Frances Ha - Bande annonce VOST - YouTube »
J’ai enfin vu Frances Ha.
(Je ne regarde plus aucun film et je sais à peine qui est Ryan Gosling, c’est une catastrophe)
Celui-ci pourtant me faisait très envie : j’ai vu tous les film de Noah Baumbach, même Margot at the wedding, et je les ai tous adorés, et j’avais particulièrement apprécié l’actrice star de Frances Ha dans le film précédent de Baumbach, Greenberg, j’ai nommé Greta Gerwig.
Commençons par ce qui m’a quand même un peu fâchée. Les trente premières minutes du film. L’amitié exhibée (et qui est peut-être le cœur de l’histoire) entre Frances et Sophie, dans un New-York en noir et blanc, montrée à la manière d’une compilation des épisodes de Girls (la série excellentissime de Lena Dunham) m’a vraiment irritée. Parce que ça ne fonctionne pas tes bien je trouve, ça fait forcé, hystérique, forcément foufou, décalé, arty. Les références à Woody Allen, Truffaut ou Leos Carax m’ont probablement moins dérangée (car elles sont du domaine de l’hommage) que cette demi-heure à la Girls, car elle ressemble plus à un plagiat raté (Girls est plus drôle, plus sombre, plus méchant, plus juste). Bref, au bout d’un moment, j’étais plutôt crispée sur mon canapé.
Puis, ça a décollé. Au moment même pourrais-je dire où certains critiques se sont irrités : lorsque Frances se met vraiment à décoller elle-même, dans la fameuse scène hommage à Mauvais Sang où elle court sur Modern Love de Bowie, comme Denis Lavant il y a déjà si longtemps. L’émotion d’alors s’est greffée sur le film et a fonctionné comme quand on retrouve un vieil ami ; on ne sait plus trop si on est content à cause du passé partagé ou à cause de la personne actuelle qu’on a devant soi. Peu importe, ça a débloqué quelque chose dans ma vision du film. Et je me suis mise à aimer Frances, sa démesure, sa générosité, son agitation, son courage, sa totale inadéquation avec le monde adulte. Elle ne rentre pas dans les cadres. Elle déborde, comme le suggèrera la scène finale du film. C’est évidemment dû au jeu assez unique de Greta Gerwig, son visage à la fois mobile et assez impassible face aux tonnes d’emmerdements qui lui tombent sur la figure. Son sens du comique. J’ai éprouvé de la compassion pour la rude vie qu’elle doit mener un temps, sur le plan financier, social et identitaire. Qui être ? Où habiter ? Que faire dans la vie (gagner sa croûte, s’accrocher à ses ambitions) ? Comment quitter une adolescence qui n’en finit pas ? Elle répondra à plusieurs de ces questions (le happy end professionnel est, à mon sens, une facilité du scénario d’ailleurs). Mais ce qui est intéressant, c’est qu’elle devienne qui elle est, et que quelque chose de crucial en elle s’articule autour de son amitié inconditionnelle pour Sophie, sans avoir recours à la quête d’un homme. C’est la vraie originalité du film. La “fin” de ses tribulations ne trouve pas sa résolution dans le fait de trouver l’amour, ni même un amoureux, et c’est assez rare dans ce genre de film (de formation pourrait-on dire). On ne sait pas trop ce qui va se passer pour elle sur ce plan là, et c’est assez plaisant aussi. D’abord se trouver soi. Et pour Frances, c’est ne pas renoncer à cette amitié extrême avec Sophie. Continuer d’être extrême, hors-norme, hors cadre. Finalement, pour une comédie censée être branchée, le message reste naïf et touchant. Comme Frances. Ça me va. Et, finalement, le personnage actuel rencontré dans ce film me plait suffisamment, sa séduction ne tient pas seulement aux souvenirs qu’elle éveille. Comme une vraie amie, quoi.
- #Cinéma
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