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Il suffit parfois d’un instant minime, sans raison d’être, sans même s’en apercevoir, pour basculer d’un bord à l’autre, pour se retrouver dans un univers où les mots n’ont plus tout à fait de sens et où les sens sont exacerbés vibrant d’une scansion insoupçonnée.
Il suffit alors de se laisser aller, d’aimer être emporté, de se mettre au diapason de ce qui transforme le monde, de goûter chaque geste, d’ouvrir ses rêves au plus profond des jardins secrets.
Il suffit de croire que tout est possible. Il suffit, la plupart du temps, de le croire pour que tout soit possible. Chaque larme de vie devient alors étincelle. Chaque peur laisse place à la confiance. Chaque spasme construit la plénitude.
Il suffit de la plénitude pour atteindre l’autre bord. On n’en repart jamais tout à fait le même. Une force parfois inconnue, plus souvent complice, anime alors chaque parcelle de l’existence jusqu’à la transformer en essence suprême.
Il suffit enfin d’accepter cet abandon de soi pour se trouver à tout jamais.