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Dans une interview accordée au Parisien, le Ministre de l’Intérieur Manuel Valls explique qu'une nouvelle limite, extrêmement grave, a été franchie !
Mais de quoi parle-t-il ? Un seuil de chômage intolérable ? Un nouveau portique incendié par les bonnets rouges ? Non, Manuel évoque un franchissement de Dieudonné, l’humoriste sulfureux qui a construit son fonds de commerce sur de grosses blagues antijuives.
Dernièrement le railleur antisémite s’en est pris à Patrick Cohen, le journaliste de France Inter,
Ce journaliste de France Inter est une des cibles favorites du polémiste depuis que M. Cohen a demandé en mars à Frédéric Taddeï, sur le plateau de « C àvous», s'il continuerait à inviter « des personnalités telles que Tariq Ramadan, Dieudonné, Alain Soral, Marc-Edouard Nabe », « des gens que l'on n'entend pas ailleurs et (…) que les autres médias n'ont pas forcément envie d'entendre ».
Alors Dieudonné de lancer lors de son show « Tu vois, lui (parlant de Cohen), si le vent tourne, je ne suis pas sûr qu'il ait le temps defairesa valise Moi, tu vois, quand je l'entendsparler, j'me dis, tu vois, les chambres à gaz… Dommage. »
Et de déclencher des rires dans la salle !
On peut rire de toux (grasse ou sèche) mais peut-on rire de la Shoah sans l’adieu donné à mémoire des victimes de l’holocauste ?
Dieudonné aurait voulu être un grand acteur mais, très vite, aux sirènes de l’antisémitisme céda show. Pourquoi ce dérapage ? Est-il atteint du même syndrome qu’Hitler, ce peintre raté, devenu dictateur ?
On peut rire de tout tant qu’amont se garde des maux mis dans le défouloir sémantique. A défaut c’est l’aval qui rit ! Et d’un rire sournois, amplifié par une chambre d’écho qui ne maîtrise plus ses effets.
Dieudonné dérape de son rap peu sirupeux et entraîne avec lui quelques cervelles dérangées qui ne connaissent plus les limites intelligentes de l’humour. Il déclenche une mécanique qu’il ne sait plus dompter à l’image de ce professeur allemand, Rainer Wenger, incapable de canaliser les jeunes esprits au cours de son expérience (voir et revoir le film « La vague ») prétendant prouver qu’un régime autocratique ne pouvait plus trouver naissance en son pays.
Car le geste de la vague, signe de ralliement des protégés de Wenger, n’est pas si éloigné de celui de la quenelle, geste antisystème d’origine mais qui devient incontrôlé par son appellation à la notion de « non-Sion » !
La quenelle c’est un bras tendu vers le sol, l'autre replié en touchant la main, le coude ou l'épaule (en fonction de la taille de celle-ci). Elle a été utilisée politiquement: lors des élections européennes de 2009, sur l'affiche de la "liste antisioniste" conduite par Dieudonné. La quenelle est rouée et la querelle est nouée : l’antisystème devient antisioniste voire antisémite. On peut avec la quenelle embrocher ! Mais comment stopper les poussées de l’antisémitisme tout en respectant la liberté d’expression ? Comment arrêter Dieudonné sans le transformer en martyr de la censure ?
Ah quand Manuel valse avec les loups !