32 auteurs à propos de librairies indépendantes

Par Manouane @manouane

Le concept du livre est simple : Trente-deux auteurs racontent chacun une anecdote à propos d’une librairie – indépendante, il va de soi – qui les a marqués. Il faut dire qu’il existe un lien particulier entre une librairie et un auteur, et ce, bien avant qu’il ne publie son premier livre. Une fois celui-ci imprimé, c’est la librairie qui assure qu’il se retrouve entre les mains de lecteurs qui sauront l’apprécier.

C’est le texte de Ron Currie Jr qui illustre le mieux ce rapport entre l’auteur et la librairie. L’auteur explique pourquoi, avant qu’il ne publie son premier livre, il préférait se procurer des livres sur le Web : « La plupart du temps, j’achetais mes livres sur Amazon, pour les raisons ordinaires : ce n’était pas cher et ça m’évitait la peine de parler à des gens, et je pouvais passer de l’achat de livres à la masturbation plus facilement qu’au milieu d’un magasin » (p. 62).

Puis, vint le jour où il publia son premier livre et qu’il dut se rendre en librairie pour les traditionnelles séances de dédicaces. Si son expérience dans les grandes chaines de librairies s’était avérée mitigée, il en fut tout autre à la librairie Longfellow Books, petite librairie indépendante dans la région de Boston. Le propriétaire, Chris Bowe, avait pris le temps durant les semaines précédentes la séance de construire un auditoire en présentant le livre aux clients qui étaient les plus susceptibles de l’apprécier. Il s’était renseigné sur l’auteur et avait même préparé sa boisson préférée.  « J’ai compris que les librairies sont immensément plus importants que moi. J’ai compris que mes contributions ne sont pas grand-chose comparées au travail de titan qu’ils accomplissent  quotidiennement. Chaque livre est mon ‘bébé’, bien sûr, mais ce sont eux qui lui repassent ses vêtements et le coiffent, et lui donnent une bonne tape sur les fesses avant de l’envoyer dans le monde. Les libraires comme Chris Bowe forment le grand cœur qui bat dans de la littérature américaine contemporaine, et, sans eux, tout ce que je fais n’a que très peu d’intérêt » (p. 67).

Un exercice intéressant qui plaira aux lecteurs qui connaissent déjà certains des auteurs dont les textes se retrouvent dans le livre.

Extraits :

Ian Frazier : « Lire un livre, c’est le posséder physiquement, le tenir à la main, par exemple. À un moment, vous devez être vu en public avec lui, comme s’il s’agissait d’un ami dont vous êtes fier ou d’une cicatrice que vous n’avez pas honte d’afficher » (p. 107).

Peter Geye : « Et, si ma femme est parfois consternée par la quantité de ces volumes, comme ça lui arrive, je lui rappelle que ça pourrait être pire. Au lieu de collectionner des livres et de passer l’essentiel de mon temps libre à les lire, lui dis-je, je pourrais acheter des motos ou des animaux exotiques. C’est généralement une justification suffisante, mais je suis heureux d’ajouter que ce sont ces mêmes livres qui ont contribués à faire de moi l’homme que je suis. Et, une fois sur deux, cet homme-là lui plaît » (p. 121).


Collectif
LA LIBRAIRIE DE LA POMME VERTE
ET AUTRES LIEUX MERVEILLEUX
Les arènes, Paris, 2013, 267 pages.