Se promener avec des amis, aux confins de la Meurthe et Moselle, des Vosges et de la Meuse par une belle journée d'été

Publié le 29 décembre 2013 par Mamlea
Quand on vient de Toul et qu'on se dirige vers le sud, une fois franchi l'Arroffe, on ne se sent plus dans le Toulois. C'est un je ne sais quoi, qui fleure déjà bon la Meuse et les Vosges toutes proches. Sur l'autre flanc de la vallée, le charmant village de Saulxures-les-Vannes où nous sommes attendus se cramponne au flanc de la côte exposée plein est. Je n'y étais pas encore monté plus haut que l'église.
La maison où nous sommes attendus a gardé un charme intemporel, celui encore intact des maisons de nos aïeules. La grand-mère de mon amie y mit au monde son premier enfant en plein hiver, tout juste après la première guerre. Son fiancé mort au combat, elle en avait épousé le frère. Il est clair que les gens ont ici l'amour du passé. Les photos de famille, images de la grand-mère et du grand-père à côté de celui du défunt en uniforme, immortalisés dans une jeunesse éternelle ainsi que la collection de chapeaux où celui de ma "Tante Jeanne" ne ferait pas plus mauvaise figure que le képi bleu horizon de mon Pépé, ont un parfum délicat d'autrefois.
L'après-midi commence paisiblement en bavardages dans le jardin où un fouillis organisé met côte à côte des arbres fruitiers, un noyer, des framboisiers, une treille... avec toutes sortes de fleurs. Nous profitons d'une ombre agréable. Les fauteuils en rotin dans lesquels nous sommes installés réveillent avec nostalgie le souvenir de celui qu'affectionnait ma propre grand-mère.
Le choix de la promenade se fait en tenant compte du soleil qui tape dur en ce bel été. Nous voici, mon amie et moi, munie chacune d'un chapeau de paille rétro facétieux qui refuse de tenir sur nos tête, s'envolant avec le vent.
Les hommes sont devant, et comme mon amie ne sait pas marcher et parler en même temps, ils doivent s'arrêter de temps à autre pour nous attendre. Ayant tant de choses à nous dire, les stations sont plus nombreuses que celles d'un chemin de croix.
La route longe d'abord des vergers auxquels feront bientôt place des prés en cours de fenaisons, de rares champs encore verts, la dernière vigne du pays. Puis à la route succède un chemin. Une croix arborant une tête de mort affiche une piété d'un autre siècle. Au passage, nous contemplons le jardin de Daniel, son petit rucher dissimulé des regards curieux par quelques arbustes touffus au pied desquels une orchidée de belle taille mérite l'admiration de Lupa et celle de mon objectif !
Nous voici au milieu de prés pentus où la progression, sur une glaise desséchée où se sont fossilisées les empreintes profondes des sabots d'un troupeau de vaches, est particulièrement malaisée. Je n'ose imaginer ce qu'il en serait s'il avait plu. Un repère géodésique côté 378, est planté au beau milieu du pré, sans autre motif apparent que le hasard de la toise d'un géomètre fatigué qui aurait décidé de faire sa mesure à cet endroit précis, plutôt qu'à un autre plus stratégique, au sommet du Mont, par exemple, culminant juste au-dessus de nous à 427 mètres ! Effectivement, le paysage magnifique offre une vue panoramique sur la plaine et sa beauté peut à elle seule justifier le choix du topographe. Plus loin, à l'ombre, en lisère de forêt, quelques génisses, nous regardent approcher, surveillées par un énorme taureau brun. Par prudence, nous franchissons la clôture et arrivons au village voisin par les bois. Le sentier se fait chemin quand à la forêt succèdent des vergers, puis des jardins. Mont-l’Étroit, exposé plein sud, baigne dans une lumière éclatante. Tout en haut du village, sa jolie petite église au clocher trapu surveille les vieilles tombes d'un paisible cimetière, telle une poule au milieu de ses poussins. Mais pas de coq au sommet du clocher pour ma collection ! À la place, une modeste et rudimentaire croix de fer. Nous descendons la rue, admirant au passage un calvaire orné d'une tête de mort, ressemblant à celui de Saulxures comme un frère. Un ancien lavoir, des maisons paysannes au style préservé, un moulin à huile désaffecté, utilisé pour entreposer des ustensiles et des bidons d'une huile peu appétissante destinés à la mécanique agricole, retiennent notre attention et motivent les explications de nos amis.
Nous sommes attendus à la sortie du village. Le retour, moins champêtre, se fait en voiture, en traversant la forêt qui couvre le plateau. Nous terminons notre balade amicale et nos conversations dans le jardin sur laquelle la colline à déployé son ombre rafraichissante, sous le l'œil indifférent du chat Guimauve qui teste le confort des fauteuils. Saulxures-les-Vannes :



CET CROIX A ESTE POSEE PAR
JOSEPH SIMONIN A LHONNEUR
ET GLOIRE DE NRE SEIGNEUR ET
A L ATTENTION DANNE MONTIGNON
SON ESPOUSE QUI A DECEDE
PAR APOPLEXIE EN CE LIEU LE
DIX AVRIL 1740 PRIE DIEU
POUR EUX 9 M EL CHOC
1741




Mont-l’Étroit :





Guimauve :
(Juillet 2013)