Fan, ou pas, de cinéma indien, vous garderez certainement quelque souvenir épicé de The Lunchbox.
Par Olivier Rach.
Dans ce film, Ritesh Batra peint l’âme avec un certain talent. Provoquant parfois le rire, suscitant l’émotion, il représente, par des silences, par des gros plans, par la voix off dévoilant la correspondance échangée entre les deux personnages principaux, par des non-dits aussi, il représente — disais-je — les tourments universels qui minent l’existence humaine. Sa caméra s’accroche aux visages, centres névralgiques de la pensée et de l’émotion, et laisse poindre en arrière-plan l’agitation de la grande cité indienne, la calme routine du bureau, l’immobilisme sépulcral du chez-soi. Les scènes se succèdent et l’irréversibilité du temps s’impose peu à peu comme le motif caché de cette production.
Le thème de l’amour et de la cuisine avait déjà été exploité avec brio par Wong Kar-Wai dans In the Mood for Love. Avec The Lunchbox, Ritesh Batra le renouvelle dans un décor autrement exotique, celui de l’Inde qui se développe. Au contraire de son homologue hongkongais, le réalisateur indien ne peut compter sur une musique hypnotique ou sur des images à la photographie soigneusement étudiée. Il livre toutefois un délicieux premier opus, qui se laisse regarder sans lassitude jusqu’à la dernière seconde. La fin, plus subtile qu’il n’y paraît, invite le spectateur à se plonger dans ses souvenirs immédiats ; son corollaire n’est pas sans rappeler, lui aussi, la trame d’In the Mood for Love.
Fan, ou pas, de cuisine indienne, vous ne sortirez probablement pas de la salle de projection sans quelques gargouillis au ventre. Fan, ou pas, de cinéma indien, vous garderez certainement quelque souvenir épicé de cette production.
The Lunchbox, comédie dramatique indienne (2013) de Ritesh Batra, avec Irrfan Khan, Nimrat Kaur. Durée : 1 heure 42.
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