Le titre évoque la phrase utilisée en toute occasion par la mère de Guillaume Galliene pour appeler ses enfants. « Les garçons et Guillaume » symbolise dans l’insconscient de cette mère que Guillaume n’est pas tout à fait un garçon. Oui, il est efféminé ; oui, il se déguise en fille ; oui, il aime Sissi ; oui, il n’est pas sportif du tout. De fait, il est pris pour un homo par son entourage. Mais aussi il se construit comme la fille que sa mère désirait très certainement. Donc il se construit pour plaire à sa mère et se démarquer de ses deux frères ; sa place, celle qu’on lui laisse ou qu’il prend est celle de « la fille à sa maman ». C’est une comédie avant tout mais le sujet est très sérieux. Ce film aborde avec une grande intelligence et justesse le sujet de la construction de l’identité d’un être. Notre environnement est la pierre angulaire de notre construction, l’innée, une variable d’ajustement. Sujet sérieux, mais le film est toujours léger, drôle et subtil. On rit très souvent, même si quelque fois les blagues sont vraiment potaches. L’écriture est bien rythmée et d’une drôlerie toujours élégante mais jamais précieuse. Ce film est la mise en image de son spectacle. La mise en scène est donc minimaliste, la narration déclamée par lui dans le noir sur la scène vient couper les séquences. Et c’est là la faiblesse du film. Trop entrecoupé, manquant d’unité et de liant ; parfois, il se résume à un enchainement de sketchs. L’objet cinématographique atteint ses limites avec ces partis pris artistiques ; le cinéma n’est pas le théâtre et ni de la lecture même avec le talent énorme de son concepteur. Galliene a eu du mal à s’approprier à mon sens le septième art.A voir pour le fond et pour l’humour léger mais décapant de Galliene.NB : Autre temps, autre mœurs : l’audacieux, aujourd’hui, est celui qui s’affirme hétéro, au risque de contrarier sa mère.
Sorti en 2013