On a tous nos albums dénichés on ne sait où, dont on ne sait trop quoi faire, et qui finissent, injustement, noyés au milieu des autres dans les abysses de nos ordinateurs. Et puis, il arrive un jour où, par le plus grand des hasards, on y prête une oreille. Puis deux. Puis on se demande comment on a fait pour passer à côté d’un truc pareil.
Le plus souvent dans ce genre d’histoire, c’est de la folk à laquelle on a affaire. Tu sais, ce gars à la voix douce et claire, parfois éraillée, quand il s’énerve un peu. Celui qui ne lâcherait sa Martin & Co, sa Guild ou sa Gibson pour rien au monde. Celui à qui tu n’en veux pas de rajouter des bruits de pluie dans sa chanson, parce que là, ça rend bien. Celui là même qui rend magnifique une mélodie pourtant toute simple. Tu vois sans doute de quel genre de gars je veux parler.
Ca n’est pas nouveau, chez RockNFool, on aime la Folk et les songwritters, et encore davantage vous les faire découvrir. Alors aujourd’hui, je vais vous raconter l’histoire d’Alex Keiling. Il nous vient tout droit de ce pays béni des dieux qu’est le Canada … Mais c’est pourtant en Alsace qu’il a passé la plus grande partie de sa vie. Là bas, il va cultiver son amour pour les songwriters, monter son premier groupe, Alex Keiling and The Mary Jill Band, puis son second, et objet de l’article, The Wooden Wolf.Sous ses airs d’énième album de barbu à guitare, 14 ballads Op.1 - le premier album - regorge de diamants bruts. C’est beau, juste beau. La simplicité de Evening Hymns, la candeur de The Middle East, mêlées à l’émotion de Damien Rice et aux mélodies de Nick Drake. Ca en fait des comparaisons élogieuses. Mais The Wooden Wolf les tient, et se permet le luxe d’aller au delà.
Le temps est comme suspendu à l’écoute de cet album. Il éveille en nous le sentiment égoïste que ces chansons ont été écrite pour nous, rien que pour nous. On l’entend, on le sent, ce garçon, là, juste en face de nous, il dissémine ses arpèges, sa voix s’écorche à chacun de ses mots, il nous emporte, tout simplement. On prend petit à petit conscience de la chance que l’on a d’être tombé sur ce bijou. Arrive la dernière chanson, "When the hungry ghost of your love whispers in my ear". Ses deux accords, en boucle, son violon, son crescendo à la "Hovering Machine" de Jil Is Lucky (il fallait ABSOLUMENT que je mentionne ce titre magnifique), ses dix minutes qui passent en un éclair. Cette pureté, cette sincérité dans les compositions les rendent désarmantes, elles nous touchent immédiatement. Si bien qu’on ne peut plus s’en passer. Un de ces albums que l’on gardera toujours dans un coin de son petit coeur tout mou, pour les longues soirées d’hiver ou les jours sans. Un vieux philosophe allemand quelconque disait que la musique est la langue des émotions. The Wooden Wolf nous offre la plus belle des musiques.
P.S. : cet album est disponible ici sur Bandcamp, à un prix libre. Mais c’est pas une raison pour faire les radins, il faut supporter ces artistes, aller les voir en concert, acheter leurs CD, c’est vraiment important et ils seront contents !!
P.P.S. : Nocturnes & Other Songs Op.2, leur second album, est sorti le 14 Décembre dernier. Il est également dispo sur Bandcamp, et il vaut le coup d’oreille.