La maladie du twitt

Une réaction de benjamin à la publication de "Retour de bâton"

Tout d’abord, l’emploi des prétendus  "réseaux sociaux"  (rien de moins social, de moins convivial) tels que twitter, Facebook, etc. (pour ma part, mes deux comptes ne servent qu’à populariser les sorties de mes articles, sans commentaires, et, très rarement, d’autres productions). Certainement pas à propager une humeur, un sentiment, une "opinion", qui plus est en 140 signes.

Twitter, ça rend profondément con. Con et compulsif. Une idée? 140 signes vite tapés, fautes de syntaxes ou d’orthographe incluses, risques de dérapages grotesques ou consternants comme celui de cette conne qui rigolait sur le danger qu’elle avait de choper le Sida en Afrique du Sud (où elle se rendait pour la cérémonie en l’honneur de Mandela)… danger minoré selon elle  "parce qu’elle était blanche". Onze heures d’avion pendant lesquelles elle était coupée du monde, et à son arrivée, effarement devant les milliers de protestations, parce que les  "gazouillis" se dupliquent encore plus vite que des virus. Chargée de communication (si! si!)  d'une grande entreprise, sa carrière est évidemment fichue. Est-ce que si elle avait rédigé un article, même bref, avec un stylo ou un clavier, elle se serait laissé aller à cette ânerie?

On rappellera le traitre Besson, pourtant chargé de l’économie numérique pendant plus d’un an, qui confondait message privé et message public et qui avait incité ses milliers de ‘followers’ à coucher avec lui le soir bien qu’il soit "épuisé"?

Ou Raffarin qui, toujours en public, sur son compte twitter, remercia chaleureusement et publiquement des journalistes "amis" de leur soutien? (ça se voyait, qu’ils étaient partiaux, bien que l’UMP clamait au quotidien que leur cador était lynché, mais l’ânerie du poitevin a officialisé la chose…).
Passons sur la marâtre de l’Elysée qui – et en dehors de la chose politique, c’est immonde – a insulté et humilié la mère des quatre enfants de son conjoint devant le monde entier… Est-ce que dans une chronique de son journal, elle se serait laissé aller à ça?

Et que dire de ces pékins moyens qui, sur Facebook, ont des centaines "d’amis" (si ce sont des personnalités ça monte à des dizaines de milliers!). Est ce qu’on peut réfléchir à ce qu’est un "ami"? Est ce qu’on "likerait" un grand discours de de Gaulle ou de Mitterrand avant de le "deliker" en un quart de seconde?

Imagine-t-on, même si l’outil avait existé, de Gaulle, Pompidou, Mitterrand, Chirac, "twitter"? Giscard, sans doute oui, tant il aimait les gadgets superficiels. Mais justement, malgré une débauche de moyens pour sa réélection, il fut sèchement licencié.

Je suis convaincu pour ma part qu’un chef de l’Etat ne devrait pas avoir de téléphone sur lui (même si son aide de camp, joignable à tout moment, ferait le filtre et ne laisserait passer que l’essentiel) de manière que délivré de l’instantanéité, il ait le temps de réfléchir et  se projeter à moyen et long terme, laissant le gouvernement et ses ministres… gouverner.
Et je rêve d’un gouvernement où chacun ne l’ouvrirait en public qu’à propos des domaines qui le concernent, réservant les débats internes aux conseils et comités interministériels.

Cerise sur le gâteau, que dans leurs domaines, ils ne l’ouvrent que pour dire quelque chose : entendre un ministre de l’économie prendre la parole pour prévoir "une croissance  trimestrielle de 0,1% et pas une croissance nulle" (en foi de quoi elle fut de 0,5%) alors que jamais au grand jamais on n’a prévu cette croissance sans une erreur de deux ou trois décimales, c’est tout simplement grotesque. Mais le ministre a occupé l’espace médiatique…

Cela vaut également pour l’opposition quelle qu’elle soit, qui semble considérer toute catastrophe comme un bonheur inespéré. Il fallait, ou il faut voir les ricanements obscènes de Duflot au moment de Fukushima, les gloussements de Morano quand le chômage augmente, le triomphe de Copé si un marché international est perdu…

On ne demande évidemment pas à l’opposition de ne pas s’opposer, mais de cesser de se réjouir du malheur non pas du pouvoir (il n’est en rien malheureux!) mais des Français, et de proposer des contre mesures précises (pas "on va diminuer la dépense de cent milliards"… pourquoi cent et pas deux cents, tant qu’on y est? mais en disant sur quoi, précisément on fera des économies – exemple parmi d’autres: un discours structuré en lieu et place de slogans)

Les journalistes maintenant… Quand respecteront-ils leur fonction en s’abstenant par exemple (c’est à peu près unique en France) d’interroger le Président, au cours d’une solennelle visite d’Etat à l’étranger, sur la politique politicienne hexagonale en face de son alter égo? (Notez que si ce Président avait des c…, il refuserait de répondre: j’en ai entendu un, dans les années 80, interrogé sur une petite phrase de son premier ministre qui semait le trouble dans le microcosme, qui a répondu par…  "comment trouvez vous Morne Rouge?" … commune de Guadeloupe qu’il visitait à ce moment. Et Chirac, en pays amérindien guyanais, a claqué le bec d’un journaliste qui prétendait l’interroger sur la cohabitation avec Jospin. Je le sais, j’y étais)

Pour les visites des Présidents aux communautés religieuses… Pourquoi pas? La République connaît les cultes, si elle ne les reconnaît pas et il est moins choquant de les rencontrer une fois par an que de décréter que "le curé, le pasteur ou le rabbin seront toujours supérieurs à l’instituteur" tout en glapissant "laïcité! laïcité! laïcité!" en sautant comme un cabri quand ça arrange (la droite qui défend la laïcité, c’est comme Mesrine chef de l’antigang: il n’est que de voir son histoire!)

Simplement, et MonGénéral avait posé les bornes non pas avec le CRIF mais (à l’époque) le Consistoire, en coupant la parole de ses représentants: "pour m’entretenir des Juifs de France, ma porte vous sera toujours ouverte; si je veux communiquer avec Israël, je convoque son ambassadeur ou je lui accorde l’audience qu’il me sollicite!"

BENJAMIN