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"Locavore et Locaphile"

Par Mauss

Quelques réflexions suite à la lecture d'un article du Figaro du jour (page 33) intitulé "Portrait-robot de l'alcool de demain".

On évoque la création, hors organigramme officiel, par Pernod-Ricard, d'un électron libre de réflexion dénommé BIG.

Parmi les travaux confidentiels de ce "think-tank", des pistes de réflexion sur la tendance actuelle des consommateurs (et pas seulement les bobos) d'être informés sur l'origine des produits, sur qui fait quoi et si possible qui est derrière le produit. Bref, une traçabilité totale.

Dans le monde des alcools, vins compris, on évoque ainsi les petites distilleries artisanales, les brasseurs locaux qui se contentent d'alimenter leur région, leur ville. Petit et local : synonymes de qualité ?

Dans le même registre de réflexions hors normes, on se pose chez BIG la question de créer des produits répondant clairement aux désirs féminins, en prenant comme exemple la voiture, conçue initialement pour être un produit d'homme et devenue au fil des temps un produit où les souhaits féminins sont pris de plus en plus en compte.

On cite d'ailleurs ici ou là des études qui montrent que les vins en GD sont acquis très majoritairement par des femmes.

Que penser de ces pistes de travail ?

S'il est certain que la traçabilité claire et nette d'un produit et surtout quand elle est associée à un site de production régional (donc frais de transport, impact C02 et cie réduits) peut être un puissant vecteur de réussite économique, cela peut poser quand même quelques questions.

La première qui vient à l'esprit pour le monde du vin touche l'intérêt qu'un bordelais pourrait avoir pour un vin de Bourgogne, la curiosité d'un alsacien pour un sauvignon de Loire, etc.

C'est assez fascinant de constater le choc de ces deux évolutions actuelles : ce souci de consommer "local" et cet extraordinaire outil d'informations immédiates et mondiales que nous donne gratuitement le WEB. A un moment où l'amateur peut trouver facilement des informations, dans sa langue, sur un Trebbiano d'Abruzzo, devra t'il, pour suivre une tendance bobo à la mode, réserver ses achats de vin auprès des producteurs de sa région ?

Certes, l'image est facile et un brin jésuite : mais on voit où le conflit peut surgir. 

Tout cela pose de vastes questions : manger des fraises en hiver ? Quelle ineptie ! Mais, en même temps, c'est permettre à certains maraîchers d'ailleurs de s'assurer un revenu qu'ils ne trouveraient pas chez eux.

Peut-on craindre une rupture des modes de consommation du vin dans les années à venir ? Faut-il lancer d'autres think-tank sur le sujet ? La France et les amateurs de produits français (et idem pour l'Italie) sont imprégnés de la notion d'origine et des qualités qu'elle implique (ou devrait impliquer). 

A priori donc, ce n'est pas demain que l'amateur de belles bouteilles se contentera de faire son marché uniquement dans sa région de vie. Speriamo

Va savoir, Charles…

Bon week-end !


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