Pourquoi Nicolas Sarkozy a gagné en 2017

Publié le 30 décembre 2013 par Juan
Nous sommes en mai 2017, Nicolas Sarkozy a remporté l'élection.
C'est donc fait. Après une campagne finalement longue, Nicolas Sarkozy est revenu gagnant.
1. François Hollande était sûr de lui, depuis longtemps et pendant trop longtemps. Le premier défaut de l'ancien occupant de l'Elysée fut son assurance. Candidat venu de nulle part, Hollande avait remporté les primaires citoyennes d'octobre 2011 et vaincu un adversaire des plus coriaces. Hollande était sûr de son destin et de sa bonne étoile. Comme tous les présidents. Comme Nicolas Sarkozy en 2012. Cet aveuglement fut dangereux.
2. Nicolas Sarkozy avait fait le ménage à droite. Il avait savamment entretenu le désordre au sommet de l'UMP. il avait la rage de revenir. On a cru qu'il était parti trop tôt. Il n'avait pas attendu un an, quelques mois à peine pour se replacer dans l'actualité. Aucun de ses rivaux ne fut même en mesure de l'empêcher d'utiliser la machine UMP.
3. François Hollande était convaincu qu'il suivait la bonne voie, la meilleure politique possible. Ce n'était pas une affaire de résignation social-libérale, mais bien la conviction de bien faire. Pour preuve, son insistance sur la réduction du coût du travail, ou la loi de "flexi-sécurité" dès le printemps 2013. Ce socialisme de l'offre - qui par ailleurs, ne délivra aucun résultat tangible nulle part ailleurs - était solidement accroché à l'Elysée.
4. La gauche politique était divisée comme jamais. Les critiques les plus virulentes, les plus violentes étaient venues très tôt de gauche. Le fond était prévisible, la forme nous ramenait en arrière. On a pu croire qu'au sein de la gauche, une "majorité silencieuse" allait s'exprimer plus tard dans les urnes pour contredire cette haine au sommet. Il n'en fut rien. Ce fut un aveuglement politique inédit dont nous avons fini par payer la facture en ce mois de mai 2017.
5. L'électorat de gauche a déserté les urnes. Le vote utile a été enterré assez vite. Les sympathisants socialistes ne votaient pas Front de gauche. Les sympathisants Front de gauche ne votaient plus socialistes. La désaffection fut assez incroyable. A défaut de satisfaire tout le monde, Hollande n'avait pas su en contenter certains énormément, ni même fixer quelques caps symboliques et décisifs.
6. François Hollande n'a incarné aucun dessein pour la France. Pépère visait le redressement, il l'a réussi, les comptes sont moins déficitaires qu'avant, presque à l'équilibre. Mais il manquait un dessein. Ce n'était pas une question d'autorité. Hollande en avait davantage que l'ancien monarque qui criait aussi fort qu'il se couchait souvent. Hollande manifestait une sorte de courage froid et systématiquement inattendu. Mais il a peiné à expliquer, et a fortiori incarné un autre cap que le redressement des comptes publics. Même aux commandes, il ne nous a promis aucun projet politique, ni défi collectif pour l'avenir. Sarkozy parlait de "rupture", Mélenchon invoquait "l'humain d'abord". Et Hollande ? La France ne put se contenter d'un chirurgien ou d'un comptable.

7. Sarkozy avait son équipe en place: le clan fut là, les soutiens financiers aussi, plus nombreux qu'avant.
8. Sarkozy n'avait pas été affecté par les affaires. L'ancien maire de Neuilley a confirmé cette exceptionnelle résilience à l'encontre des procédures judiciaires. Les mises en examens de ses proches se sont multipliées sans fin, pour des affaires des plus graves (détournements de fonds, fraude fiscale, pressions sur la justice, etc). Mais Sarkozy, lui, est resté épargné. Pire, si Hollande lui-même apparassait toujours comme l'un des plus intègres des chefs d'Etat de cette République, son quinquennat a été heurté par l'affaire Cahuzac dès les premiers mois.
9. Le story-telling de la campagne 2017 du candidat Sarkozy a été écrit très tôt: "En 2012, il a perdu de peu, face à une coalition des contraires, incapable de gouverner le pays, avec la complicité des médias. En 2017, il doit revenir pour sauver la France, car lui seul a l'autorité et l'énergie". Sarkozy n'avait aucun projet politique clair . Dans la France excitée par le buzz et la sur-information, réfléchir au cap, aux idées et au destin était superfétatoire. - Revenu au pouvoir, Sarkozy sera-t-il aussi libéral que l'UMP d'aujourd'hui ? Xénophobe que Marine Le Pen ? Gaulliste qu'en 2007 ? Nul ne le sait, mais qu'importe.
10. La crise fut telle que François Hollande ne tira aucun bénéfice de l'avoir surmontée, ... s'il la surmonte. Les mécontentements, certes contradictoires, furent aussi nombreux qu'insolubles d'ici 2017.
Ami sarkozyste, tu es revenu, tu as bien d'attendre.
[NDR: Aucun de ces arguments n'est définitif. Hollande peut réagir. La gauche peut débattre pour s'unir. Mais il faudrait s'y mettre aujourd'hui, sans tarder. Nous sommes en 2014 dans quelques heures; tout sera bientôt trop tard.]