Ron Paul sur la jalousie sociale
Publié Par Ron Paul, le 28 décembre 2013 dans Sujets de sociétéLa jalousie sociale est une des forces motrices de la politique de redistribution alors que c’est, à raison, une pulsion condamnée par tous.
Par Ron Paul.
Un extrait du livre Liberty Defined, traduit par Thierry Falissard.
Je soulève la question dans notre contexte politique, car la jalousie sociale est une des forces motrices de la politique de redistribution des États-Unis ; ce sentiment et cette motivation s’étalent tous les jours dans les éditoriaux des journaux. C’est le motif secret qui anime les attaques incessantes contre les riches chaque jour à Washington, ville dont la population comprend quelques-unes des personnes les plus aisées de tout le pays. Le sentiment à l’œuvre derrière les attaques contre les riches (ceux qui le sont devenus honnêtement), le sentiment que ces attaques cherchent à susciter au sein de la population, c’est la jalousie sociale.
On l’appelle parfois le « monstre aux yeux verts »[1. Ce Green-Eyed Monster est une expression anglaise, issue probablement de l'Othello de Shakespeare : « Oh ! prenez garde, monseigneur, à la jalousie ! C'est le monstre aux yeux verts qui produit l'aliment dont il se nourrit ! » (acte III, scène 3).]. Beaucoup de traditions religieuses ont donné des charmes et des méthodes pour la conjurer. C’est parce que les envieux ne reculent devant rien pour atteindre leur but de nuire à ceux qui réussissent, même si ce faisant ils se nuisent à eux-mêmes. Les politiques motivées par la jalousie sociale, comme l’impôt sur le revenu à taux progressif ou l’impôt sur les successions, ne bénéficient pas à la société. Ils recueillent sans doute moins de fonds qu’avec une taxation qui serait faible et favorable à la production globale. Mais de telles politiques ne ratent pas leur but, qui est de nuire à ceux qui sont riches et qui ont du succès.
La pratique privée de la jalousie sociale a des conséquences dangereuses pour la société. Les gens ont peur de conduire une belle voiture ou de vivre dans une belle maison, parce que de tels comportements peuvent susciter des représailles. Il en est de même pour la politique mise en œuvre par l’État. Des politiques qui reposent sur la jalousie sociale découragent l’accumulation de richesses, punissent le succès, et conduisent les gens à se détourner de grandes ambitions. Les personnes qui auraient pu chercher à devenir riches y réfléchissent à deux fois, sachant très bien que la force de la loi les guette pour écraser leur succès.
La haine est toujours nocive pour l’âme, mais haïr une personne ou une catégorie de personnes parce qu’elles ont bien réussi est encore plus nocif. Et c’est précisément la finalité des politiques destinées uniquement à punir les gens qui gagnent de l’argent ou qui ont un niveau de vie élevé. Il en est ainsi depuis très longtemps. Cela me frappe comme une forme d’immoralité institutionnalisée. Dans des conditions idéales, notre législation devrait nous conduire à donner le meilleur de nous-mêmes, en faisant toujours appel aux plus hautes motivations de notre nature. Tandis que des politiques qui nuisent aux gens uniquement parce que ce sont des gagnants font appel à nos plus bas instincts.
Il est assez difficile pour les gens d’être confrontés au succès, surtout dans un contexte de marché où la rentabilité découle de qualités supérieures comme l’anticipation, la prudence ou le bon sens. Nous devrions apprendre à fêter le succès ou, comme le disaient les philosophes antiques, apprendre à nous inspirer du succès d’autrui. Nous devrions essayer de copier le succès, pas de le punir. C’est la façon de faire américaine, et c’est l’une des principales raisons de la richesse et du succès des citoyens de ce pays.
Il en est de même en politique internationale. Nous n’avons pas à être le numéro un ni à considérer chaque pays qui réussit (pensez à la Chine) comme une menace avec laquelle il faudrait se colleter bec et ongles. Dans une véritable économie de marché, le gain ne s’effectue aux dépens de personne. Nous pouvons gagner tous ensemble, à condition de garder à distance le monstre aux yeux verts.
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