«Les exportations hors hydrocarbures ont besoin de mesures à différents niveaux, qui intéressent tous les acteurs liés à l’exportation, notamment de la Banque d’Algérie et le
Conseil national de la monnaie et du crédit», a estimé le président de l’Association des exportateurs algériens (Anexal), Ali Nasri Bey.
Intervenant jeudi, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, M. Nasri a précisé qu’en dépit de nombreux mécanismes de soutien mis en œuvre
depuis les années 1990, les exportations hors hydrocarbures n’excèdent toujours pas les 3%.
Il dit que rien qu’à l’issue de la tripartite de septembre 2011, «pas moins de 60 mesures avaient été arrêtées». Mais sur le terrain, seulement neuf (09) de ces mesures ont été réellement traduites, dont la plus remarquable est l’allongement du délai de rapatriement des devises qui passe de 120 à 180 jours. «Ces autres mesures restent insuffisantes», souligne-t-il, avant d’ajouter : « Nous avons besoin de mesures à différents niveaux, notamment au niveau du Conseil de la monnaie et du crédit qui constitue un handicap parce que la réglementation du commerce extérieur en matière de contrôle de change reste très timide.» Il cite, à titre d’exemple, «l’instruction 2002/01 concernant
l’investissement et la création de comptoir à l’étranger n’est toujours pas permise».
«L’exportateur a besoin d’un soutien et d’un accompagnement d’abord dans les instruments bancaires. Par exemple, il n’y pas de bonification dans les lignes de
crédits au profit des exportateurs. On cite aussi l’affacturage qui représente un moyen de vendre sa créance au niveau des banques n’existe pas… ».
Pourquoi les opérateurs économiques privilégient-ils uniquement le marché intérieur pour faire écouler leurs produits et ne prévoient pas les marchés extérieurs
dans leurs plans de charge ? à cette question, l’invité répond que c’est lié à la logique du profit.
Ceci sans toutefois manquer de relever la volonté de certains opérateurs de s’orienter vers l’export et oser des marchés extérieurs. Il cite l’exemple des
produits électroménagers, une filière qui se porte bien et «qui commence à faire de l’export». Idem pour les produits céramiques et l’industrie agro-alimentaire, «il existe une volonté des
industriels, mais en l’absence d’une stratégie nationale, cela ne suffit pas», a-t-il déploré.
L’invité de la radio déplore qu’en dépit du potentiel dont jouit le pays, le placement des produits algériens dans des marchés extérieurs, européens notamment,
reste timoré.
Quelle serait alors la stratégie étatique à adopter et quels sont les modèles dont l’Algérie pourrait s’inspirer ?
Le président de l’Anexal évoque le modèle turc : «Ils exportaient pour quelque 33 milliards de dollars dans les années 1980, ils sont à près de 140 milliards de
dollars aujourd’hui.»
Il explique cette performance, entre autres, par la vingtaine de zones franches dont disposent les exportateurs turcs. «Ils jouissent d’aides massives et
surtout de la confiance. Alors que les nôtres restent sous la menace de l’ordonnance 96/22 et la 5/10 qui les menace de prison et d’amendes parce que leur activité est considérée comme fuite
des capitaux.»
Pour l’installation du Conseil national consultatif de la promotion de l’exportation
Selon le représentant des exportateurs algériens, la raison principale du niveau marginal, voire insignifiant des exportations hors hydrocarbures dans
l’économie nationale est l’absence d’une stratégie et d’une vision d’intégration dans les espaces économiques naturels, dans les accords d’association signés, mais surtout la non-installation
du Conseil national consultatif de la promotion de l’exportation, qui devait être installé en octobre 2004. À ce propos, M. Nasri Bey a plaidé pour «l’installation de ce conseil, qui
permettrait de lever les écueils et de prendre les mesures de facilitation nécessaires». Tout n’est pourtant pas si sombre que cela pour l’invité de la radio qui constate toutefois une plus
grande écoute et une volonté renouvelée de la part de l’actuel Premier ministre. «Cela nous réjouit, en attendant que les choses se concrétisent sur le terrain», a-t-il prévenu. Dans les
années 1990, l’État a créé trois organismes de soutien à l’export. Il s’agit du Fonds de soutien à la promotion des exportations, la CAGEX (Compagnie algérienne d’assurance et de garantie des
exportations) et de Promex, l’actuelle Algex (Agence nationale des exportations). Le FSPE est le seul outil d’aide à hauteur de 25% du fret pour l’exportateur. Mais le vrai besoin des
exportateurs se situe au niveau des «instruments bancaires».
Salima Ettouahria
APS