Ça y est ! Les chiffres du chômage sont sortis et Ô désespoir, ils ne sont pas à la hauteur de ce qu’attendait notre Président qui voulait forcer la courbe du chômage à s’inverser. Pendant ce temps de l’autre côté de la Manche, la croissance anglaise était de 0,8% au troisième trimestre et le chômage à son niveau le plus bas depuis près de 5 ans. Comment expliquer une telle différence ?
La méthode anglaise : une véritable recette de cuisine
Ce serait faux de dire que les anglais n’ont fait que couper les dépenses, ceux-ci ont su jouer de la politique monétaire, budgétaire, fiscale avec une grande adresse. Dans une optique de relance, la rigueur budgétaire est un frein, si l’Etat injecte peu d’argent dans l’économie celle-ci ne s’emballe pas. Mais pour contrer la baisse d’activité suite à la rigueur, les anglais ont pratiqué une politique monétaire avantageuse. En baissant les taux d’intérêt et en rendant l’accès au crédit plus simple, nos voisins ont favorisé l’investissement et la consommation, moteurs principaux de la croissance. Cela a notamment bénéficié à l’immobilier qui est un secteur clé de la croissance. Enfin, de part une politique fiscale avantageuse, une baisse des charges pour l’emploi des jeunes et la création d’une banque pour soutenir les PME, l’offre a été grandement favorisée ce qui semble avoir permis la relance de l’économie.
Mais d’autres facteurs peuvent expliquer la reprise
Si l’on regarde plus précisément l’historique de la crise britannique et qu’on la compare avec le reste de l’Europe, on se rend compte qu’elle a été bien plus marqué, et la chute du PIB a été bien plus importante. Il est donc normal que la reprise le soit aussi. On peut donc dire que la politique menée par la Grande Bretagne n’a fait que l’enfoncer encore plus dans la crise. De plus, l’austérité n’a pas vraiment porté ses fruits puisque le déficit public est passé de 2.8 à 6.3 entre 2007 et 2013. On peut donc se demander quel a été l’intérêt de se plonger dans une crise si profonde si cela ne permet même pas d’en sortir plus sain… La reprise date de la fin de la rigueur, et le Nobel Paul Krugman explique la reprise par l’histoire de l’imbécile qui se tape la tête contre un mur. En effet quand on arrête c’est agréable. C’est un peu ce qu’a fait l’Angleterre en menant une politique très dure pour peu de chose en définitive.
Et le chômage alors ?
7,4% de chômage ce n’est pas rien me direz-vous. C’est en effet un chiffre qui nous fait rêver, nous français. Mais tout d’abord, il faut savoir que le chômage est historiquement plus élevé en France qu’outre-manche car la flexibilité du travail, les conditions de travail, ne sont pas les même dans les deux pays. D’autre part, ce chiffre s’explique aussi par une baisse de la productivité en Angleterre. Ainsi, lorsque la crise est survenue, cette baisse de productivité a quelque peu compensé la baisse de l’activité. Il y a donc eu moins de licenciement. Et maintenant que l’activité reprend, ce manque de productivité joue en faveur de l’emploi… Mais pas forcément en faveur de l’économie, et cela pour plusieurs raisons : peu de productivité veut dire peu d’attractivité internationale et des salaires qui ne progressent pas ce qui impliquera à plus long terme une baisse de l’activité.
La croissance britannique jouit donc pour l’instant d’un concours de circonstance assez fortuit. Mais la chance est à double tranchant et s’ils ne trouvent pas rapidement la bonne recette pour lancer leur économie sur une croissance durable, les Roastbeef pourraient bien passer à la casserole.