Oui, l'année s'étire, se finit, je tourne les pages de ma vie. Jeune fille devenue bachelière, devenue étudiante, trop jeune, je ne sais pas. Mais trop vite responsable de mes choix, un peu perdue, la première semaine dans mon studio, dans une ville quasi inconnue, pour mon école de commerce, je passais de mon cocon familial, de mes habitudes faciles avec un repas servi chaud chaque soir, les lessives et le repassage, tout le confort disparu. Soudainement je devais faire mes courses, cuisiner, attendre à la lavomatique, surveiller mon budget et gérer mes transports, sans papa pour me dépanner. Et en plus les devoirs, les cours, les horaires, les dossiers en groupe.
Ce fût si brutal de devenir une réelle adulte, pas une ado rebelle avec le confort, mais une jeune adulte fatiguée, consciente et un peu paumée dans tout cela. Mais mes parents m'appelaient et puis petit à petit, j'ai partagé des soirées avec des nouvelles amies, avec des associations d'étudiants, une nouvelle routine, des soirées pasta-party, des choses simples.
Tout cela semble hier, juste l'année dernière, depuis j'ai pris mes repères, revenant chaque trimestre à la maison, dans un train bondé, des rêves et des devoirs mélangés, des retrouvailles superbes. pas de copain, enfin plus de petit ami, mais tout changeait, la vie devenait celle de mes choix personnels, même si je prenais en compte tout le soutien de mes parents. Téléphone, internet, et petites enveloppes furent des instants parfois magiques, parfois larmoyants, mais toujours avec la même énergie.
Aujourd'hui je reprends le train, ce wagon de tgv si habituel, mais avec le petit goût amer de l'après-Noël. Même si j'ai un réveillon entre copains et copines en prévision, j'aime tant ces instants si mignons de Noël en famille. Les grands-parents, pas si vieux, d'autres trop vieux, mais si présents, les oncles, les tantes, les cousines et quelques jeunes cousins nés de re-mariage. On s'amuse, on se voit grandir, on partage tant d'amour et de liens.
Nostalgique, je fais un signe à ma mère, je vois mon père qui verse discrètement une larme. Je les aime, ils me manquent, et pourtant j'adore mes études, j'adore cet avenir rayonnant.
Les rails défilent, la nuit avec, un bouquin, des souvenirs, des paquets, des chocolats, je suis heureuse d'avoir en moi ces émotions. Jeune femme, étudiante, sous les lumières, au loin, dans le wagon, des chants de Noël.
Nylonement