Nous sommes en 1560, à Istanbul. Sur le chantier d’une mosquée, un cadavre est retrouvé. Il semble être tombé d’un des étages, et son visage est dans un tel état qu’on ne peut l’identifier. Il faudra faire appel à plusieurs personnes pour reconnaître maître Ali Danishmend, un érudit de l’université de la capitale turque. Le capitaine Sertaç est chargé de l’enquête, et il est accompagné de sa petite-fille Aliyé, particulièrement fine et intuitive. Très vite, ils constatent que, malgré les apparences, le savant ne s’est pas jeté dans le vide mais a bien été assassiné. Ils découvrent également, cousu dans la doublure de son vêtement, une lettre signée d’un italien et des croquis incompréhensibles. Sur quoi travaillait donc maître Ali pour mériter la mort? Aliyé et son grand-père , avec l’aide de l’architecte de la mosquée, découvrent que les travaux de l’universitaire frôlaient l’hérésie en essayant de capturer la force de la foudre et en manipulant d’étranges matériaux qui attirent les métaux.
C’est sans grande conviction que j’ai refermé cette novella. Pour moi, elle souffre de son format. Elle contient énormément de thèmes très intéressants. En effet, en constatant la nature impie des travaux de maître Ali, nombreux sont ceux qui pensent à des querelles religieuses, opposants les Turques à d’autres interprétations du Saint Coran venus d’Arabie ou du Maghreb. De plus, plusieurs notables d’Istanbul voient d’un mauvais oeil une femme entrer dans les lieux les plus sacrés d’Istanbul. Enfin, le tueur, qui semble doté d’une étrange armure mécanique, et qui court après une machine capable d’attirer les métaux, est le reflet d’une technologie inédite et particulièrement mystérieuse pour l’époque.
Or, tous ces sujets sont survolés. Pour moi, il faudrait soit qu’ils ne soient pas abordés afin d’avoir une intrigue plus resserrée, soit qu’ils soient développés pour obtenir un véritable roman qui aurait la profondeur qu’il mérite. Là… Je suis restée sur ma faim la plupart du temps. Je n’ai pas réussi à entrer réellement dans l’intrigue. Seule la course-poursuite après le tueur a réellement attiré mon attention, mais cela reste un peu léger. De plus, la chute et l’identité du tueur méritaient bien plus que quelques pages tant elles font littéralement basculer le genre du récit. Elles auraient d’ailleurs mérité plus de préparation afin qu’on ait moins l’impression d’un cheveux sur la soupe.
De plus, un des gros points forts de ce livre est sa richesse de détails sur la langue et la société turques. Un petit lexique à la fin du livre nous accompagne d’ailleurs pour certains mots récurrents. J’ai été agréablement surprise que l’auteur ne censure pas les pâtes de fruits à l’opium qui servent de revigorant à la place d’un bon café. Mais là encore, je reste sceptique: est-ce là un livre jeunesse? Si oui, cela me semble bien complexe à suivre. A réserver donc aux plus de quinze ans pour être sûr de ne pas être trop pardu.
La note de Mélu:
Si le dépaysement est au rendez-vous, le reste est trop superficiel pour moi. Merci à Babelio pour cette lecture!
Un mot sur l’auteur: Nicolas Cluzeau (né en 1968) est un auteur de fantasy et d’historique pour la jeunesse.