Titre : L'Enfer Blanc
Auteurs : Rubio (dessins) - Guiral (scénario)
Éditeur : Soleil
Année : 1991
Au fin fond de la région polaire, loin du monde des hommes et de ses lois, le pénitencier de Dawson est gouverné par la violence. Dans ce décor glacial, les cœurs sont gelés mais les esprits brûlants par les instincts primitifs. Tout se règle par le meurtre. Il n’est qu’une seule règle : se battre pour survivre à coup de trahisons et de corruption tout en priant pour que le sang sur la neige ne soit jamais le sien.
De cette violence exacerbée, Rubio a su donner toute la mesure par son dessin picturale, quasi rupestre, qui crie toute l’animalité des hommes qui ne le sont plus. Sa couleur crie l’action en même temps que la mort tandis que ses rouges-orangers jurent avec la neige comme pour rappeler le contraste entre la brûlante haleine du tueur et la froideur du cadavre. Chaque vignette se suit dans cette violence impitoyable tant pour les personnages qui perdent toute humanité et ne sont plus que les jouets d’un scénario cruel mais ô combien prenant que pour le lecteur qui ne saurait rester indifférent face à l’horreur. Pas d’effusion de sang, pas de blessures spectaculaires, c’est la perversion de l’Homme qui effraie quand il est prêt à toutes les trahisons, telle une simple affaire de vocation ; c’est son sang-froid pour arracher la vie à un être semblable de sang-chaud qui horrifie ; c’est le réalisme de cette psychologie poussée à l’extrême qui dégoutte. Comme si Guiral s’était souvenu chaque seconde des mots de Sartre dans Les Mains Sales : « Tu ne sais pas tuer, mais ce n’est pas une raison pour que tu ne saches pas mourir. ».
Soakette.