Séverin Wunderman, homme d’affaires et collectionneur américain d’origine belge, naît en 1938. Passionné par l’oeuvre protéiforme de Jean Cocteau, il réunit tout au long de sa vie une extraordinaire collection et fonde en 1985 un musée dédié au poète, à Irvine, en Californie.
Nourrissant le projet de faire revenir en France cette collection unique au monde, Séverin Wunderman tombe sous le charme de Menton, ville que Jean Cocteau avait choisi pour y créer son musée. En 2003, il rencontre Jean-Claude Guibal, Député-Maire de la ville, pour évoquer le projet de donation de sa collection. Le 27 juin 2005, l’acte de donation (1800 pièces, dont 990 oeuvres de Cocteau) est signé. La ville de Menton, soutenue par le Département des Alpes-Maritimes, la Région Provence-Alpes- Côte d’Azur et le Ministère de la Culture et de la Communication, s’engage à construire un nouveau musée pour accueillir la collection de Séverin Wunderman.
Un concours d’architecture est lancé en 2007, dont le projet de Rudy Ricciotti sort lauréat. La première pierre du nouveau musée est posée le 29 décembre 2008, lors d’une cérémonie à laquelle Séverin Wunderman n’assiste pas, disparu quelques mois auparavant.
Le nouveau musée est inauguré en novembre 2011 ; c'est la plus importante ressource publique mondiale de l’oeuvre du poète.
Le site n’est pas neutre. Il a vocation à engager un épaississement de la ville vers la mer, à s’inscrire comme un soubassement assurant l’assise du « tableau urbain » existant. Le bâtiment doit s’inscrire dans la trame urbaine, il doit engendrer une reconquête piétonne du quai de Monléon. Au lointain une écriture troublante des arcades, souvenir des vieilles cartes postales, sont aussi une mémoire de Menton cité balnéaire.
Le site doit préserver la surface libre de toute construction à l’altitude du piéton, au niveau de la rue et en lui donnant une fonction de parvis et de jardin, mettre en scène le front bâti 1900 et donner raison à la devise de Menton « ma ville est un jardin ». Il renoue avec l’époque architecturale originale et élégante de Menton où se côtoient les grands courants stylistiques 1900. Sa toiture est un tableau allégorique au graphisme lisible de jour et de nuit.
Le musée intrigue par ses transparences, attire par ce qu’il laisse entrevoir. En passant ses procédés sous silence, en se parant de formes méandreuses, l’architecture convoque l'univers insaisissable et complexe de Jean Cocteau. Ici règne en maître l’énigme sourde, propre au passage du monde des morts au monde des vivants si cher à l'artiste. Penser ce musée, c’était imaginer un principe architectural capable de porter le contraste entre lumière et obscurité et le sublimer par un jeu d’ombres. Le parti pris architectural, et surtout l’esthétique du noir et blanc traduisent la rêverie, le mystère et la complexité propres aux oeuvres de Jean Cocteau mais également à sa personnalité. Un musée comme miroir de l’artiste et de son oeuvre.
A voir un jour
D'après www.museecocteaumenton.fr
Bonnes fêtes de fin d'année à tous !