De quoi ça parle ? (le pitch de la série) : Dracula arrive dans le Londres de l'époque Victorienne, affirmant pouvoir y apporter la science moderne. En réalité, le célèbre vampire y est venu se venger de ce peuple qui a ruiné sa vie quelques siècles auparavant. Mais son sombre dessein est contrarié par... une jeune femme, dont il s'éprend éperdument et qui semble être la réincarnation de sa défunte épouse. (source : Allociné.com)
Les Raisons de se laisser mordre… ou pas ! (mon avis critique sur les premiers épisodes) : Le personnage archi-connu de Dracula, adapté déjà des centaines de fois au cinéma (une nouvelle version du mythe est d’ailleurs apparue en 2013, réalisée par Dario Argento), avait été jusqu’à présent très rarement exposé dans l’univers des séries TV. On se souviendra surtout de son apparition dans le season premiere de la Saison 5 de la série Buffy, the Vampire-Slayer, dans un traitement semi-parodique, à la limite de la blague. A l’époque, cela relevait plus d’un coup pour « vendre » le season premiere, et peut-être aussi pour détourner l’attention de l’apparition surprise d’un nouveau personnage. Et puis en 2013, la chaîne NBC semble vouloir se glisser à la suite de 2 évènements convergents : l’arrêt de Dexter, et une mode grandissante pour les séries d’horreur (comme par exemple American Horror Story, ou The Walking Dead… ) et la mise en avant de personnages maléfiques ayant une certaine aura (comme par exemple Norman Bates dans Bates Motel, ou Hannibal, le psychiatre cannibale dans la série éponyme… ). GRIMM, la série policière fantastique, s’est vue dôter de séquences gores quelques peu gratuites dans sa saison 3. Du coup, on s’étonne moins de voir apparaître une série consacrer au célèbre vampire le vendredi soir, aux côtés justement de GRIMM.
Concernant la série DRACULA, donc, elle est l’œuvre de Cole Haddon, et on retrouve parmi ses producteurs exécutifs Daniel Knauf, créateur de CARNIVALE, série consacrée à une lutte entre le Bien et le Mal dans l’Amérique des années 30, durant la Grande Dépression. Dès le départ, la série choisit d’adapter librement le roman de Bram Stoker : les noms de certains personnages sont identiques, mais des variations par rapport au mythe apparaissent dès le départ : Ainsi, la série commence par un flash-back (comme les épisodes suivants), où on voit Dracula réveillé de son sommeil par nul autre que… Abraham Van Helsing, le tout aussi célèbre adversaire, théoriquement, du comte ! Un Van Helsing qui manque cruellement de charisme et d’envergure, comme la plupart des personnages de la série. Celui-ci a réveillé le comte afin d’en faire son allié : tous deux ont un ennemi commun, l’Ordre du Dragon, un ordre millénaire auteur de nombreuses atrocités : viols, meurtres, pillages… Des barbares dont les membres au XIXème siècle se dissimulent dans la bonne société britannique. Dracula a donc été tiré de son sommeil pour combattre cet ordre, prendre sa revanche sur lui dont il a été victime. Donc la série fait passer Dracula, interprété ici par John Rhys Meyer, du côté du Bien, d’une certaine manière, qui va combattre… le Mal. Sic. Côté personnages féminin, on retrouve la brune Mina Murray, la promise du falot journaliste Jonathan Harker, qui sera convoitée par le comte car elle lui rappelle une ancienne flamme, et la blonde Lucy Westenra. Et Dracula est devenu Alexander Grayson, homme d’affaires venu d’Amérique, décidé à faire fortune à Londres, afin d’infiltrer la bonne société britannique. Et la série de dérouler plusieurs arcs narratifs prévisibles : le jeu du chat et de la souris entre Grayson / Dracula et les membres de l’Ordre, la mise au point d’un procédé scientifique afin de permettre au célèbre Vampire d’évoluer en plein jour, les relations naissantes entre Dracula, Harker, et Mina. Malheureusement, la série fait preuve d’un rythme longuet. Les intrigues sont peu prenantes, les personnages sont fades, la réalisation est sans personnalité et sans dynamisme. A voir la série, on se dit que la chaîne NBC veut jouer dans la cour des grands, et surfer sur la vague de séries diffusées sur le cable, les productions issues d’AMC, HBO ou FX, tout en restant trop prude. La série n’est jamais assez osée, sexe, sulfureuse, s’en tenant à des prémisses. Et elle n’est jamais vraiment trop gore, à peine ce qu’il faut.
Et malgré ses arcs narratifs évoqués plus haut, elle ne sait pas vraiment donner de corps à ses personnages les rendre suffisamment attirants ou attachants. A croire qu’elle ne sait pas vraiment quoi raconter DANS chaque épisode, et à quel rythme. Du coup, certaines scènes se répètent, on fait parfois du surplace. Et on s’ennuie profondément devant la série, qui ne suscite guère l’intérêt. Si la série met en scène quelques combats à certains moments, ceux-ci se déroulent à coup de ralentis déjà passés de mode. Et surtout, cette série n’apporte rien de nouveau, ni en terme de série, ni par rapport au mythe. Ou plutôt, les innovations qu’elle propose la desservent et ne sont pas assez convaincantes pour justifier son existence. Les arcs narratifs, comme le parcours professionnel de Mina (elle se destine à la médecine), ou comment Dracula / Alexander Grayson parviendra à la séduire, de quelle manière il s’y prendra pour vaincre l’Ordre du Dragon sont racontés de façon inintéressantes, et ne sont pas passionnants en soi. On est même loin d’un soap. Le seul élément qui surnage un peu, peut-être, est le personnage de Lady Jane Weatherby, une belle jeune femme blonde qui, le soir venu, devient une chasseuse et tueuse de vampires. Une sorte de Buffy adulte avant l’heure. Comme elle, elle succombera aux charmes d’un vampire sans le percer à jour.
En bref : En plus de ses trahisons par rapport au roman originel, afin de faire passer Dracula du côté du Bien (quasiment une hérésie), DRACULAne suscite guère que l’ennui. La série est trop molle, mettant en scène des personnages trop uniformes et creux, et proposant des enjeux inintéressants et peu passionnants. Pour celles et ceux qui voudraient tenter l’expérience, elle gagne à être marathonée, à condition de ne pas la regarder déjà fatigué, s’endormir devant étant fort possible.
« Certaines séries permettent de trouver enfin le sommeil, et c’est pour ça que nous les regardons. »