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En italie il n'y a que des vrais hommes

Publié le 29 décembre 2013 par Lorraine De Chezlo
EN ITALIE IL N'Y A QUE DES VRAIS HOMMESde Santis et Colaone
Bande dessinée - 175 pages
Editions Dargaud - janvier 2010
En 1987, deux journalistes se lancent dans un reportage autour de la vie d'Antonio Angelicola. Ce vieil homme, il y a 70 ans, a fait partie des exilés de l'île de San Domino, archipel des Tremiti. Si Mussolini affirmait qu' "en Italie, il n'y a que des vrais hommes", sous entendu que des machos fortement hétérosexuels, les homosexuels du pays devaient disparaître de la société, c'est pourquoi ils furent forcés à l'exil "politique". Sur cette île, un microcosme gay se forma, une sorte de nouvelle famille, avec ses jalouseries, ses conflits, ses joies et ses tendresses aussi. Une vie précaire éloignée de leurs familles, un exil douloureux dont on se remet difficilement, même quand sonne l'heure du retour.
A lire le titre et le résumé, j'ai repenser au roman "Interdit à toute femme et à toute femelle" de Christophe Ono-dit-Biot. Encore une île sur laquelle les femmes étaient exclues. Décidément les îles méditerranéennes ont eu de bien sordides usages... Un graphisme assez franc (mais assez peu élégant), par le trait épais et la seule couleur sépia, soutient un récit qui se révèle très affirmatif. L'histoire de cet homme qui accepte de témoigner d'un passé douloureux, blessant, totalitaire, est poignante d'autant qu'elle a longtemps été passée sous silence.EN ITALIE IL N'Y A QUE DES VRAIS HOMMESLes auteurs sont parvenus à faire ressentir au lecteur la stupéfaction face aux arrestations arbitraires à peine motivée, l'humour à certains moment de la vie de ce groupe qui s'accorde quelques loisirs, l'absurdité de leur réclusion face à l'île d'Isola où étaient les prisonniers politiques, leur rendant parfois visite, la tristesse face aux jeunes années gâchées pour ces hommes vaillants, l'amertume face à l'impunité et à la douleur des familles montrées du doigts et privées de leurs fils.L'album est très agréable à lire, au-delà de son attrait historique, le récit croisé conjugué au présent avec l'interview des journalistes et au passé avec le récit imagé d'Antonio, est très clairement rendu.
Un album vraiment réussi à recommander. Une fenêtre ouverte sur une nouvelle absurdité méconnue de l'époque du fascisme italien et la ségrégation homosexuelle dans l'Histoire européenne.
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