes, entre 1946-9, avec Albers, Merce Cunningham, Bucky Fuller (qui sera témoin à son mariage avec Albert Lanier, un artiste, qui n'est pas japonais, ) et y est l'une des seules artistes d'origine asiatique- et femme.
Elle apprend le crochet et adapte cette technique au fil de fer -elle utilisera aussi le fil de cuivre,de laiton, d'aluminium - galvanisé, oxydé... - produisant des sculptures qui se font... en se faisant, se développant dans l'espace au cours de la pratique, pour être accrochées en suspension. Ces lignes, ces dessins ou plutôt, ces "boucles" dans l'espace sont a considérer dans le même temps que les sculpteurs- mâles, modernistes- américains comme David Smith, Calder, Noguchi ou Richard Lippold s'inspirent des travaux de soudure du métal de Gonzalez et de Picasso (cf. les travaux de Carmen Gimenez et son exposition au Guggenheim, il y a vingt ans...). Sauf que Ruth Asawa se réfère au tricot et à la couture, aux "travaux manuels". Et qu'elle détourne la relation de frontalité à la sculpture sur (ou sans) socle en suspendant ses pièces, qui sont vues par dessous. Incluse dans la plupart des histoires de la sculpture moderne, Asawa n'a pourtant pas bénéficié d'énormément d'expos perso (1973... et 2006); du moins jusqu'à une période récente, de "redécouverte", notamment chez Christie's en mai dernier. Elle a cependant reçu nombre de commandes publiques et s'est beaucoup investie dans la création de programmes éducatifs intégrant la discussion avec les artistes, ainsi que les pratiques de l'art et du jardinage : l'une de ces écoles, à San Francisco, a d'ailleurs été nommée la "Ruth Asawa School". Elle a également participé à nombre de commissions chargées des fonds publics de l'art (pour la santé mentale, California arts council, NEA..)"
Source: Le Beau Vice, Ruth Asawa