Livre d’Olivier Lajous, L’Harmattan, 2013. Une série de
conférences, faites par l’amiral Lajous, sur l’art de diriger.
Lorsque je lis, je souligne rageusement, je prends des
quantités de notes. Ça n’a pas été le cas cette fois-ci. Le problème qui s’est
posé à moi, et dont je n’ai pas pu me débarrasser, était celui de la
légitimité, de l’autorité. Un des thèmes du livre, d’ailleurs.
Car ce livre semble destiné à l’entreprise, peut-être même à
la société. Pourquoi devrais-je écouter l’amiral Lajous ?, me suis-je
demandé. Le prestige de l’armée ? Depuis Napoléon, ses victoires ont été
coloniales, comme François Hollande nous le rappelle aujourd’hui. Quant à la
marine, il n’y a même plus de Napoléon qui tienne. C’est Trafalgar. La réussite
personnelle de l’amiral ? Mais qu’est-ce qu’une marine en temps de paix,
sinon une bureaucratie ? J’assistais à une conférence dont il était
invité. Il nous a parlé d’un de ses faits d’arme. Son navire a été élu « poubelle
d’or » par l’escadre de l’OTAN, qui soutenait la guerre en Afghanistan. Le
père d’un ami, un sous-officier, a été le seul survivant d’une escarmouche
durant la guerre d’Algérie. Il en est sorti indemne mais son treillis était
percé de partout. N’aurait-on pas plus envie d’entendre cet homme, qui n'a jamais songé à parler de ses prouesses, qu’une
poubelle d’or ? Là où cela se gâte réellement, c’est lorsque l’amiral
parle de l’entreprise. Il a, au moins,
une guerre de retard. Et ce aussi bien dans la théorie, que dans la pratique.
L’intérêt du livre ? C’est de parler de ce qu’il connaît,
la marine. Ce qui arrive rarement. On y découvre qu’elle est aux petits soins pour ses membres. C’est
une pouponnière. Qu’il est loin le temps de la conscription ! On apprend
aussi qu’elle fait la guerre sans haine. Avec amour, probablement. Et que ses
chefs sont des penseurs. De charmants idéalistes nourris de théories désuètes.